Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Météo : Une saison humide annoncée au Sahel
Publié le lundi 4 mai 2020  |  Infosept
Comment




La saison des pluies 2020 devrait être globalement humide dans la zone sahélienne, avec des quantités de pluies supérieures à équivalentes aux moyennes saisonnières de 1981-2010. C’est ce qui ressort du Forum 2020 sur les prévisions saisonnières des caractéristiques agro-hydro-climatiques de la saison des pluies pour les zones soudanienne et sahélienne (PRSEASS - 2020) le 24 avril à Niamey.
« La saison des pluies 2020 serait globalement humide. En effet, des quantités de pluies supérieures à équivalentes aux moyennes saisonnières 1981-2010 sont attendues sur toute la bande sahélienne », indique un communiqué publié à l’issue de la rencontre, organisée en ligne en raison du Covid-19. Le forum a été organisé par le Centre régional AGRHYMET, l’ACMAD et les services météorologiques et hydrologiques (SMNH) des pays d’Afrique de l’Ouest et du Tchad, en partenariat avec l’Organisation météorologie mondiale (OMM).
Les prévisionnistes évoquent « un démarrage précoce à la normale, une fin tardive à la normale, des séquences sèches plus courtes en début de saison et moyennes vers la fin de saison ». Ils indiquent aussi que « des écoulements globalement moyens à supérieurs à la moyenne sont attendus ».
Plusieurs recommandations ont été émises à l’issue des travaux pour leur atténuation. Au regard des cumuls pluviométriques globalement supérieurs à la moyenne et des écoulements des cours d’eau excédentaires, les risques d’inondations sont élevés.
Pour atténuer ces risques sur les personnes, les animaux, les cultures et les biens matériels, il est recommandé de suivre de près les seuils d’alerte dans les différents sites à haut risque d’inondation, de renforcer la communication des prévisions saisonnières et la sensibilisation des communautés vulnérables.
Il est préconisé à cet effet d’impliquer les acteurs étatiques et les différentes plateformes de réduction des risques de catastrophe dans la chaîne de communication et de gestion des crises.
Les prévisionnistes recommandent également la prévention contre l’occupation anarchique des zones inondables, en particulier dans les zones urbaines, de renforcer la veille et les capacités d’intervention des agences en charge du suivi des inondations, de la réduction des risques de catastrophes et des aides humanitaires.
De même, ils préconisent le curage régulier des caniveaux d’assainissement et des exercices de simulation dans le cadre de la préparation des plans de réponses aux inondations.
Ils estiment par ailleurs « qu’il est très probable d’observer une incursion d’essaims de criquets pèlerins, à la faveur du démarrage précoce prévu pour la saison des pluies dans la bande sahélienne ».
Conjugué à la situation liée à la pandémie COVID-19, ce risque d’invasion acridienne pourrait aggraver le risque d’insécurité alimentaire pour des millions de personnes au Sahel et en Afrique de l’Ouest.
A cet égard, il est recommandé aux Etats de renforcer la surveillance vis-à-vis de l’invasion acridienne dans les zones à risque des pays de la ligne de front, et de maintenir la vigilance contre les autres ravageurs des cultures comme la chenille légionnaire.
En dépit du caractère globalement humide attendu pour la saison des pluies 2020, il est probable d’observer par endroit des déficits hydriques pouvant retarder la mise en place de la biomasse fourragère, entraîner des échecs de semis et affecter la croissance des plantes. Ces déficits hydriques pourraient aussi favoriser le développement d’insectes ravageurs des cultures.
A cet effet, il est recommandé de diversifier les pratiques agricoles, à travers notamment la promotion de l’irrigation, du maraîchage, pour réduire le risque de baisse de production dans les zones exposées, de veiller à une gestion intégrée des ressources en eau pour une meilleure prise en compte des différents usages.
D’autre part, pour réduire le risque de maladies liées à l’eau (choléra, malaria, dengue, bilharziose, diarrhée, etc.) dans les zones humides ou inondées, il est fortement recommandé de sensibiliser sur les maladies climato-sensibles.
Et compte tenu du caractère globalement humide attendu de la saison des pluies, il est recommandé aux agriculteurs, éleveurs, autorités, gestionnaires des ressources en eau et de l’hydro- électricité, projets, ONG et OP de soutenir le déploiement de techniques d’augmentation de rendements des cultures.
Mahamadou YATTARA

