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Couvre-Feu : Le DGPN demande des preuves.
Publié le samedi 18 avril 2020  |  L'Analyste
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La police malienne, à l’instar des autres corps habillés, souffre de déficit de commandement. La chaine de commandement n’est pas toujours établie. C’est ce qui crée le fossé entre les consignes et les faits réels sur le terrain. Il y a toujours des abus de la part des éléments égarés sur le terrain. Le commissariat du 5è arrondissement, dont la réaction est attendue suite aux coups de feu du marché de Lafiabougou situé à peine à 800m il y a juste moins d’une semaine, a son image écorché par le comportement de certains éléments dans la surveillance du couvre feu.
Dans la nuit du samedi à dimanche, deux pick up, de la police, estampillé 5è arrondissement et de la garde nationale, étaient devant une boutique à Lafiabougou secteur I section K, après 21h. La grille de la boutique était bouclée par un cadenas mais les deux jeunes, qui y dorment dont le boutiquier lui-même, n’avaient pas éteint la lumière. Ce sont les policiers qui se présentent et exigent au boutiquier d’ouvrir. Face au refus du boutiquier, ils ont menacé de casser la porte de la grille. Il a fallu l’intervention d’un fils de la famille à laquelle la boutique est jouxtée pour les dissuader. Cela n’a pas été facile car les jeunes policiers ont menacé d’ouvrir la porte du domicile de l’intervenant. Les gardes assez prudents n’ont intervenu que pour amener leurs collègues policiers à la raison.

Pourtant, au début du couvre-feu, c’est-à-dire les premiers jours, nous avons été parmi les premiers à soutenir, sur les réseaux sociaux, les mesures de dissuasion des récalcitrants, de ceux qui défient l’ordre. Mais depuis, des voix s’élèvent de plus en plus et de partout pour dénoncer les abus. Le couvre-feu serait-il une occasion pour les éléments des forces de sécurité de rançonner les citoyens ou de les brutaliser ? Les plus suspectés sont les éléments de la police en tout cas à Bamako. Tous ces reproches, ou ces accusations sont-elles fausses ? Le Directeur général de la police, l’Inspecteur général Moussa Ag Infahi, demande des preuves. Il en aura tant qu’il y aura des éléments qui exécutent à l’envers les consignes. Le non-respect des consignes est imputable d’une part à la formation et d’autre part au commandement. Les maillons intermédiaires de commandement, sergent-chef et adjudants, doivent jouer pleinement leur rôle au lieu de fermer les yeux ou d’être complices des dérives de leurs subalternes. L’absence des officiers est une cause d’abus de la part des éléments. Quand le commandement est faible, l’indiscipline grandit et le désordre s’installe. La force d’une police ne réside pas dans sa capacité de répression, loin s’en faut.

Les propos des nouveaux syndicalistes de la police nous avaient rassurés mais ce n’était que de la poudre aux yeux. Pourtant, ce n’est pas tôt pour la police de redorer son blason. Et dire qu’il est prévu une prime spéciale pour ces éléments. Elle ne doit être allouée qu’aux plus méritants.

Drissa Tiémoko SANGARE

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