Lors des législatives de 2013, à quelques exceptions près, les partis présidentiels ont tenu des listes propres qui se sont opposées à celles des partis se réclamant de l’opposition. Après la proclamation des résultats, le RPM-parti présidentiel- classé premier avait constitué une coalition avec l’ADEMA et d’autres partis pour obtenir la majorité absolue à l’Assemblée nationale. L’URD nanti du rang de deuxième force politique (à l’issue des scrutins présidentiel et législatifs) obtenait la qualité de Chef de file de l’opposition dont son leader Soumaïla Cissé occupe encore ce poste.
Sept ans plus tard, la situation politique dans notre pays est inédite. Puisque lors de ce scrutin de mars-avril 2020, qui vient de se tenir, les partis principaux partis : ADEMA, RPM et URD (précédemment de l’opposition) se sont donné la main pour présenter des listes communes dans toutes les grandes circonscriptions électorales du Mali. C’étaient les cas, entre autres, à : Kati, Kolondièba, Kayes, Sikasso, Mopti, Djenné, CIV. Toutefois, comme s’il n’existait pas du tout de pudeur en politique, ces mêmes alliés de ce même scrutin législatif étaient aussi en bataille rangée dans d’autres circonscriptions.
C’était le cas de la Commune V où l’URD était en alliance avec l’ADEMA contre le RPM. En commune VI du District de Bamako, l’URD et la LDC se sont battus contre la coalition RPM-ADEMA et PS. A Kolondièba, le second tour opposait l’alliance RPM-URD contre le parti SADI, ADEMA avait apporté son soutien au parti SADI. Ce soutien de la ruche serait consécutif à celui que l’URD aurait apporté à la liste concurrente qui était opposée à l’alliance RPM-ADEMA à Yanfoïla. A Bougouni, nous assistions à un rude combat entre la coalition ADEMA-CODEM- CDS et ADP contre l’alliance RPM-URD-MPM. A Sikasso, le combat opposait la coalition menée par le RPM, l’URD et la CODEM contre celle menée par l’ADEMA.
Evidemment, cette spécificité politique malienne est de nature à totalement biaiser le jeu politique et contribue à affaiblir considérablement le système démocratique multipartiste. Au sein duquel normalement, les partis politiques concourent pour l’obtention de sièges de députés en briguant les suffrages du peuple dans les urnes. Leurs forces de persuasion étant leurs projets de société avec des hommes et des femmes crédibles. Cela aurait pu permettre à une opposition malienne crédible de gagner la majorité absolue à l’Assemblée nationale pour imposer une cohabitation politique comme ce fut le cas en France sous les présidences Mitterrand et Chirac.
En réalité, le projet de société de l’ADEMA est différent de celui du RPM qui est aussi différent de l’URD. Mais lorsque ces partis se sont présentés dans un plus grand nombre de circonscriptions électorales sous les mêmes couleurs, il devient alors difficile de designer celui qui va représenter l’opposition parlementaire dans cette 6è législature de l’AN. De surcroît, cette situation atypique compromet toute possibilité de cohabitation politique entre majorité et opposition au Mali. En 2018, après la présidentielle, l’URD continuait de détenir la casquette du principal parti d’opposition avec son président comme Chef de file de l’opposition. Quid de cette 6è législature ?