Face à la gravité de la situation épidémiologique au Mali, il serait nécessaire de changer de fusil d’épaule. Il ne suffit point d’obliger le port des masques théoriquement ou en les distribuant. Il faut des mesures pour veiller à l’application de ladite mesure.
« Nous ne pouvons pas confiner les Maliens, bloquer les Maliens, les condamner à la mort par la faim. Nous avons le devoir de les protéger »,dixit Ibrahim Boubacar Kéita, le président de la République malienne. C’était lors du second tour des élections législatives, le dimanche 19 avril 2020. Une déclaration pourtant raisonnable puisque tenant compte des réalités de la vie quotidienne des ménages au Mali.Nombreuses sont les familles dans lesquelles, le chef de famille travaille pour gagner les frais de condiments du lendemain. Passer quelques jours sans travailler est synonyme de famine dans de nombreux ménages.
Les pays qui ont procédé au confinement de leurs citoyens sont pour la plupart des pays capables d’assister les ménages durant la durée de leur confinement. Ils adoptent de nombreuses mesures sociales pour les accompagner et éviter qu’ils se sentent délaissés. Le Mali a-t-il le moyen de procéder de la sorte ? À première vue, non. Nos autorités ne pourront pas supporter le coût financier de telles mesures. Pourtant, la situation épidémiologique ne fait que s’aggraver du jour au lendemain. À la date du jeudi 23 avril 2020, le nombre de cas confirmés était de 309, dont 21 décès et 77 patients guéris. Avec ces chiffres, le Mali est en train de battre le record dans la sous-région.
Face à une telle situation, il est nécessaire de prévoir d’autres options. Si on ne peut pas confiner les Maliens, ne serait-il pas possible d’obliger chaque Malien à porter obligatoirement un masque ? Surtout que le président de la République a lancé, il y a deux ou trois semaines l’initiative « Un Malien, un masque ». En confectionnant rapidement des masques en grande quantité et en les distribuant à toute la population, l’État peut se rassurer de pouvoir obliger le port de ces masques.
Des mesures répressives doivent alors être mises en place pour veiller au port de ces masques. En plus du couvre-feu nocturne, les agents de police doivent être déployés dans les rues durant toute la journée pour sanctionner les récalcitrants à cette mesure préventive.
Dans certains pays africains, comme le Bénin, cette mesure préventive est bien appliquée. À l’allure où vont les choses, le Mali n’a plus le choix. La méthode douce ne marche plus.
Rappelons-nous de ce que disait Hobbes, tant que le peuple n’a pas de raison de craindre, il n’obéit point aux lois. Il faut imposer cette crainte pour santé publique. Entre le confinement et le port du masque, la deuxième option est le moindre mal dans ce pays.