Badou, la fumée blanche, vient de s’élever cette semaine dans le ciel bleu du Centre International de Conférence de Bamako (CICB) le 11 mai 2020 aprèsplusieurs tentatives de tenir les élections législatives. Moussa Timbiné est le tout nouveau jeune occupant du perchoir de cette 6ème législature. Mais attention, cette législature est en décalage avec le mandat du Président IBK ! C’est presque une première dans l’ère démocratique au Mali.
Badou je fais mienne la mise en garde faite par Mohamed MebaTembely dans les Échos hebdo No 1588 du 8 mai 2020.
L’heure est grave. Chaque tictac de l’horloge ramène le Mali vers des rivages incertains. La précarité, l’insécurité généralisée, la peur du lendemain, la marmite vide et les poches trouées, etc. ; constituent le labyrinthe dans lequel des millions de Maliens se retrouvent pris au piège. En raison même de cela, l’Assemblée Nationale se doit d’être un vrai contre-pouvoir, un réel contrepoids et un exigeant surveillant-censeur de l’action du gouvernement. Conformément aux prérogatives que lui confère la Constitution, elle a l’obligation légale et morale de ne pas applaudir pour tout, de ne crier « blanc » parce que Versailles pense que « c’est blanc ».
Dans les rangs de la mouvance majoritaire, le suivisme inconditionnel et l’acceptation aveugle de « tout ce qui vient d’en haut » ne doivent plus être une logique de droit. Même s’il est admis que les partis ont un devoir de solidarité vis-à-vis de leurs groupes parlementaires, un député doit avoir le courage et le sens moral de s’opposer aux « décisions qui ne servent pas l’intérêt de la nation ».
Cette remarque vaut surtout pour le parti ADEMA-PASJ qui depuis 15 ans, s’est étonnamment auto-éviscéré du courage politique et de l’intrépidité qui formaient sa physiologie. Passant de vaisseau-amiral à navire second, de mentor à disciple rangé, donnant leur bénédiction à tout ce que Versailles entreprend, la formation de l’abeille s’est résolue à exister uniquement pour « vivre la vie de tout parti qui se trouve au pouvoir ».
A présent, les défis incommensurables et les périls multiformes qui se dressent sur le chemin de notre République doivent exhorter chacun de nos élus, et chacun de nous, à privilégier l’amour du Mali. Et, nonobstant les arguments de ceux qui estiment et pensent (à tort) que les élites doivent être mises à l’abri de toutes critiques, le langage de vérité doit être seriné pour le salut de la patrie.
Est-ce un manque de respect que de rappeler à un député, à un ministre ou à tout serviteur de l’Etat ses responsabilités ? Non !
Est-ce un sacrilège que d’attirer l’attention de nos gouvernants sur les failles, les insuffisances et les aspects inacceptables de leur attitude commune ? Tant s’en faut.
Et, est-ce une inconduite que de dire aux élus actuels d’un parti historique leur posture condamnable face aux enjeux de la nation et aux attentes du peuple ? En toute objectivité, non !
Le temps de la responsabilité générale trop longtemps reporté, le moment de « l’intérêt supérieur de la nation » mille et une fois refoulé, l’heure du courage de s’assumer en « votant les textes qui servent » et en « mettant son veto aux initiatives sans fondement », constituent le costume de l’honneur que chaque député doit maintenant revêtir et surtout éviter de récolter la défaite et le déshonneur.
Badou, je doute si les députés peuvent agir ainsi !