Si le couvre-feu est l’une des mesures préventives de lutte contre la propagation de la pandémie de coronavirus, il est pour de nombreuses femmes un supplice et une source de violences conjugales. En tout cas c’est le constat des responsables de certaines ONG de défense des droits des femmes.
Il n’en fallait pas plus. C’est désormais une situation amère et de traumatisme qui minent de nombreux couples. En cette période de couvre-feu, et d’autres mesures drastiques comme la descente du travail à 14 h risquent d’être cauchemardesque pour de nombreuses femmes.
En effet selon Salif Zonou, coordinateur des associations des femmes battues, la situation est très critique. << Actuellement elles sont nombreuses à venir nous exposer leurs problèmes mais à visage couvert. Elles sont également nombreuses à ne pas être prêtes à convoquer leur mari aux commissariats ou devant les tribunaux pour les violences qu’elles subissent en cette période de couvre-feu >>, a-t-il indiqué. Selon ses dires depuis le début du couvre-feu, les appels téléphoniques anonymes pour les besoins de conseils se sont multipliés. « D’autres par contre sollicitent des solutions de médiation externes », dira t-il.
<< Ce jeudi 30 avril 2020, une femme qui avoisine les 40 ans, en larmes est venue dire que son mari veut la chasser de la maison qu’ils ont pourtant construite ensemble. On lui a demandé qu’est-ce qu’elle voudrait qu’on fasse pour elle ? Elle a affirmé qu’elle ne veut pour le moment pas entrer dans un bras de fer avec son époux. Et qu’elle a peur de la réaction de ses proches et de ceux de son mari. Et pour l’instant qu’elle envisage d’en parler à un oncle pour que celui-ci tente de raisonner son mari >> a-t-il souligné.
Il a aussi ajouté qu’il a reçu une femme qui dit que son mari a pris une machette contre elle. Et qu’il a fallu l’intervention des voisins pour qu’elle ait la vie sauve. Et selon ses dires, cette dernière a décidé d’entamer le processus de divorce.
Interrogé sur les différentes options de son ONG, il a mentionné que l’AFB a quatre services à savoir : la prise en charge juridique et judiciaire à travers des conseils ou avec des avocats au tribunal s’il y a lieu. Il y’a le volet santé qui prend en charge tous les dépenses liées aux violences physiques. Le volet AGR (activités génératrices de revenus) qui propose des solutions de travail pour les femmes battues. Et enfin le volet activités génératrices alimentaires qui consiste à faire des dons de céréales aux femmes démunies qui ont des problèmes dans leur foyers.
Avec en moyenne 10 femmes par jour, Mr Zonou affirme qu’avec le couvre-feu combiné au confinement, leur ONG a senti une légère augmentation de chiffre en termes d’appels téléphoniques. << La situation nous inquiète. Certaines femmes nous appellent pour nous dire que le comportement de leur mari a brusquement changé. Il y en a certaines qui ne cachent pas leur désarrois face au calvaire qu’elles subissent >>, a déclaré Zonou Salif.
Interrogé sur leur mode d’emploi, il dira que l’ONG l’association des femmes battues donne la priorité au dialogue comme stratégie de résolution des mésententes et incompréhensions. Et si la femme décide qu’elle veut coûte que coûte le divorce, nous mettons à sa disposition un avocat pour le bon déroulement du processus.
À l’en croire, la demande dépasse l’offre. << Nous sommes actuellement débordés. On a du mal à satisfaire toutes les demandes. Avec une insuffisance financière et technique, nous demandons à tous les leaders d’opinions de s’impliquer davantage en termes de sensibilisation afin d’éviter les violences de tous genres.
Quant à Mme Bouaré Bintou Founè Samaké, présidente de l’ONG Wildaf, les appels et les rencontres, en cette période spéciale, ont augmenté. Et toujours, selon ses propos, il y’a de fortes chances à craindre un pic de violences conjugales en cette période de couvre-feu.