Dans une interview exclusive accordée à RFI le mardi 14 avril le président français, Emmanuel Macron, décline sa stratégie d’aide à l’Afrique pour faire face à la pandémie de Coronavirus. À court terme, il réclame un moratoire des pays du G20 sur la dette contractée par les pays africains. À long terme, il souhaite une annulation massive de cette dette. «Quand on regarde aujourd’hui la situation de l’Afrique sur les plans sanitaire, économique et climatique, il est évident que nous lui devons la solidarité», explique-t-il.
Mais pourquoi le Chef d’Etat français se préoccupe-t-il des pays africains jusqu’à réclamer de la solidarité ? Cette solidarité des pays riches envers l’Afrique, que Macron préconise, n’est-elle pas en réalité un trompe-l’œil pour sauvegarder des intérêts français inavoués sur le continent noir ?
L’Afrique, regorgeant d’une quantité énorme de ressources naturelles et énergétiques mais sous-développée, est confrontée à un défi existentiel face à la pandémie du Coronavirus : une dette sur le PIB de plus de 90%, une économie majoritairement informelle, un manque de plateau technique et une faiblesse de ressources humaines dans les centres sanitaires…Encore que les arrêts de production que continuent de subir les pays développés et émergents pour raison de confinement face au Covid-19 ainsi que le quasi- arrêt des transactions internationales de marchandises vont certainement entrainer une récession de l’économie mondiale. Laquelle va impacter négativement les économies africaines déjà très fragiles, pour ne pas dire inexistantes.
A vrai dire la pandémie est venue compliquer les défis qui assaillent les pays africains : les conflits terroristes et affrontements intercommunautaires, la chute vertigineuse de leurs économies, le front social et politique toujours en ébullition.
Une autre réalité est que l’ancienne puissance coloniale possède des intérêts économiques colossaux dans plusieurs pays africains. Notamment, au sud du Sahara. Si elle n’est plus le principal fournisseur des pays africains francophones en produits manufacturés (car détrônée par la Chine), elle continue de garder une grande influence dans nombre de ces pays. Ses firmes bénéficiant des avantages liés à la monnaie unique dans les pays de la zone franc, des mécanismes de coopération monétaire et d’appuis directs de l’Etat français et des réseaux français, font des affaires très juteuses. Dans le secteur pétrolier TOTAL est implantée dans 40 pays africains.
S’y ajoute l’évidence que l’Afrique subsaharienne est hautement stratégique pour la France qui y déploie, depuis des années, des milliers de soldats dans le cadre de l’opération Barkhane dans la lutte contre le terrorisme international. Encore pour combien de temps ?