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République islamique de l’Azawad : L’utopie d’un rêve nourrit par le MNLA et Ançar Dine
Publié le mardi 19 juin 2012   |  L'Inter de Bamako




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Annoncée sur fond d’une dynamique propagande médiatique, la fusion entre la rébellion touareg et le groupe islamiste Ançar Dine dans le nord du Mali visiblement a lamentablement échoué. Ce qui se comprend aisément puisque ces deux mouvements partagent très peu de valeurs dans la réalité. A commencer par l’application de la Charia, la loi islamique. A l’image de cette fusion, la création d’une République Islamique de l’Azawad relève d’une grande utopie.

Même si cette fusion se réalisait, la création d’un Etat islamique dans cette région relève de l’utopie. Le MNLA l’a déjà appris à ses dépends en proclamant la République de l’Azawad en avril dernier. La création d’un Etat, islamique ou non, répond à des critères juridiques qu’ils ne sont pas en mesure de satisfaire en ce moment.
L’existence d’un territoire incontesté, la présence d’une population acquise à cette cause et la reconnaissance internationale sont les trois conditions cumulatives et constitutives d’un Etat. Et il n’est pas évident aujourd’hui que ces «alliés de circonstance» puissent les remplir.
Historiquement, toutes les sources s’accordent à reconnaitre que les trois régions du septentrion malien (Tombouctou, Gao et Kidal) ont toujours appartenu à l’Etat malien. L’actuel Mali est le berceau de grands empires connus et reconnus à travers le monde entier. Il s’agit notamment des empires du Ghana, du Mali et du Songhoy dont Gao était la capitale. L’Azawad n’a pas d’existence historique comme empire à plus forte raison comme un Etat. C’est juste une région naturelle comme il en foisonne au Mali (Kénédougou, Folona, Wassoulou, Karta…).
Et les Touaregs y sont très minoritaires. En effet, du point de vue population, les trois régions du septentrion malien regroupent environ 1,3 millions (1.303.560), habitants soit 11,61% de la population malienne. Multiethnique et multiconfessionnelle, à l’image du reste du pays, la population locale est composée de songhaïs (majoritaires), de maures, d’arabes, de peulhs, de touaregs, de bozos et de bambaras. «Tous ces groupes ethniques, hormis une infime minorité de la communauté touarègue, sont et demeurent fidèles à l’Etat malien malgré leur situation de détresse qui suscite d’ailleurs une solidarité nationale sans faille», révèlent plusieurs sources proches des ONG, qui y ont longtemps servi, et des chancelleries à Bamako.

Des criminels en puissance et non des libérateurs
Sans compter que, en occupant les trois régions du Mali, les groupes armés se sont livrés à de flagrants délits de pillages des hôpitaux, des banques, des écoles des banques de céréales… Aux yeux des «futurs citoyens» de leur Etat virtuel, ils passent donc pour des envahisseurs sans scrupule et non des libérateurs.
«Le Mali est un pays démocratique, qui ne connaît pas de discrimination, ni ethnique, ni religieuse, ni régionale, ni communautaire. Mais, il y a des gens qui ne travaillent pas et qui veulent tout obtenir avec des armes. Cela n’est pas possible ! Des efforts réels ont été déployés au Nord par les différents gouvernements pour réduire les disparités tant au niveau des infrastructures éducatives que sanitaires. Il reste beaucoup à faire. C’est pourquoi nous demandons toujours le soutien et l’accompagnement des parlementaires européens…», a déclaré l’honorable Assarid Ag Imbarcaouane, premier vice-président de l’Assemblée nationale du Mali, devant le Parlement européen à Strasbourg (France). Il est aussi l’une des notabilités touarègues les plus influentes à tous les niveaux.
Comme il l’a souligné devant une assistance médusée, tous ceux qui revendiquent aujourd’hui l’indépendance de l’Azawad ont été associés à la gestion des affaires (ministres, hauts cadres, députés, diplomates, officiers supérieurs de l’armée malienne…) par les différents régimes de la République du Mali. Et d’après une notabilité influente de la zone convoitée par les irrédentistes et les salafistes, «l’alliance annoncée entre Ançar Dine et MNLA Touareg est un crime contre l’humanité que toute personne saine doit rejeter. Je demande à mes frères Touaregs de ne pas tomber dans un piège mortel dont l’issue est la dépersonnalisation, l’isolement, le sadisme, la mort et la perte de tous les acquis de l’islam d’aujourd’hui et surtout de demain. Je demande à toute personne, à toute Nation éprise de paix d’aider à briser cette union criminelle à temps».

Condamnation unanime de la communauté internationale
Au nom de qui alors le MNLA et Ançar Dine veulent fonder leur République islamique de l’Azawad ? C’est la question que les Maliens et une grande partie de l’opinion nationale se posent aujourd’hui. Ils ne peuvent pas en tout cas compter sur une reconnaissance internationale (3e condition pour la création d’un Etat). Bien au contraire, ils ont plutôt droit à des condamnations fermes.
A commencer naturellement pas le gouvernement de transition de Bamako.
«Nous rejetons catégoriquement et absolument une république islamique au Mali. Je voudrais vous dire que le Mali est un et indivisible. La constitution malienne indique que le Mali est une République laïque. Voilà les deux points sur lesquels nous voudrons insister au Mali. Nous sommes un pays laïc. Cela veut dire que toutes les religions qui coexistent sont tolérées et acceptées. Nous sommes un pays, un et indivisible, cela veut dire qu’il n’est pas question d’accepter la partition de notre pays», s’est défendu l’Etat malien.
L’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA) ont aussi naturellement rejeté cette «déclaration d’indépendance» toute en réaffirmant leur «détermination à préserver l’intégrité territoriale» du Mali. C’était au terme de la 5e réunion annuelle de leurs comités de politique et de sécurité (PSC) à Bruxelles (Belgique). C’est d’ailleurs à juste titre que l’UE pense que : «L’implosion du Mali aurait des conséquences désastreuses sur les pays voisins comme le Niger, la Mauritanie et le Sénégal… le pays étant marqué par la présence d’un groupe terroriste international… Les conséquences du conflit libyen n’ont été nulle part aussi désastreuses qu’au Mali coupé en deux après le coup d’Etat du mois de mars…Un effet domino frapperait également l’Algérie, le Burkina Faso et même la Libye».
Et ce ne sont pas sur les nations unies que les rebelles et les islamistes doivent compter. Après avoir investi des immenses moyens (humains, logistiques, financiers…) dans la lutte contre le terrorisme un peu partout dans le monde, notamment en Afghanistan et au Pakistan, ce ne sont pas les Etats-Unis qui vont soutenir la naissance d’un Etat islamiste adossé à Al Qaïda dans une région aussi sensible que la bande sahélo-saharienne.
Les dirigeants de ces puissances occidentales doivent d’ailleurs se préparer à être interpelés par leurs opinions nationales pour avoir facilité la victoire des intégristes musulmans dans le Maghreb par un soutien accru au «Printemps arabe».
Même si les occupants créent un «Etat islamique de l’Azawad», il restera fictif. En réalité le projet de fusion en discussion entre Ançar dine et le MNLA semble être beaucoup une liaison tactique.
La seule crainte du gouvernement malien et de ses soutiens, en cas de fusion, c’est de se heurter à une farouche résistance si la guerre s’impose comme seul moyen de restaurer l’intégrité territoriale du pays.

Aïssata BA

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