Le jeudi 30 avril la Cour Constitutionnelle, dans son arrêt n°2020-04/CC-EL du 30 avril 2020, a solennellement proclamé les résultats définitifs du second tour des législatives. Ces résultats, dans plusieurs circonscriptions, sont une nette inversion de ceux fournis par le ministère de l’Administration territoriale. Ainsi, les « Sages » sembleraient avoir tranché les contentieux électoraux en faveur du parti présidentiel en commune I, V et VI du District mais aussi à Sikasso, Kati, au détriment des autres formations politiques. Que d’aucuns ont qualifié l’arrêt de la Cour Constitutionnelle de politiques.
Manquant visiblement de professionnalisme, la Cour aura commis de nombreuses erreurs matérielles et fait preuve de grande légèreté dans le traitement des contentieux électoraux. Ce qu’il y a de pis : Les raisons invoquées par la Cour, pour justifier ces inversions de résultats, sont visiblement absurdes, fallacieuses qu’arbitraires. Ces accusations se justifieraient par les avis émis dans son arrêt du 30 avril, où la Cour n’a développé que des raisonnements hélas contradictoires pour trancher les contentieux selon qu’il s’agisse d’une circonscription électorale ou d’une autre.
Les « Sages » se sont également contentés de « manque de preuves » pour qualifier de nombreux recours de « mal fondés » ou de « sans fondement ». Ce qui a permis à la Cour d’annuler les opérations de vote dans plusieurs centres de vote, alors qu’elle n’a décelé la violation de la loi électorale que dans un seul bureau de vote. Par la même légèreté, les « Sages » ont aussi pris la grave décision d’annuler la totalité des votes de plusieurs centres de vote, au motif de « changement irrégulier des présidents de bureaux de vote par les Représentants de l’Etat ». Ou encore par le fait de la présence des loubards à la solde de certains partis politiques, la Cour a décidé d’annuler purement et simplement les opérations de vote dans des centres de vote.
« Dites-moi comment peut-on annuler des milliers de voix d’électeurs dans des centaines de bureaux de vote (Commune I, Kati, Koro, etc), au seul motif que le remplacement des Présidents desdits bureaux par les Représentants de l’Etat (Préfets, gouverneurs) a été fait en violation des textes en la matière? En quoi, les électeurs et leurs partis politiques sont-ils responsables des fautes administratives commises par les Représentants de l’Etat? Depuis quand la faute de l’Etat peut annuler de facto les droits dûment acquis par des citoyens? », s’est interloqué Dr Mahamadou KONATE, Professeur à l’EEMNK, dans une tribune.
C’est pourtant ce qui a constitué la quintessence des avis de l’arrêt n°2020-04/CC-EL du 30 avril 2020. Dont les Sages ont annulé les résultats des opérations électorales dans de nombreux centres et bureaux de plusieurs circonscriptions. Tels en Commune I, avec l’annulation des votes des centres de vote de Doumanzana, Fadjiguila et Sikoroni. En Commune IV, la Cour a procédé à la négation de 58 bureaux répartis entre différents centres. En commune V, des voix de 35 bureaux sont comptés nuls tandis qu’en Commune VI, ce sont 55 bureaux de votes qui ont vu leurs résultats annulés. Idem à Sikasso où des communes entières, 9 au total dont : Niena et Lobougou, ont été privées de leurs voix. Les circonscriptions de Kati, de Koro, de Bougouni n’ont pas échappé à ces annulations de voix.
Une situation qui a poussé des populations de Sikasso, Bougouni, Mopti, Kati comme certains quartiers de la Commune I, de la commune V à manifester violemment. Notre pays, déjà plongé dans une crise d’insécurité et paralysé par la pandémie du Covid-19, avait-elle besoin d’une autre crise, cette fois-ci occasionnée par le fricotage, l’amateurisme,… de la Cour Constitutionnelle ? Parce que ses Conseillers ont gravement manqué de « sagesse » ?