Les urnes ont rendu leur verdict, le dimanche 19 avril 2020 pour le second et dernier épisode des législatives. Il s’agit d’une des plus agité des élections législatives au Mali, en témoignent les 79 requêtes introduites par les protagonistes. La cour constitutionnelle a rendu sa délibération irrévocable, le 30 avril 2020.
Le RPM, avec plus de 70 sièges parlementaires au sein de la législature sortante, se retrouve avec une cinquantaine d’élus. Cependant, il a confirmé sa suprématie représentative des formations politiques de la majorité présidentielle à l’Assemblée Nationale. En effet, avec une quarantaine de sièges, selon les résultats provisoires, il gagne 11 de plus, perd deux et fait profiter ses alliés, en occurrence l’Adema et l’URD. Il s’agit entre autres des circonscriptions électorales de Sikasso, Kati, les communes I, V et VI du district de Bamako. En effet, la cour sur des requêtes introduites par le parti au pouvoir a relevé une série d’irrégularités suffisantes pour annuler des opérations électorales dans les centres et bureaux de plusieurs circonscriptions électorales. Les motifs sont nombreux mais dans la plus part des cas, il s’agit du remplacement des présidents de bureaux de vote initialement nommés par les représentants compétents de l’Etat par des personnes qui ne figurent pas sur la liste des assesseurs dans les bureaux des circonscriptions électorales. Toute chose ayant permis de renverser la tendance en faveur de plusieurs candidats, éliminés par les résultats provisoires proclamés par le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation.
En commune I du district de Bamako, ou l’alliance RPM/Adema qui venait en seconde position contre l’alliance Prvn-Faso/Yelema, avec une différence de plus de 2000 voix, a été repêchée, après annulation des centres de vote de Doumanzana, Fadjiguila et Sikoro. Au motif que les opérations de vote ont été entre autres perturbés par des actes de violence commis par des partisans de l’alliance Yelema/PRVM, émaillés par des actes de violences orchestrés par les mêmes individus favorisant l’usage de bulletins prévôtés et des bourrages d’urnes au passage. Après recomptage, c’est finalement les candidats de l’alliance RPM/Adema qui sont déclarés députés.
En commune VI du district de Bamako, des bureaux de votes ont été également annulés. On y dénombre en tout 46 bureaux, dont 7 à Banankabougou, 6 à Dianeguéla, 18 à Faladiè, 20 à Niamakoro, 4 à Yirimadio et 1 Missabougou. En tête selon les résultats provisoires, avec 52,31%, l’alliance URD/LCD, perd finalement ses deux sièges au profit de l’alliance RPM/Adema.
A Kati, c’est dans la commune du Mandé que le scrutin a été entaché d’irrégularités. Tenez-vous bien, soit soixante-deux (62) sur soixante-seize (76) des bureaux de vote que compte la commune ont été annulés sur fond de remplacements illégaux des présidents de bureaux de vote par une décision sans signature mais revêtue du cachet du Secrétaire Général de la Mairie de la Commune du Mandé. Suffisant à ses yeux pour annuler les dits votes. La cour a cet effet, annulé 2 bureaux de vote à Dakana, Nafadji et Samanyana, 1 à Faraba, Kamalé, Koursalécoro, Kirina-Somono, N’Tanfara, Samalé, Katibougou, Samanyana-Somono et Kakelé, 4 à Djoliba, Samanko et à Kabalabougou , 14 à Kanadjiguila, 3 à Farabana et Koursalé et Samaya, 5 à Mamaribougou et 8 à Ouezzindougou. Toute chose qui a profité au trio RPM/URD/Adema, qui selon les résultats provisoires occupait la deuxième place avec quelques milliers de voix.
A Sikasso, le miracle de l’alliance RPM/Codem/URD est venu des communes de Lobougou, Kolokoba, Farakala, Kofan, Niena, Blendio, Benkadi, Kapala Kourma, Finkolo Ganadougou et Diomantenin. En effet, après examen des pièces du dossier, notamment les procès-verbaux du déroulement du scrutin, la cour dit avoir constaté de multiples irrégularités, qui ont sérieusement compromis la sincérité dudit scrutin dans les communes ci-dessus. Conséquences, elle a procédé à l’annulation de l’ensemble des bureaux de vote de ces dites localités, apparemment défavorables aux tisserands et alliés, déclarés vainqueurs.
Enfin, en commune V du district de Bamako, les pièces fournies dans la requête de l’alliance RPM/APR, la cour après examen a révélé la matérialité des irrégularités invoquées. Après avoir fait recours aux fiches de décomptes de la CENI pour rétablir la réalité des suffrages valablement exprimés dans certains bureaux de vote, elle a procédé à l’annulation des résultats issus des bureaux jugés incriminés et ordonné le recomptage des voix. 42 bureaux de vote seront ainsi annulés. Suffisant pour le 1er vice-président de la 5e législature de se tirer d’affaire et de siéger au sein de la 6e législature. Ce réajustement, pardon cet arrêt de la Cour Constitutionnelle donnant 51 députés au RPM confirme la suprématie du parti au pouvoir.
Si le RPM a gagné des sièges à la cour, il a également perdu deux à Bougouni. Le président de la commission des lois, Zoumana N’tji Doumbia et Bakary Togola étaient en lice contre la CDS de Blaise. Après l’annulation de 8 bureaux de vote, notamment à Diendio, Woman, Soliba, Faraba et Sanankourouni pour cause de manœuvres frauduleuses ayant consisté à recenser des votes fictifs de personnes absentes ou décédées, sur fond d’une requête introduite par l’alliance CDS/Adema, le célèbre prisonnier et son colistier de marque, ont vu s’envoler leur victoire, qu’ils avaient déjà commencé à fêter.