Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Le président Ibrahim Boubacar Keita : Au bon endroit peut-être, au très mauvais moment !
Publié le samedi 18 avril 2020  |  L'Analyste
Les
© aBamako.com par A.S
Les obsèques des militaires morts dans crash du Super Tucano à Sévaré.
Bamako, le 09 Avril 2020, la place d`arme du Génie militaire a abrité les obsèques des deux militaires (Moussa Maiga et Mamadou B Traoré) morts dans crash du Super Tucano à Sévaré.
Comment


Il n’est certainement pas le premier président d’une république a hérité d’une situation difficile et confuse de son pays. Mais ce que vit aujourd’hui, Son Excellence Ibrahim Boubacar Kéïta, chef suprême des armées et de la magistrature suprême, est sans précédent dans notre pays. Une situation de crises que peu, même très peu de Maliens, à quelques rangs que ce soit, pouvait sortir le pays. Notre démarche ne vise pas à dédouaner le président de la république mais à partager les peines que peut vivre le premier responsable du Mali. Mais les larmes sous une pluie ne sont pas perceptibles.


C’est vrai, au commencement, il avait la poigne. Ou du moins le peuple Malien dans sa majorité lui conférait cette poigne. Son élection en août 2013 pour le premier mandat de cinq ans l’atteste avec plus de 75 % des suffrages exprimés. Mais la situation était encore plus complexe que ni Ibrahim Boubacar Kéïta, encore moins ceux qui lui ont fait confiance, n’avaient vu venir. Déjà, l’insécurité au nord du pays, suscitée par les irrédentistes touaregs et alimentée par les mouvements terroristes narco trafiquants sous le manteau d’islamistes, avait causé beaucoup de dégâts matériels et surtout humains. Plusieurs dizaines de vie de militaires et civils avaient été ôtées. Au même moment, l’armée nationale, en deux décennies, avait connu une déliquescence avancée. Il fallait chercher à contenir et à minimiser au maximum les dégâts tout en essayant de mettre sur pied une armée apte à répondre. Pour cela, le conseil et l’appui de la communauté internationale était indispensable. La position géostratégique et le potentiel économique font du Mali un enjeu, ce qui va compliquer davantage la complexité de la situation. L’intelligence de Ibrahim Boubacar Kéïta et ses proches va finaliser et enfanter les accords successifs mais pas toujours à la faveur du peuple Malien et du Mali. L’application du dernier accord dit d’Alger, signé par les mouvements armés mais ignoré par ceux qui les ont infiltrés, donne d’énormes soucis au président de la république. Depuis 2015, date de la signature, les mouvements se sont multipliés avec leur corollaire de victimes en vie humaines. Il n’y a pas eu de répit proprement dit malgré la présence des forces onusiennes composées d’une quinzaine de pays et des françaises démarquées de façons suspicieuse. Cette crise, au lieu de se tasser, s’étendra au centre, au centre est et un peu partout dans le pays, au propre comme au figuré. Ibrahim Boubacar Kéïta semble avoir tout essayé mais il est balloté entre les crises (sécuritaire, alimentaire, socio-économico-politique et maintenant sanitaire) et donner espoir aux Maliens. Ibrahim vit un des pires moments qu’un président en exercice pouvait vivre. Un dicton de chez nous dit : ‘’pour savoir ce que vit un bâtonnet de brochettes, il faut se mettre à sa place’’. Devait-il vraiment se représenter en 2018 ? Cette question, même si elle n’est pas exprimée par le président lui-même, devrait lui effleuré l’esprit.

Le président de la république a hérité d’une situation dont il n’est pas l’auteur. La crise sanitaire qui s’est greffée aux autres crises est en train de tuer et d’infléchir les productions des biens et services. Le Mali était déjà touché dans ses fondements par la crise sécuritaire et ses implications, maintenant le peu, qui en est resté, a aussi pris un sérieux coup. Que de peines pour un président de la république, en première ligne dans le combat et dans la recherche des solutions, et qui paraît aux yeux des Maliens dans leur ensemble, de l’intérieur et de l’extérieur, le seul à résoudre ces crises. Ibrahim est dans une position ingrate : quelque soit l’effort, tant que les crises ne sont pas totalement ou presque résolues, le président n’est pas bon pour ses concitoyens. Ce n’est pas en étant de côté et en faisant des incantations que l’on est capable de résoudre ces crises. L’exercice du pouvoir n’est pas de la théorie mais de la pratique. Si le président arrive dans une situation favorable, il a toutes les chances de gagner ces paris avec le minimum d’intelligence et de diligence. Tel n’est le cas depuis 2013. Le président l’a dit à mot couvert, le mauvais moment de sa magistrature, dans son dernier adresse à la nation à l’occasion de l’épidémie du virus Covid-19 en ces termes : ‘’J’assume la charge dans un temps de gravités successives et cumulées. Le destin a voulu qu’en ce moment le fardeau soit lourd…’’. Il n’est de gaieté de cœur, même d’un simple chef de famille, de voir ses sujets mourir par dizaine voire par centaine. Le président ‘’Ibrim’’ est témoin de cela depuis huit ans (plusieurs centaines de soldats tombés et des dizaines de vies arrachées par l’épidémie). Et c’est là où, ce n’est pas tôt, que nous nous sommes rendu compte que le président est au bon endroit certes mais au très mauvais moment. ‘’Le fardeau est vraiment très lourd’’. Pour celui qui dit se soucier du Mali, ne doit pas se porter bien depuis huit (8) ans. Il doit souffrir dans sa chaire et dans son âme. Qu’Allah sauve le Mali maintenant et toujours.

Drissa Tiémoko SANGARE
Commentaires