Suite à la propagation de la pandémie à coronavirus affectant plusieurs domaines en Afrique, à l’instar de la plupart des grandes puissances du monde, le fonds monétaire international (FMI) a donné des perspectives économiques spécifiques à la partie de l’Afrique subsaharienne. Cette étude effectuée par la plus grande institution monétaire internationale qualifie le Covid19 de menace sans précèdent contre le développement.
Le 9 avril dernier, l’Afrique du Sud, le Cameroun et le Burkina Faso étaient les plus touchés parmi 43 pays de la zone subsaharienne de l’Afrique, sur un total de 6 200 cas confirmés. Dans son analyse, le FMI a indiqué que si rien n’est fait pour circonscrire rapidement cette propagation, la pandémie à coronavirus risquerait de submerger les systèmes de santé déjà très fragiles. Voire une forte menace économique de faire trébucher la région et d’inverser les progrès constatés ces dernières années en matière de développement. Car, en plus du lourd tribut humain, du bouleversement des moyens d’existence et des dommages qu’elle cause aux entreprises et aux bilans publics, cette crise sanitaire pourrait assombrir les perspectives de croissance de la région dans les prochaines années. Et d’ajouter qu’aucun pays ne sera épargné cette fois-ci, contrairement aux précédentes crises qui avaient diversement touché les pays de la région.
Comme dans le reste du monde, cette crise sanitaire sans précèdent a précipité une crise économique dans la région, résultant de trois chocs de taille sur l’activité économique. De ce fait, le FMI a noté les strictes mesures d’endiguement et d’atténuation que les pays ont dû prendre pour limiter la propagation de la covid19, des mesures qui perturberont, selon lui, la production tout en réduisant nettement la demande.
Sachant que l’effondrement de la croissance économique mondiale et le resserrement des conditions financières ont aussi de fortes retombées sur la région. Ces effets vont être aggravés par la brusque baisse des cours des produits de base, notamment du pétrole, qui accentue déjà des difficultés dans certains des pays de la région, riches en ressources naturelles.
En conséquence, une contraction de 1,6 % de l’économie régionale est anticipée cette année, le pire résultat jamais enregistré, et une révision à la baisse de 5,2 points de pourcentage par rapport à nos prévisions d’octobre 2019.
Face à cette situation, cette étude nous révèle que les économies moins diversifiées seront les plus gravement touchées, y compris celles sous l’effet de la baisse des cours des produits de base et les mesures d’endiguement.
Parmi les pays pauvres en ressources naturelles, ceux qui dépendent du tourisme devraient connaitre aussi, selon le FMI, une forte contraction en raison des nombreuses restrictions des déplacements, au même moment où, les pays émergents et pré émergents subiront les conséquences de sortie de capitaux massives et du resserrement des conditions financières.
Des chocs violents qui compliqueront la situation sociale tout en aggravant les facteurs de vulnérabilité économique déjà présents. Sachant que la pandémie atteint les rivages du continent à un moment où la plupart des pays manquent d’espace budgétaire pour absorber un tel choc, les mesures que les pays ont dû prendre pour faire respecter la distanciation sociale vont immanquablement mettre en péril, selon l’analyse du FMI, les moyens d’existence d’innombrables personnes vulnérables. Dans ce contexte, il prime de prendre en toute urgence des mesures décisives pour limiter les pertes humaines et économiques et protéger les sociétés les plus vulnérables. Des mesures qui passent par l’adoption d’une politique budgétaire et monétaire solide accompagnée d’une solidarité internationale. Car, le FMI estime qu’il est indispensable d’apporter en temps voulu un soutien budgétaire temporaire et de grande ampleur pour protéger les personnes et les entreprises les plus touchées, y compris celles du secteur de l’informel.
La politique monétaire concerne la plus favorable à la croissance et des injonctions de liquidités permettant de contribuer à la survie des entreprises et des emplois en soutenant la demande. À ces mesures d’ordre interne, s’ajoute l’accompagnement de la communauté internationale, car, le FMI estime que la capacité des pays à mettre en place une riposte budgétaire requise dépend étroitement de l’apport, par la communauté financière internationale.
Des financements extérieurs élevés sous forme de dons ou de prêts confessionnels, à l’absence desquels des problèmes de liquidité temporaires risquent de se transformer en problème de solvabilité et de prolonger ainsi, les effets de la crise du covid19.
En effet sous réserve de ces mesures décisives exposées, la croissance dans la région devrait reprendre en 2021 pour avoisiner 4 %. Toutefois, l’ampleur du ralentissement en 2020 et la rapidité de la reprise dépendront, selon cette analyse de plusieurs facteurs, notamment l’interaction de la pandémie avec les fragiles systèmes de santé locaux, l’efficacité des mesures nationales d’endiguement et la vigueur du soutien apporté par la communauté internationale.