De la recherche pétrolière à la constitution d’un fond de développement durable, le Département a explicité ses priorités
L’exploitation judicieuse du sous-sol malien était au centre d’une conférence de presse animée hier par le ministre des Mines à la Maison de la presse pour faire un état des lieux du secteur. Dr Amadou Baba Sy a exposé les politiques et stratégies de promotion minières et pétrolières initiées par son département à travers l’élaboration d’un document dénommé « Stratégie globale de développement des secteurs minier et pétrolier ». Ce document traite de la diversification de la production minière, du développement spécifique du secteur pétrolier, de l’organisation et de la gestion de la production artisanale du métal jaune, de la gestion environnementale et du développement communautaire. Sont aussi évoqués la formation technique et la création d’emplois pour les jeunes, les ajustements de certaines dispositions contractuelles, la mise en place d’un fonds de développement durable, la sécurisation des périmètres miniers et le développement des facteurs d’accompagnement (transport et énergie).
Selon le ministre, le sous-sol malien a fourni entre 2003 et 2013 environ 480,5 tonnes d’or, avec un pic de 62,2 tonnes produit durant la seule année 2006. Les apports du secteur au budget national pour la période 2003-2012 sont passés respectivement de 50,8 milliards de FCFA à 480,5 milliards de FCFA. Ces bons indicateurs ne doivent pas occulter une réalité. Celle du danger de la monoculture de l’or. Pour le ministre, la diversification constitue donc un facteur déterminant pour gérer l’après-mine. Nous devons faire en sorte que le potentiel minier soit valorisé, a-t-il indiqué, en soulignant la richesse de notre sous-sol en fer, bauxite, manganèse, phosphate, et en diamant. Selon lui, des indices prometteurs de pétrole et du gaz ont été signalés à 70 kilomètres de la capitale.
En ce qui concerne la recherche pétrolière, des progrès avaient été réalisés, mais ils ont été interrompus par les événements du 22 mars 2012 et l’occupation du Nord. Cependant toutes les mesures ont été prises pour un retour rapide de l’activité de recherche dans les zones déjà identifiées. Abordant l’organisation et la gestion de la production artisanale, le conférencier a annoncé une politique de réorganisation du secteur. Il s’agira de définir en collaboration avec les collectivités les modalités et les modes de délivrance des autorisations d’exploitation aux orpailleurs. Des couloirs d’orpaillage devront être délimités pour éviter l’envahissement des permis de sociétés et en tenant compte de la gestion de l’environnement.
Le développement communautaire demeure un autre défi à relever. Pour cela le département a élaboré un document qui priorise les besoins des communautés sur le territoire duquel se développent des activités de recherche et d’exploitation minières. Le document appelé « Plan de développement communautaire » définit le type d’infrastructures scolaires, sanitaires et hydrauliques utiles pour telle ou telle communauté.
Amadou Baba Sy a également abordé le renforcement des capacités qui est une des grandes préoccupations du département. L’accent sera mis sur la formation des ressources humaines. Cette dynamique est sous-tendue par l’initiative du projet de constructions d’une école sous-régionale des mines dans notre pays. Ce projet était en cours d’exécution, il a été interrompu par mars 2012. Son financement aurait dû être assuré par la fondation Nelson Mandela en collaboration avec la Banque mondiale. Malheureusement l’arrêt des coopérations n’a pas permis de mobiliser les fonds, a expliqué le ministre tout en assurant que les recherches de financement ont été relancées.
Autre sujet d’importance abordé par le responsable du département chargé des Mines, la mise en place d’un fonds de développement durable. Pour ce faire, le ministre propose la création d’une société de patrimoine qui sera chargée de revaloriser la part de l’Etat dans l’économie minière. L’or étant une valeur refuge, il est important qu’une partie du métal produit soit réservée au marché national. Ce qui non seulement permettra de créer de la valeur ajoutée, mais offrira aussi à l’Etat malien l’opportunité de constituer un stock d’or qui pourra lever des fonds temps de crise, a estimé le ministre. « Notre pays est en retard sur ce plan. Aujourd’hui beaucoup de pays sont en entrain d’aller vers cette politique de constitution de stock d’or. Les USA sont les premiers dans ce domaine de nos jours avec plus de 35.000 tonnes d’or en réserve, suivis de la Chine avec environ 10.000 tonnes. Le Mali peut faire de même avec le potentiel dont nous disposons », a souligné le ministre, tout en se disant confiant quant à l’avenir du secteur minier malien.