Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

… Le Général Salif Traoré à proposdu couvre-feu : “Aucune violence n’est ordonnée et ne sera tolérée ni de la part des forces de l’ordre ni de la part des citoyens” “Nous voyons déjà qu’il y a des gains et des bénéfices de ce couvre-feu et nous continuons à demander à la population de collaborer”
Publié le samedi 25 avril 2020  |  Aujourd`hui
Le
© aBamako.com par FS
Le Général Salif Traoré reçoit le Directeur de DCAF
Le Ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général Salif Traoré, a reçu en audience, le mardi 12 novembre, le Directeur du Centre pour la Gouvernance du Secteur de la Sécurité (DCAF), M. Thomas Guerber.
Comment


Dans cette interview exclusive qu’il nous a accordée, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général Salif Traoré, aborde des questions brûlantes de l’actualité, notamment le Covid-19, le couvre-feu et les risques liés à l’hivernage qui approche à pas de géants.

Aujourd’hui-Mali : Ce qu’on croyait impossible a été finalement réalisé ! Les élections législatives dont le deuxième tour vient juste de se tenir dimanche dernier, 29 mars, se sont bien déroulées dans l’ensemble et le dispositif sécuritaire mis en place était visible. En tant que ministre de la Sécurité, quels enseignements en tirez-vous ?

Général Salif Traoré : Je voudrais d’abord vous remercier pour votre intérêt pour la chose sécuritaire qui est transversale. Les élections législatives, c’est un défi pour le gouvernement de mission du Premier ministre Boubou Cissé et le président de la République avait beaucoup insisté sur la mise en œuvre des recommandations du Dialogue national inclusif au cours duquel les Maliens s’étaient retrouvés pour décider qu’il fallait absolument renouveler l’Assemblée nationale dont le mandat des députés arrivait à terme bientôt.

L’organisation des élections était donc un défi sécuritaire dans la mesure où dans la partie centrale de notre pays, aujourd’hui, les choses ne sont pas du tout faciles. On s’était engagé à mettre tout en œuvre afin que l’insécurité soit contenue pour permettre aux Maliens de voter le jour-j au premier tour et éventuellement au second tour.

Malheureusement, à l’approche des élections, il y a eu aussi cette pandémie de Covid-19 qui a rajouté à la situation difficile que nous vivons. Je mentionne cette pandémie parce que les forces de l’ordre sont encore une fois appelées à être au-devant de la scène parce que c’est nous qui protégeons et accompagnons les professionnels de la Santé et nous mettons en œuvre les mesures édictées. Tout cela, mis bout à bout, a demandé beaucoup de sollicitations des forces armées et de sécurité. Mais comme vous l’avez dit, dans l’ensemble, ça s’est bien passé. C’est vrai que nous déplorons quelques incidents çà et là, notamment dans la région de Mopti, plus une partie de la région de Ségou et quelques localités des régions de Tombouctou et de Gao, où les bureaux de vote n’ont pu fonctionner aussi bien au premier qu’au second tour, mais nous pouvons dire que, grosso modo, cela s’est bien passé puisque sur les deux tours, les bureaux qui n’ont pas fonctionné tournent autour de 4%. C’est l’occasion pour moi de féliciter tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la sécurisation de ce processus.

Monsieur le Ministre vous venez de l’évoquer, nous vivons avec le Covid-19. Pouvez-vous nous rappeler les mesures sécuritaires mises en place au plan national dans le cadre de la lutte contre cette pandémie ?

Comme je l’ai dit, toute disposition qui sera prise fera appel, d’une manière ou d’une autre, aux forces de défense et de sécurité. Mais la première mesure forte que le Gouvernement du Mali a prise, c’est l’instauration du couvre-feu. C’est la mesure la plus visible et la plus contraignante. Il faut appeler les choses par leur nom car une mesure de couvre-feu c’est vraiment pour contraindre les gens à rester chez eux pendant une période de temps bien donnée. Nous, nous sommes responsables pour assurer l’effectivité de ce couvre-feu. Nous, nous n’entrons pas dans les détails de l’efficacité et de ce qu’on vise là-dedans.

Pour nous, quand on prend un décret pour dire que les Maliens doivent rester chez eux de 21 heures à 5 heures du matin, nous veillons à ce que cela soit le cas. Et pour cela, vous imaginez que cela n’est pas du tout facile. Cela nous amène à déployer en moyenne 10 à 15 000 hommes sur le territoire, chaque jour, pour surveiller, patrouiller, au besoin interpeller les récalcitrants.

Justement, Monsieur le Ministre, dans le cadre de la gestion du couvre-feu, est-ce qu’il vous a été remonté des difficultés rencontrées par les forces de sécurité sur le terrain ?

Bien sûr ! Vous avez certainement dû entendre le directeur général de la Police nationale faire le point, puisque la Police nationale coordonne toutes les dispositions sécuritaires dans cette matière-là. C’est vrai que certains citoyens ont du mal à accepter ce genre de contrainte car ils pensent qu’ils ont des droits pour pouvoir circuler malgré cela. Souvent donc il faut les rappeler à l’ordre et il y en a qui peuvent même aller jusqu’à être violents, soit verbalement soit physiquement.

