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Recrudescence du phénomène de l’esclavage dans la région de Kayes : L’implication des syndicats de la magistrature fortement demandée
Publié le jeudi 23 avril 2020  |  Le Pays
Atelier
© aBamako.com par FS
Atelier de haut niveau sur l`esclavage par ascendance
La Coalition Malienne des Défenseurs des Droits Humains (COMADDH) a organisé le 26 Décembre 2019 au Grand Hôtel de Bamako, un atelier de haut niveau sur l`esclavage par ascendance
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Le phénomène de l’esclavage en proie dans la région de Kayes continue de défrayer la chronique. En effet, à travers une lettre dont nous avons pu nous procurer une copie, le Mouvement pour la sauvegarde des droits de l’Homme (MSDH) interpelle les différentes organisations syndicales de la magistrature notamment le Syndicat autonome de la magistrature (SAM) et le Syndicat libre de la magistrature (SYLIMA) à s’impliquer pour faire face au phénomène de l’esclavage en milieu Soninké, plus précisément dans la localité de Lani Tounka (région de Kayes).
Pour l’organisation de défense de droit de l’homme, l’esclavage se définit comme étant la condition d’un individu privé de ses libertés fondamentales, qui devient la propriété exploitable et négociable ou comme un bien matériel d’une autre personne.« Nous constatons aujourd’hui que plus de 40 millions de personnes dans le monde sont victimes de l’esclavage moderne selon un rapport de l’ONU publié en 201633 », déplore l’organisation.

Et de rappeler qu’au Mali,l’article premier de la Constitution du 25 Février 1992 stipule clairement que : « La personne humaine est sacrée et inviolable. Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne ». Et de poursuivre que l’article 2 de la même constitutionstipule que : « Tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée ». « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des sévices ou traitements inhumains, cruels, dégradants ou humiliants. Tout individu, agent de l’État qui se rendrait coupable de tels actes, soit de sa propre initiative, soit sur instruction, sera puni conformément à la loi », renchérit l’article 3.

Hélas, le MSDH déplore le fait que certaines personnes mal intentionnées bafouent les lois et institutions de la république. Car, au Mali une petite communauté composée de sept familles dans le village de Lani Tounka, bien organisée, instruite et partisane de non-violence, continue d’êtrepersécutée par une communauté dite nobleparce qu’elle refuse d’assumer son statut d’esclave.

Des maisons et greniers incendiés

« Malheureusement, le 05 avril 2020, la communauté majoritaire munie de machettes, de fouets, et autres armes blanches assimilables a regroupé les sept familles considérées comme esclaves pour les lyncher, incendier les maisons et greniers desdites familles. Certains ont même succombé à leurs blessures par la suite dont une femme en enceinte dans l’indifférence totale de nos autorités », mentionne la lettre de l’organisation de défense des droits de l’Homme.

A ce jour,poursuit la lettre, d’après les investigations,plus de 20 personnes ont été blessées à la suite de ces violences dont 8 cas graves qui sont sous soins intensifs dans les différents centres de santé et l’hôpital de Kayes. Pire, ces personnes blessées ne bénéficient d’aucune assistance de la part des autorités locales pour leurs prises en charge sanitaires.



Pour le MSDH, le tort de cette communauté vivant dans la crainte totale a été de porterplainte à la justice afin de réclamerses droits. Et d’ajouter qu’en représailles, les membres de cette communauté ont été dépossédés de leurs terres cultivables, les enfants ont été privés du droit à l’éducation parce qu’ils ont été interdits à l’école du village. S’y ajoutent, ils n’ont plus accès aux structures sanitaires du village, ils ne participent plus au conseil de village, aux cérémonies de baptême, de funérailles, ou de mariage. Pire, leurs morts ne sont plus inhumés dans le cimetière du village et cela pendant près de 3 ans.« On est désemparé, consterné et surpris de voir se passer un tel acte abominable, dans un pays comme le Mali signataire des traités internationaux et sous régionaux sur les droits fondamentaux de l’homme», renchérit la lettre.

Situer les responsabilités et traduire les auteurs

Autres faits révélés, dans sa correspondance l’organisation a rappelé une histoire similaire qui date de 2018 où plusieurs médias etorganisations de défense des droits de l’homme avaient interpellé le gouvernement à prendre ses responsabilités face au phénomène de l’esclavage qui n’honore guère notre pays. Elle a noté aussi que l’État malien ne reconnait pas l’existence d’un quelconque esclavage, car n’ayant pas légiféré sur la question. Du coup, en présence de l’insuffisance des textes législatifs sur les questions, les hautes autorités soutiennent l’idée que les esclavagistes défendent leurs cultures ou coutumes. Quel mépris pour la vie homme ! L’État malien doit garantir la sécurité de tous les citoyens maliens et de leurs biens mais hélas cette communauté est laissée à elle-même.

Après cette interpellation, déclare le MSDH, si l’État Malien ne prend pas ses responsabilités alors nous assisterons à toutes sortes de règlements de compte occasionnant plusieurs pertes en vie humaine.« Le MSDH interpelle le gouvernement à intervenir dans les plus brefs délais et exhorte les responsables des groupements et associations Soninké du Mali et de la diaspora à s’impliquer pour un dénouement heureux de ce conflit intercommunautaire pour éviter un bain de sang. Le MSDH demande l’implication du Conseil supérieur de la Diaspora malienne (CSDM) et le Haut conseil des Maliens de l’extérieur (HCME) en vue de proposer des recommandations fortes pour une issue heureuse dans ce conflit intercommunautaire », a renchéri le mouvement.

La CNDH interpelée

Le MSDH a saisi l’occasion pour condamner avec la dernière rigueur les affrontements intercommunautaires, le mutisme et le laxisme de l’Etat face à ses violences dignes d’une autre époque. Et dénoncer le silence des deux syndicats de la magistrature face à ses atrocités qu’il qualifie de sans précédent.

Ainsi, le Mouvement pour la sauvegarde des droits de l’Homme (MSDH) demande au Syndicat autonome de la magistrature (SAM) et au Syndicat libre de la magistrature (SYLIMA) de s’investir davantage dans ce dossier pour situer les responsabilitésafin de sanctionner les auteurs avec la plus grande fermeté. Toutefois, le mouvement salue les efforts sans cesse des deux organisations syndicales de la magistrature en vue de redorer le blason de la justice malienne en toute indépendance.

Pour finir, le MSDH remercie et encourage la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) pour son implication dans ce dossier en dénonçant ses actes ignobles.« Respecter les droits de l’homme ne relève pas du choix politique, mais d’une obligation juridique et morale. Ce sont des engagements à vocation universelle, des principes de droits garantis par des déclarations solennelles ou des traités juridiquement contraignants », a conclu la lettre du MSDH.

Mama PAGA
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