Son stage à Castelnaudary, la maison mère de la Légion étrangère, ça ne lui plaisait pas trop, à Kevin. Passer brigadier, d'accord, mais ce qu'il voulait c'était partir au Mali. Il lui fallait de l'action. Depuis son engagement le 15 septembre 2017, il s'était baladé, avait vu du pays, en Martinique, en Guadeloupe et en République dominicaine, mais ce n'était pas encore l'aventure à laquelle il aspirait. Autant dire qu'il a été content quand son régiment l'a rappelé au bout de dix jours : « Je l'ai eu au téléphone, il m'a dit 'ça y est papa, je pars au Mali !' » Jean-Marc Clément ne peut rien dire, même si, comme tout parent, il ressent un peu d'appréhension à savoir que son jeune fils part là où ça se bat vraiment. Lui-même était légionnaire.
Même régiment, le 1er REC (Régiment étranger de Cavalerie), aujourd'hui à Carpiagne mais que lui a connu à Orange, et même escadron : « J'étais très fier, je l'ai toujours soutenu. Bien-sûr j'en parlais beaucoup, il admirait ça. » Kevin est tombé le lundi 4 mai au matin, lors d'un accrochage avec les islamistes de l'EIGS (Etat Islamiste au Grand Sahara), filiale de Daech, qui en reproduit la violence et les méthodes, dans la région du Liptako Gourma, dite « des trois frontières ». Son peloton opérait côté Malien, dans une vaste opération de harcèlement contre des terroristes qui passent en permanence du Mali au Burkina Fasso et au Niger. De plus en plus sous pression, l'EIGS multiplie les «