DIFFICILE COHABITATION ENTRE CRISE ALIMENTAIRE ET LUTTE CONTRE LE COVID-19 :
Le CILSS crie de toutes ses forces

La pandémie du COVID-19 masque une crise alimentaire et nutritionnelle majeure qui frappe déjà la région et pour laquelle l’urgence d’agir s’impose. L’irruption de la pandémie du COVID-19 pourrait occulter et aggraver une crise alimentaire et nutritionnelle majeure préexistante au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Des dizaines de millions de personnes sont menacées et la stabilité régionale pourrait être en jeu.
La région fait face à une superposition de plusieurs menaces affectant la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations les plus vulnérables. La campagne agropastorale 2019-20 a été globalement bonne avec une production céréalière de 74 millions de tonnes, en hausse de 12 % comparée à la moyenne des cinq dernières années. Cependant, des baisses importantes sont observées au Cap Vert (-80 %), en Gambie (-47 %), en Sierra Leone (-15 %) et au Niger (-6 %).
La situation pastorale est tendue en raison de déficits fourragers dans certains pays comme la Mauritanie, le Niger et le Sénégal, des mesures de restriction de la transhumance transfrontalière prises par certains pays, mais aussi l’inaccessibilité aux pâturages du fait de la crise sécuritaire. Les marchés de produits agricoles connaissent déjà une tendance haussière des prix qui pourrait s’accélérer avec les mesures de lutte contre le COVID-19.
L’environnement économique se dégrade sous l’effet de facteurs multiples. L’inflation et la dépréciation des devises locales affectent l’accès des ménages à une alimentation et une nutrition convenables en Gambie, en Guinée et plus particulièrement en Sierra Leone et au Libéria. De même, la chute des prix du coton et le risque de leur effondrement avec la crise sanitaire pourraient impacter dangereusement les économies locales des pays producteurs et fragiliser les revenus et les moyens d’existence des ménages. Les mesures prises pour limiter la propagation du COVID-19 (fermeture des commerces non essentiels, limitation de la mobilité) viennent aggraver cette situation économique déjà tendue. L’insécurité civile persiste dans le bassin du lac Tchad, au Liptako-Gourma, au nord et nord-ouest du Nigéria. Elle provoque d’importants flux de populations déplacées, la fermeture de nombreuses écoles et de centres de santé. Elle perturbe également le bon fonctionnement des marchés et entrave l’accès aux terres de culture et de pâturage. Dans les pays concernés, les arbitrages budgétaires entre urgences sécuritaires, sanitaires et alimentaires sont de plus en plus difficiles, voire impossibles.
Pendant que les gouvernements de la région affinent leurs stratégies et mobilisent des moyens pour contrer la pandémie du COVID-19, 17 millions de personnes, dont 7 millions pour le Nigéria seul, ont besoin d’une assistance alimentaire et nutritionnelle immédiate. Plus de 1 million d’entre eux sont en situation d’urgence. Si des mesures appropriées ne sont pas prises rapidement, les effets cumulés des crises sécuritaire et sanitaire pourraient faire basculer environ 51 millions de personnes supplémentaires dans une situation de crise alimentaire d’ici la soudure. La situation des pays les plus touchés par la crise économique mérite aussi l’attention des pouvoirs publics. C’est notamment le cas de la Sierra Leone qui, pour la première fois, enregistre près de 1.3 million de personnes en insécurité alimentaire et nutritionnelle. Malgré les efforts des États, la malnutrition aiguë persiste dans la région. Près de 2.5 millions d’enfants de moins de 5 ans sont touchés par le fléau dans le Sahel. La situation pourrait se dégrader rapidement avec les fermetures des écoles et des centres de santé du fait des crises sécuritaire et sanitaire. Les plans nationaux de réponse aux crises alimentaires définis par les pays souffrent d’année en année d’un déficit de financement. À peine 50 % des financements requis ont été mobilisés en 2019. La situation en 2020 nécessite un engagement politique fort et des moyens financiers plus conséquents. Les mesures de santé publique liées à la pandémie du COVID-19 constituent une sérieuse menace d’aggravation de la crise alimentaire et nutritionnelle. La crise sanitaire pèse lourdement sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle et aura de nombreuses implications.
Il est urgent d’agir immédiatement en s’appuyant sur des approches innovantes, anticipatives, flexibles et coordonnées, construites autour d’un leadership fort des organisations intergouvernementales (CEDEAO, UEMOA, CILSS).
Mahamadou YATTARA
Commentaires