• Maliennes et Maliens.
En droite ligne de l’adresse historique à la nation du Président de la République Son excellence Ibrahim Boubacar KEITA, le 10 avril dernier, le Conseil de Défense Nationale s’est réuni, comme vous le savez, hier vendredi 8 mai 2020, en session extraordinaire, avec pour seul ordre du jour : le point sur la Pandémie du COVID-19 dans notre pays.
Il s’agissait de voir le chemin parcouru depuis le 23 mars où les premiers cas de Coronavirus étaient officiellement déclarés sur notre territoire. Nous avons évalué ce que nous avons fait de bien et ce que nous avons fait de moins bien, ce que nous n’avons pu faire et ce qu’il nous reste à faire.
Il y a à s’entendre sur comment le faire, avec qui le faire et où le faire.
Ce que nous pouvons dire à ce sujet, est que le mal sévit parmi nous. Le rapport du Conseil scientifique présenté au Conseil est à la fois succinct et édifiant. Il nous dit qu’à des degrés divers, il se trouve pratiquement dans toutes nos régions administratives.
Nous frôlons les 700 cas confirmés de Covid 19 avec plus de 2000 personnes-contacts suivis, un peu moins de 300 guérisons, et nous déplorons hélas 35 décès. Avec 88% des cas, le District de Bamako est l’épicentre de cette terrible pandémie. La tranche d’âge des « 35-54 ans » est la plus touchée avec près de 40% des cas d’infections.
Cette catégorie est suivie par celle des « 55 ans et plus » avec un peu moins de 35%. Puis, vient la tranche d’âge des « 15-34 ans » qui représente 24% des personnes contaminées. Les hommes sont deux fois plus touchés que les femmes, aussi bien pour l’infection que pour la mortalité. Et la répartition des cas et des décès par semaine épidémiologique ne laisse la place à aucun doute : le coronavirus progresse chez nous à un rythme qui est à la mesure des défis.
Le premier des défis est notre capacité à faire des tests. A ce jour, ce sont près de 3000 tests qui ont été réalisés, dans quatre laboratoires, tous à Bamako. D’où la nécessité de renforcer les capacités de tests et de prises en charge dans nos régions.
Ce renforcement est en cours à travers l’effort du Gouvernement mais également l’accompagnement de certains de nos partenaires.
Demain matin, atterrira à l’aéroport International Modibo Keïta Bamako – Sénou, un avion envoyé par son altesse Cheick Mohamed Bin Zayed, prince héritier des Emirats Arabes Unis, avec à son bord, 10 tonnes de matériels dont 5.000 tests.
• Mesdames et messieurs.
Tel est le tableau de l’épidémie du COVID-19 au Mali à ce jour.
En le comparant à d’autres pays, certains peuvent s’en consoler. Ce n’est pas le cas du Gouvernement. Car, celui-ci sait que le 17 mars 2020, date du premier Conseil National de Défense exclusivement dédié au COVID-19, notre pays ne comptait encore aucun cas de contamination.
Il sait que six jours plus tard, le premier cas était signalé. Et il sait enfin qu’il a pris moins de deux mois pour avoir 700 malades.
Le message est très clair. Il invite à plus d’action, une action soutenue, cohérente, décisive, volontariste, sans aucune volonté de nuire, et avec pour seul souci le bien-être de nos frères et sœurs, de nos parents, de nos enfants.
Ainsi, après une évaluation rigoureuse du chemin parcouru et un examen minutieux des corrections à apporter autant que des mesures à renforcer, le Conseil national de Défense du vendredi 8 mai 2020 a-t-il préconisé :
- Premièrement, le port obligatoire du masque dans les espaces publics;
- Deuxièmement, la prorogation jusqu’au 2 juin prochain de la fermeture des écoles primaires, secondaires et supérieures ;
- Troisièmement, la levée du couvre-feu sur l’étendue du territoire national.
Le Programme présidentiel « Un Malien, un masque » est en cours, comme vous avez eu à le constater. Je prends ici l’engagement qu’il sera une réalité tangible et vérifiable dans le plus proche avenir.
Pour que les masques puissent être disponibles sur place, nos tailleurs, nos artisans, nos militaires, qui sont déjà à l’œuvre, seront davantage sollicités. Le défi de produire des masques réutilisables ici au Mali, pays de coton et de créativité, sera relevé.
Simultanément, le Gouvernement intensifiera le plaidoyer pour que le port du masque soit un réflexe partagé par tous. A cet effet, une stratégie de proximité sera mise en œuvre afin que chaque femme, chaque homme, chaque enfant de ce pays s’approprie le masque comme principale barrière contre la pandémie, comme moyen privilégié de se protéger et de protéger les autres.
Dans une culture comme la nôtre, où nous sommes tous des cousins et cousines , le port du masque est une manière efficace d’observer la distanciation physique requise pour vaincre un mal qui a mis à genoux le système sanitaire et l’économie des pays parmi les plus puissants au monde.
L’expérience de pays asiatiques qui ont su dompter le COVID 19 montre à suffisance que le meilleur confinement c’est le masque, que la meilleure prévention c’est le masque.
Sur les instructions du Président de la République, le Gouvernement redoublera d’efforts afin de tester toutes les personnes-contacts identifiées et de les prendre en charge au besoin.
