Le chef de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé a été enlevé dans son fief de Nianfunké il y a six semaines. Depuis, aucune nouvelle de l'opposant en dépit des tractations en cours. D'où l'inquiétude de ses proches.
C’est toujours l’inquiétude chez les proches de Soumaïla Cissé (tête de file de l'URD, parti d'opposition au Mali). L'homme politique est aux mains de ses ravisseurs depuis six semaines maintenant, il a été enlevé dans le nord du pays. L'identité des responsables du rapt n’est pas officiellement connue.
"À ce jour, aucun proche de Soumaïla Cissé, ni aucun camarade, aucun membre du gouvernement ne peut dire de façon certaine qu'il est en vie, et dans quelle condition il est détenu. Je constate simplement qu'il y a un comité qui a été mis en place, de longues semaines après. On ne sait pas trop comment ça fonctionne. Il n'y a pas de communication là-dessus", regrette l'ancienne ministre malienne des Affaires étrangères, Sy Kadiatou Sow.
Elle a été la directrice de campagne de Soumaïla Cissé à l’élection présidentielle de 2002.
Une inquiétude partagée par le politologue Moussa Sidibé qui craint pour la sécurité et l’intégrité physique du président de l’Union pour la République et la démocratie. C’est pourquoi, il invite les autorités politiques à mieux communiquer au sujet de ce rapt inédit.
Absence pour la rentrée parlementaire?
Le gouvernement malien a mis en place une cellule de crise dirigée par l’ancien Premier ministre Issoufi Maiga.
Moussa Mara a été Premier ministre du Mali entre 2014 et 2015. Réélu député dans la commune IV de Bamako, il regrette l’absence de Soumaïla Cissé lors de la prochaine rentrée parlementaire, s’il n’était pas libéré entre temps.
Selon lui, "au moment où l'Assemblée nationale est appelée à siéger pour la première fois le lundi 11 mai, Soumaïla Cissé a toute sa place dans cette Assemblée. Je rappelle qu'il a été élu dès le premier tour. Son siège sera vide. Et ce sera une honte pour l'ensemble des élus et des élites de la République. Maintenant, nous comptons sur le gouvernement et toutes les bonnes volontés pour travailler à sa libération le plus tôt possible.
Implication de l’ONU
La mission de l’ONU au Mali s’est impliquée très tôt dans les démarches en vue de la libération de Soumaïla Cissé.
"C’est nous qui avons envoyé un avion pour chercher le corps de son garde du corps et l’amener jusqu’à Bamako se faire enterrer. Son épouse même était restée à Niafunké (le fief de Soumaïla Cissé où il a été enlevé). On a envoyé un avion spécial pour prendre son épouse. Donc nous intervenons sur le plan humanitaire. Mais, de l’autre côté, nous discutons avec le gouvernement. Nous échangeons également. Il a créé même un comité et nous les accompagnons", affirme Mahamat Saleh Annadif, le patron de la Minusma.
Contactés par la DW, les membres de la cellule de crise n’ont pas souhaité s’exprimer sur les tractations en cours pour retrouver et faire libérer le président de l’Union pour la République et la démocratie, dont le parti conserve son statut de chef de file de l’opposition parlementaire, à l’issue des dernières élections législatives de mars et avril dernier.