Il nous a été rapporté aussi des cas par des citoyens où certains éléments de nos forces de l’ordre s’adonneraient à des exactions ou à des violences sur la population. Dans tous les cas les instructions sont très claires. Aucune violence n’est ordonnée et ne sera tolérée ni de la part des forces de l’ordre ni de la part des citoyens. L’Etat a pris des mesures et a fixé aujourd’hui des heures pour le couvre-feu qui démarre à 21 heures et se termine à 5 heures du matin, nous en appelons donc au bon sens de tout le monde pour respecter cela. Des ouvertures ont été faites pour que certaines catégories socioprofessionnelles puissent bénéficier de dérogations. D’autres ouvertures ont été faites pour que tout citoyen qui estime, pour une raison ou une autre, qu’il a besoin d’une dérogation, il pourrait s’adresser au Gouverneur de région ou du District qui verra l’opportunité de cette dérogation pour la délivrer. Tant qu’on n’a pas de dérogation, on doit rester chez soi.

Monsieur le Ministre, le Covid-19 fait beaucoup parler de lui, mais cela ne doit nous faire oublier que l’hivernage approche, avec tous les risques que cela comporte et nous savons que votre département travaillait déjà à la prévention de ces risques. Qu’en dites-vous ?

Vous avez parfaitement raison ! Je disais tantôt qu’avec les élections et le Covid-19 cela mobilise beaucoup de nos forces. Actuellement, avec le Covid-19, la Protection civile est sur la ligne de front, notamment pour le transfert des patients, mais également elle continue d’intervenir sur les accidents de la circulation, la formation, la sensibilisation et aussi dans les réunions de coordination et de planification. Vous avez parlé de la saison des pluies qui arrive, là aussi, c’est surtout ce service qui sera encore en pole position. Qui parle de saison des pluies chez nous, parle d’inondations, souvent d’accidents dus à la foudre et c’est ce service, c’est à dire la Protection civile, qui intervient beaucoup pour sauver des vies. Elle n’y va jamais seule car elle intervient souvent avec les autres forces de sécurité qui protègent ses éléments et aussi assurent les périmètres des opérations. C’est vrai que l’hivernage approche, c’est pourquoi nous sommes déjà dans la préparation de la diffusion de sketches, de documentaires de sensibilisation pour que la population puisse prendre ses précautions dès maintenant et que, effectivement, nous ne soyons pas tous obnubilés uniquement par la pandémie de Covid-19 et le couvre-feu. Il y a d’autres risques et d’autres dangers qui nous guettent tous les jours. Et c’est l’occasion pour moi de rappeler que les concessions érigées dans les lits des cours d’eau sont interdites et que, très souvent, on ne s’en rend compte du danger que quand c’est trop tard.

Monsieur le Ministre, si vous aviez un message à lancer aux populations ou un conseil à leur donner en cette période proche de l’hivernage, mais aussi de pandémie de Covid-19. Que leur diriez-vous ?

Je leur dirais que les temps sont difficiles et en ce qui concerne le Covid-19, nul ne peut leur dire que tel jour, à telle date, ce sera terminé. Nous devons donc nous préparer, être patients et compréhensifs. Toutes les décisions que le Gouvernement prend ou sera amené à prendre, c’est pour le bien de la population. Même si une partie de la population n’apprécie pas telle ou telle décision, il y a des voies de recours et de protestation qui ne doivent pas en rajouter au travail des forces de l’ordre, qui sont leurs forces.

Aujourd’hui, le défi majeur que nous avons immédiatement après la sécurisation des élections, c’est toujours le respect du couvre-feu. Nous voyons déjà qu’il y a des gains et des bénéfices de ce couvre-feu et nous continuons à demander à la population de collaborer. Il y a beaucoup de voies et moyens pour dénoncer les débordements éventuels de nos forces. Mais n’oublions pas aussi que nous avons les moyens de documenter les cas inverses où ce sont des citoyens qui ont une attitude déplorable. Nous sommes tous face au même fléau. En conséquence, nous devons être solidaires, nous donner les bons conseils les uns aux autres et nous devons nous écouter.

Quant à l’approche de la saison des pluies, nous avons toujours publié des consignes en faisant intervenir tous les services de la Protection civile où qu’ils soient, pour qu’ils puissent passer les bons messages. Ce qui fait que, pendant la saison des pluies, il faut s’assurer qu’on n’est pas dans le lit d’un cours d’eau, s’assurer qu’on n’est pas prêt d’objets métalliques pointus quand il y a un orage et qu’on ne circule pas dans une rue totalement inondée. Ce sont des consignes très simples, mais qui peuvent sauver des vies. Je m’associe à la prière de tout un chacun pour que Dieu nous préserve de ce fléau de Covid-19 et nous accorde une bonne saison de pluie.

Réalisé par Amadou Bamba NIANG

Commentaires