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Compagnie malienne de navigation (COMANAV) : Moussa Doumbia nous dit tout ce qu’il faut savoir sur les bateaux maliens
Publié le jeudi 30 avril 2020  |  Le Confident
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Profitant d’un voyage de travail à Tombouctou, nous avons tendu notre micro à Moussa Doumbia, commissaire adjoint du bateau Général SOUMARÉ. À travers l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder, nous en savons désormais assez sur la gestion d’un bateau au Mali.
Le Confident : Qui êtes-vous ?

MD : je suis Moussa DOUMBIA, commissaire adjoint du bateau Général Soumaré. En effet, j’ai commencé ma carrière en tant que commissaire adjoint, il y a de cela quelques mois. Je m’occupe principalement du fret et des passagers de 3eme et 4eme classe.

Le Confident : Que pouvez-vous nous dire sur les bateaux de la COMANAV ?

MD : Au niveau de la COMANAV, il faut retenir que nous disposons de trois bateaux courriers qui font le transport des passagers. Le premier c’est le bateau Général Soumaré qui date de 1964. Ensuite, nous avons le bateau Tombouctou qui date de 1984 et enfin le tout dernier nommé KANKOU MOUSSA qui date de 1988. En plus de ses bateaux de transports, nous disposons de deux vedettes de 65 places qui ne font que le trajet Tombouctou – Mopti. Il s’agit du bateau Firhoun Ag ALINSAR et le bateau Modibo KEITA.

Le Confident : Quelle est la différence entre le bateau et les autres moyens de transport ?

MD : En tout cas, aujourd’hui, beaucoup de passagers préfèrent prendre le bateau plutôt que de voyager par la route à cause de l’insécurité grandissante… Aussi, le coup est moins cher par rapport au bus. En plus, il peut prendre toute sorte de bagage. Ce qui en fait, le moyen de transport le plus utilisé surtout par les nordistes.

Le Confident : Justement combien coute un voyage par bateau ?

MD : Il y a le prix des cabines de luxe, 1ère classe, 2ème classe, 3ème classe et la 4ème classe qui est sur le pont, mais généralement beaucoup de gens préfèrent prendre la 4ème classe à cause des moyens financiers. En effet, au niveau de la 4ème classe, le voyageur paie le ticket et il se prend en charge jusqu’à destination. Or, pour ce qui concerne les autres cabines, le voyageur est logé et nourri tout au long du trajet. À ce niveau également, le prix varie selon les cabines et les classes comme par exemple : de Koulikoro à Gao, la cabine de luxe coûte 302 .500FCFA, la 1ère classe coûte 160.500F, la 2ème classe coûte 114.500F, la 3ème classe coûte 67.500Fcfa et la 4ème classe est de 14.550F et tous ces prix varient selon la destination. La dernière révision de ces prix a été faite en 2008.

Le Confident : Parmi les bateaux que vous disposez, lequel prend plus de frets ?

MD : Pour ce qui concerne le fret, tous nos bateaux peuvent prendre jusqu’à 130 tonnes, mais par ailleurs, le bateau SOUMARÉ prend moins de passagers que le Tombouctou et le KANKOU MOUSSA.

Le Confident : Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés aujourd’hui ?

DM : On a surtout des problèmes douaniers, parce que c’est à travers le bateau que les commerçants peuvent transporter plus de 20 tonnes de Koulikoro à Gao mais à cause de la douane, cela n’est plus possible. Par exemple, imagine qu’on prend des bagages à Gao pour Mopti et à partir de Mopti, la douane vient saisir les bagages d’une manière où on a l’impression de ne pas être dans notre propre pays alors que Gao c’est le mali, Koulikoro c’est le Mali…C’est là que j’exhorte le Gouvernement à faire un peu d’effort et la COMANAV aussi doit trouver un terrain d’entente avec la douane parce que les bateaux aussi apportent beaucoup à l’économie malienne. Sinon, souvent, on quitte Mopti plein mais au retour, le bateau est vide parce que les commerçants ont peur de la douane. On perd donc des marchés à cause de la douane.

Il y a aussi la dégradation du fleuve, aujourd’hui, si les bateaux pouvaient faire plus de 10 mois de navigation, ça allait être un moyen rassurant de désenclaver notre pays. Cette année, on a commencé avec les deux bateaux seulement mais on était obligé de mettre le 3ème en marche tellement on était débordé des passagers, souvent on prend même plus qu’on ne doit parce que ce sont nos concitoyens qui fuient la route maintenant au profit des bateaux à cause de l’insécurité et l’état des routes, mais malheureusement ces bateaux aussi ne peuvent faire que 5 à 6 mois de navigation à cause de la dégradation du fleuve. Nous invitons l’Etat à mettre les moyens qu’il faut pour sauver le fleuve.

Le Confident : Parlez-nous de l’état de ces bateaux aujourd’hui vieillissant ?

MD : Nous avons des anciens bateaux, comme vous l’avez constaté. Imaginez des bateaux qui datent de 1968 qui continuent encore à naviguer sur l’eau alors que c’est juste construit à base de fer et du plafond…Cette année, on a eu tellement de problèmes de moteur sur le trajet et ça n’a pas été du tout facile pour nous. Aussi, les plans de navigation que nous disposons sont anciens et ne correspondent pas d’avec la réalité d’aujourd’hui. En un mot, pour le désenclavement de notre pays, l’état doit sauver ces bateaux et le fleuve.

Le Confident : Comment est-ce que vous gérez la sécurité de vos passagers ?

MG : Bon, c’est l’escorte qui assure la sécurité des passagers et de leurs biens parce que vous n’êtes pas sans savoir aussi que, en plus des menaces d’attaque, les passagers sont confrontés à des cas des vols très récurrents dans les bateaux, surtout lors des escales. A Gao c’est pire mais Dieu merci, les agents de sécurité à bord font très bien leur boulot. Si on est saisi pour un cas de vol, directement on les informe et automatiquement ils prennent les mesures qu’il faut pour trouver le voleur et je peux vous dire, ce travail, ils le prennent très au sérieux. Même récemment on a été obligé de bloquer le bateau sur le fleuve a 100m d’une escale jusqu’à ce qu’ils aient trouvé l’auteur d’un cas de vol qui nous a été signalé. Je peux dire aussi, on travaille ensemble pour assurer la sécurité des passagers.

Le confident : Votre dernier mot ?

MD : Je remercie tous nos passagers et au nom de toute mon équipe, je présente toutes nos excuses pour tous les désagréments qu’on a pu leur causer. Aussi j’exhorte l’Etat à assurer le transport des personnes et de leurs biens en aidant ces bateaux à naviguer normalement et en bonne forme, car le bateau peut être la meilleure solution pour le désenclavement de notre pays.

Entretien réalisé par : Abdoulrazack MAIGA
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