Nos moyens sont justes parce qu’ils sont ceux d’un pays en guerre contre l’insécurité et le sous-développement. Mais nous tenons à élargir nos capacités et nos compétences pour mieux relever les défis induits par le COVID. Nous pouvons faire beaucoup plus et beaucoup mieux. Et nous le ferons.
• Maliennes et Maliens.
Lors de ce Conseil national Défense et avant ce Conseil, à chaque fois qu’il a eu l’occasion d’aborder le sujet, le Chef de l’Etat a insisté sur le devoir de compassion avec les couches les plus vulnérables de notre population.
Toutes les mesures sociales contenues dans l’adresse présidentielle du 10 avril seront entièrement mises en œuvre. Le Chef de gouvernement que je suis s’emploiera non seulement à accélérer l’application mais également à diligenter l’évaluation de l’exercice, une évaluation à laquelle seront associées d’autres parties prenantes, dont des agents des municipalités, des chefferies de quartiers, des représentants des ménages, des associations de consommateurs.
L’Opération de distribution gratuite de vivres aux familles les plus démunies est à l’œuvre, comme vous avez pu le constater, dans le District et à Kayes, touchant 1.350 000 personnes pour 14 000 tonnes. L’objectif des 56 000 tonnes annoncées par le Chef de l’Etat sera réalisé dans les semaines qui suivent, avec là aussi, l’accompagnement de certains de nos partenaires comme lq Banque mondiale et l’Agence française pour le Développement (AFD).
Le Président français, Emmanuel Macron a annoncé ce matin, une contribution financière de 3 milliards de francs CFA à cet effet, lors d’une conversation téléphonique qu’il a eu avec le Président de la république, SEM Ibrahim Boubacar Keïta.
L’apurement de la dette intérieure dont le montant s’élève à plus de 110 milliards de nos francs, commencera à partir de la semaine prochaine, les mandats de 2019 s’élevant à un peu moins de 66 milliards FCFA contre près de 45 milliards pour ceux admis du 1er janvier au 30 avril 2020. La permettra d’améliorer la trésorerie de nos entreprises, en plus des autres mesures de soutien à l’activité économique.
Chaque engagement pris par le Président de la République sera tenu. Aucun ne sera négligé. Du reste, le Gouvernement s’y emploie activement déjà.
Le Gouvernement se surpassera. Il est obligé de se surpasser car il sait que la solidarité avec les familles qui souffrent des conséquences de la pandémie n’est pas facultative mais impérative.
Et en ce qui me concerne, fort du soutien de la compétence et du volontarisme de tous les ministres, je m’assumerai entièrement pour que l’effort du gouvernement soit mieux senti.
Pour ce qui est des frontières, le Mali ne décidant pas seul, elles restent fermées.
• Mesdames et messieurs.
Je tenais à partager avec vous ce moment d’échanges basés sur la vérité. La vérité est que le virus est dans notre pays, parce qu’il voyage énormément.
Du reste, nulle nation n’est épargnée. Nul Etat n’est épargné. Nulle communauté n’est épargnée.
Rien n’aura autant chamboulé nos vies que ce virus devant lequel le monde entier tremble.
Certes, ici chez nous comme dans d’autres pays africains, deux mois après son apparition, le mal aura jusque-là fait moins de dégâts que ne le craignaient les spécialistes. Nous espérons que cela durera.
En ce mois béni de ramadan, nous devons tous prier pour que notre pays assailli par déjà trop d’autres défis, paye le prix le moins lourd possible à cette terrible pandémie.
Mais l’action est la plus grande prière que nous pouvons nous faire. Alors agissons, agissons sans tarder. Abandonnons les postures de défiance ou les propos obscurantistes.
Méditons le seul fait que les lieux saints de l’Islam sont fermés et que les Lieux saints du christianisme sont fermés, et que de tels précédents remontent très loin dans l’Histoire. Nous devons donc veiller davantage sur nous-mêmes.
Nous devons rester en vie pour nos enfants, nos conjoints, nos parents, et pour notre pays qui a besoin de chacun de ses enfants.
Respectons les gestes-barrières. Portons le masque et observons l’ensemble des consignes des autorités sanitaires.
C’est le message que le Président de la République me charge de vous transmettre en insistant que je vous parle à mon tour.
Il vous a parlés. Il vous parle depuis longtemps. Il vous parle tous les jours sur la question du coronavirus. Vous le voyez tous les jours répéter les gestes qui sauvent. Imitons-le ! Car il n’a qu’un seul agenda : nuit et jour, le bonheur et le confort du peuple, de notre peuple.
Le Gouvernement du Mali aussi n’a qu’un agenda : le bonheur et le confort du peuple, de notre peuple. Il n’y dérogera pas. Car il sait l’enjeu, il sait l’extrême gravité de ce moment, où sa première priorité doit être de gagner son combat contre le COVID, sa deuxième priorité de gagner le combat contre le COVID et sa troisième priorité de gagner le combat contre le COVID.
En restant concentré, et en restant mobilisé !
Ramadan kareem !
Vive le Mali !
Bamako, le 09 mai 2020
Dr. Boubou Cissé,
Grand Officier de l’Ordre National.