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Entre Nous : ‘’Waricratie’’
Publié le vendredi 24 avril 2020  |  Le challenger
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Le processus électoral ayant abouti à la tenue, le dimanche 19 avril 2020, du second tour de l’élection des députés à l’Assemblée nationale a, une fois de plus, confirmé l’influence de l’argent dans le choix des élus. Selon la Mission d’Observation Electorale de la Synergie 2020, «l’après-midi a été marqué par la démultiplication de la pratique d’achats de vote dans plusieurs centres à travers le pays, notamment : les centres de vote des 1008 Logements en Commune VI du district de Bamako, de Magnambougou-projet en Commune VI du district de Bamako, de l’Ecole A Wayerma 1 de Sikasso, du Groupe scolaire de Macina, du Groupe scolaire Robert Cissé I et II de Mopti, de l’Ecole B 2ème cycle, du bureau n°2 de Bafoulabé, des centres EDC et plateau 2 de Koulikoro, du Groupe scolaire Kolokani B, du Groupe scolaire Hèrèmakono nord et du centre de Bougouni, du Centre de vote Gari, du bureau de vote n°1 de Diré, port et usage d’armes à feu par des partisans des listes concurrentes….».
Ces observations faites le jour du scrutin constituent une petite partie de l’usage des billets de banque pour acheter les électeurs. D’élection en élection, l’argent (quel argent ?) pervertit la démocratie malienne acquise de haute lutte. Les missions citoyennes d’observation ont fait cas d’achats de vote dans plusieurs centres où se sont déroulées les opérations électorales.

C’est la «Waricratie» ou le pouvoir de l’argent. A ce rythme, il ne serait pas surprenant de voir un trafiquant de drogue ou un soutien de la mafia prendre les commandes du pays. Le Président du CNID-FYT, Me Mountaga Tall, avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur le risque de confier le pays à un tel personnage.

Avec de telles pratiques, il va de soi que l’Assemblée nationale devient un centre de business où les votes de lois se négocient aux plus offrants comme une foire à bétail. La démocratie est pervertie et les règles du jeu sont faussées. Les milliards volés des caisses publiques servent à donner naissance à des générations spontanées de politiques et à asseoir leur légitimité. Comme une malédiction qui s’abat sur le pays, ils volent le bien commun et viennent acheter les électeurs avec leur butin.

‘’L’incivisme a atteint un tel degré qu’il menace l’avenir même du pays’’

Ce qui se passe actuellement est la preuve de la faillite du système débridé qui gouverne le Mali ces dernières décennies avec arrogance. Que faut-il attendre d’un tel système qui instaure un royaume de passe-droits, de privilèges et d’impunité aux voleurs qui utilisent les ressources publiques pour financer leurs campagnes ?

«Le problème n’est pas seulement le pouvoir d’Etat, c’est aussi et surtout le Malien lui-même. Il faut arriver à le changer. Pas évident ! Tant que l’appât du gain facile restera la base de la philosophie du citoyen ordinaire, rien de bon ne se fera dans le pays. Tant que le mensonge, l’hypocrisie, la cupidité, la fourberie et la méchanceté resteront au cœur de la citoyenneté, il n’y a rien à espérer. Il suffit de voir le spectacle de la ruée actuelle à travers les associations créées pour capter les sommes d’argent distribuées à l’occasion par les candidats. Devant l’argent, aucune morale. Tous les coups sont permis. La corruption est devenue le système national de débrouillardise à tous les niveaux, aussi bien au niveau de l’Etat, des appareils civils comme militaires, des secteurs de la société civile et religieuse. Les rapports sociaux en sont dénaturés. Le mal est profond. L’incivisme a atteint un tel degré qu’il menace l’avenir même du pays », écrivait déjà en 2018 le Professeur Issa N’Diaye.

Chiaka Doumbia
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