Même si, en ce moment, l’effort de guerre tend vers la lutte contre la pandémie du Covid-19, il ne faut surtout pas oublier que le monde fait face aussi au terrorisme de l’extrémisme violent. Les pays du Sahel sont particulièrement touchés par ce fléau. Des forces armées étrangères, à leurs têtes la France, luttent tant bien que mal contre les terroristes qui minent la région. Cependant, depuis le début de l’année, alors que la France souhaitait étendre le cercle de pays partenaires dans cette guerre, les USA, leurs alliés de premier rang, songent à réduire leur présence dans la zone. Du coup, l’Elysée se fait de la bile, et jusqu’à l’heure, le Pentagone n’en pipe mot.
La mort de deux légionnaires de la force Barkhane (Dmytro Martynyouk et Kévin Clément), en l’espace juste de quatre jours, rappelle la triste réalité du moment. C’était les vendredi 24 et le lundi 27 avril.
La vérité largement méconnue en Afrique subsaharienne, est que la France se sent bien seule dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Les pays de la zone trainent derrière eux des années de délaissement de la chose militaire et une parfaite ignorance de la géopolitique locale ; et au niveau des pays occidentaux, l’on s’en lave les mains préférant faire face aux obligations domestiques. Et si, en plus de ce tableau peu luisant, les US, alliés indispensables de la force Barkhane, songent à réduire leur présence militaire, c’est le cauchemar qui prend vie.
Et pourquoi donc, les Etats-Unis d’Amérique songeraient à réduire leur présence militaire en Afrique, eux qui ne consacrent que 3% de leur force en Afrique ? Pourtant, première puissance militaire au monde, ayant largement les moyens d’y maintenir sa présence, voire de la renforcer, le président américain ne jurerait que par « America first ». Et ce, jusqu’à l’extrême. Même si, pour l’instant aucune décision n’est prise, la simple évocation d’une telle idée suscite l’effroi au sein du commandement de Barkhane. Au niveau aérien, sans l’aide logistique du pays de l’Oncle Sam, la France devrait engager toute sa flotte. Rien que ça ! Sans compter également, les exercices d’entrainement flintlock dispensés auprès de soldats africains.
Donald Trump, président instable et imprévisible, peut à n’importe quel moment prendre la décision de réduire considérablement la présence militaire américaine au Sahel, en méprisant les conséquences sur le terrain. Après tout, prendre des décisions en solitaire, sans se soucier des probables effets néfastes, n’est-ce-pas sa marque de fabrique ? A titre de rappel, il n’a pas hésité à retirer le pays de l’accord sur le nucléaire iranien, de l’accord sur le climat. Et tout dernièrement, il a suspendu la contribution américaine à l’OMS. Au regard de tous ces éléments, les craintes de la France sont légitimes.
Une chose semble sure, la présence de forces étrangères au Sahel est partie pour durer. Mais, elle aura beau duré, en sera-t-elle indéfiniment ? Quel sera la réaction des pays concernés quand ce sera le cas ? Autant de questions qui reste sans réponses jusqu’à l’heure.
Ahmed M. Thiam