Depuis le mercredi 25 mars 2020 qu’il est retenu en otage, personne ne peut vous dire, exactement, aujourd’hui, comment se porte le président de l’URD (Union pour la République et la Démocratie), et non moins chef de file de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé. Où il se trouve, si des négociations sont en cours ou pas, encore moins, les chances de le revoir si tôt.
De la date de sa prise en otage à nos jours, force est de reconnaître que, pour la libération rapide et à la limite sans condition de Soumaïla Cissé, ce ne sont pas les initiatives qui ont manqué ; encore moins la volonté et la détermination. Tous souhaitent (c’est ce que tous clament, en tout cas), clament et exigent, même, la libération rapide du chef de file de l’opposition.
Cellules de crise, associations de soutien, jeunes, femmes, tous sont, désormais, en fonction de leurs moyens, des zones d’influence et d’action de chacun, à pied d’œuvre, pour réclamer le retour du « Champion », sa libération par ses ravisseurs. Tous sont désormais alertes, avec un seul et même objectif : la libération de Soumaïla Cissé.
À présent, s’il est vrai que les initiatives viennent de partout et qu’elles sont prises par presque tout le monde, qu’en est-il des résultats ? Que peuvent dire tous ces initiateurs et volontaires au sujet de l’état dans lequel se trouve le chef de file de l’opposition, du lieu où il est détenu et par qui, au niveau d’avancement des négociations ? Apparemment, pas grand-chose, selon plusieurs observateurs qui s’intéressent à ce dossier.
La plupart estime que les membres des cellules de crise mises en place, et par le gouvernement, et par le cabinet du chef de file de l’opposition, ont la volonté mais qu’aujourd’hui, ils ne savent pas par quel «bout prendre le sujet», ni par où commencer. Car, en réalité, même les ravisseurs du chef de file de l’opposition se chercheraient en ce moment, dépassés qu’ils sont par l’intérêt que le monde entier porte à leur otage ; y compris, d’autres groupes terroristes rivaux. C’est ce qui constitue, apparemment, le blocage.
En effet, comme nous l’annoncions, il y a de cela deux semaines, tout est parti apparemment d’un banal acte de bandits qui écument le centre de notre pays et sous les ordres d’Amadou Kouffa. À l’origine de ce rapt, et c’est ce que sait tout le monde, il y a des jeunes incontrôlés ne sachant même pas, pour certains, la qualité, l’importance et le statut du chef de la délégation et du convoi qu’ils attaquaient.
Ce n’est qu’une fois le forfait commis qu’ils ont réalisé ce qu’ils venaient de faire et il fallait prendre des décisions. Amadou Kouffa entra dans la danse. Lui, à son tour, informa, naturellement, son collaborateur, allié et patron, Iyad. Lequel, à son tour, mit ses chefs d’AQMI (Droukdel et autres) au courant.
Pendant que tout ça se mettait en place, malheureusement, ce que quasiment personne ne prévoyait se produit : entra dans la danse l’Etat islamique à travers sa redoutable branche qu’est l’EIGS (Etat islamique au grand Sahara). C’est aussi l’une des raisons de la grande rivalité entre AQMI et EIGS dans le centre du pays en ce moment ; sans oublier, le mécontentement qu’a entraîné chez Iyad certains comportements des hommes de El-Sahraoui dans le centre du pays.
Aujourd’hui, malheureusement, la réalité est la suivante : les ravisseurs de Soumaïla bougent énormément avec lui (ce qui explique, d’ailleurs, en partie, la libération des autres). Ils sont, selon toute vraisemblance, proches d’Iyad et se dirigent vers lui ou ses chefs ; ils ne sont pas encore arrivés à destination et sont pourchassés par l’EIGS. Donc, par les hommes de Droukdel, qui, lui aussi, convoite désormais le précieux otage.
Tous les regards sont désormais braqués sur le président de la République, ou, du moins, sur les autorités publiques, pour s’activer et tout mettre pour que revienne, dans les plus brefs délais, parmi les siens, le président de l’URD.