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Alerte aux criquets pèlerins : L’Afrique de l’Ouest pourrait connaître une crise acridienne
Publié le jeudi 16 avril 2020  |  Le challenger
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Selon les chercheurs de divers horizons, il y a une faible probabilité pour que les criquets pèlerins qui dévastent les cultures en Afrique de l’Est depuis plusieurs semaines maintenant atteignent les pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale.
Keith Cressman, expert principal de la FAO sur le criquet pèlerin, est même plus catégorique en ce qui concerne l’Afrique centrale qui, dit-il, « n’est pas menacée ».

Interviewé par SciDev.Net, il voit en revanche une hypothèse dans laquelle ces insectes ravageurs peuvent se retrouver en Afrique de l’Ouest.

« Ce pourrait être au début de l’été si les criquets se déplaçaient en direction du nord, à partir du Kenya vers le Soudan, puis en direction de l’ouest. Comme ce serait avant les pluies, les criquets traverseraient très probablement l’ouest du Soudan et finiraient par atteindre la Mauritanie à temps pour le début des pluies d’été ».

“Nous espérons que les moyens vont être mis en œuvre pour qu’on puisse barrer la voie à cette crise acridienne dans les meilleurs délais possibles, c’est-à-dire entre avril et mai”, Idrissa Maiga, entomologiste, centre régional Agrhymet

Sur place en Afrique de l’Ouest, on suit la situation de près à partir du centre régional Agrhymet basé à Niamey au Niger. Une institution dont la mission est d’informer et de former sur la sécurité alimentaire, la lutte contre la désertification et la maîtrise de l’eau dans ses 13 pays membres. Idrissa Maiga, entomologiste spécialiste du criquet dans cette organisation, partage l’hypothèse émise par la FAO. « La situation qui prévaut actuellement en Afrique de l’Est, si on n’y prend pas garde jusqu’à la prochaine saison des pluies, il est fort probable que nous recevions des essaims ou des portions d’essaims qui n’ont pas pu être contrôlés en provenance de l’Afrique de l’Est », soutient-il. Au Niger, cette question retient particulièrement l’attention. Ce pays faisant partie, avec le Tchad, le Mali et la Mauritanie, des pays de la ligne de front en Afrique de l’Ouest.

Ce sont des pays qui abritent des aires de reproduction du criquet pèlerin où celui-ci vit en permanence et se reproduit avant finalement de former des essaims pouvant se déplacer pour dévaster les cultures sur de très grandes distances.

« Pour l’instant, il n’y a aucune menace. On espère qu’il n’y aura pas de ponte des œufs pendant la saison des pluies », analyse pour sa part Youssouf Mohamed Elmoctar, secrétaire général du Réseau des chambres d’agriculture du Niger (RECA).

En attendant, Keith Cressman appelle les producteurs agricoles et les Etats d’Afrique de l’Ouest à rester vigilants. « Soyez informés de la situation actuelle et des prévisions afin de réduire toute panique inutile. Soyez vigilant aux moments indiqués ci-dessus », invite-t-il. Il reconnaît au passage que « les pays de première ligne ont des plans d’intervention d’urgence qui devraient être revus ».

Suivi et surveillance

Idrissa Maiga le confirme en soulignant que chacun de ces pays, avec l’appui de la FAO, a mis en place un centre national de lutte antiacridienne (CNLA) qui s’occupe exclusivement de la gestion de la crise acridienne pour veiller à ce qu’on n’ait pas à vivre ce qui se passe actuellement en Afrique de l’Est.

« Ces équipes sont bien formées et ont des équipements nécessaires pour faire le suivi et la surveillance, et aussi pour traiter les populations de criquets en cas de besoin. C’est une lutte préventive qui permet de confiner le criquet dans son habitat naturel », explique-t-il.

Pour en savoir plus, SciDev.Net a pris attache avec le CNLA du Niger ; mais, n’a pas pu obtenir de réponse officielle de cette institution.

Mais, une source interne fait savoir qu’en l’absence de risque, aucune disposition spéciale n’a pour l’instant été prise, étant donné que c’est avec les pluies que les criquets se développent.

Cette source ajoute néanmoins qu’il y a tout de même un plan de gestion de crise qui existe et qui serait mis à exécution pour gérer la crise si le risque devenait plus élevé.

Dommages

En tout état de cause, Idrissa Maiga dit espérer que « les moyens vont être mis en œuvre pour qu’on puisse barrer la voie à cette crise acridienne dans les meilleurs délais possibles, c’est-à-dire entre avril et mai ».

Sachant que ces insectes dont les essaims peuvent compter des dizaines de millions d’individus sont susceptibles de provoquer des dommages considérables sur la végétation naturelle, les pâturages et les cultures avec des conséquences sur l’agriculture, l’élevage et la sécurité alimentaire…

A en croire Keith Cressman, la présente crise acridienne remonte à deux cyclones en 2018 qui ont multiplié par 8000 le nombre de criquets dans la péninsule arabique. Une situation exacerbée par des pluies et des inondations exceptionnellement abondantes au Yémen et un autre cyclone dans la Corne de l’Afrique en décembre 2019. Au centre régional Agrhymet à Niamey, on travaille actuellement sur une meilleure anticipation des crises acridiennes.

« Nous sommes en train de développer un outil de prédiction des risques acridiens. Une fois achevé, cet outil va aider les pays à mieux cerner le mécanisme de développement du criquet, mais aussi à prévenir les départs d’invasion », confie Idrissa Maiga.

Source : Par: Julien Chongwang , Sandrine Gaingne, https://www.scidev.net.
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