Peut-on déjà raisonnablement parler de bilan de la pandémie de coronavirus dans le monde ? L’exercice semble prématuré pour, entre autres, deux raisons principales : la courbe de la maladie s’aplatit certes progressivement mais n’est pas encore enrayée, et le mode de calcul des victimes diffère d’un pays à l’autre quoique l’OMS a fait des préconisations dans ce sens. Pour le moment, malgré la volatilité des chiffres, les bilans communiqués quotidiennement par différentes sources semblent crédibles.
Ainsi, à la date du vendredi 15 mai 2020, 188 pays sont touchés par la pandémie et 4,3 millions de personnes ont été affectées. Si 1,62 million de personnes ont complètement guéri, on enregistre malheureusement plus de 300.000 décès dus au nouveau coronavirus. L'Europe, avec 1,62 million de cas et 152.233 décès, paie le plus lourd tribut à la maladie.
Dans le détail de ce décompte macabre, les États-Unis tiennent le haut du pavé avec 84.136 décès pour 1.390.764 cas et 243.430 personnes déclarées guéries. Suivent, dans l’ordre, le Royaume-Uni avec 33.186 morts pour 229.705 cas, l'Italie avec 31.106 morts (222.104 cas), l'Espagne avec 27.321 morts (229.540 cas) et la France avec 27.074 morts (178.060 cas).
La Chine (sans les territoires de Hong Kong et Macao), où l'épidémie a débuté fin décembre, a officiellement dénombré au total 82.929 cas dont 4.633 décès et 78.195 guérisons.
Au plan régional, l'Europe totalisait jeudi à 13h 161.406 décès pour 1.815.627 cas, les Etats-Unis et le Canada 89.545 décès (1.463.042 cas), l'Amérique latine et les Caraïbes 24.355 décès (426.321 cas), l'Asie 11.449 décès (327.360 cas), le Moyen-Orient 7.888 décès (248.664 cas), l'Afrique 2.490 décès (72.746 cas), et l'Océanie 126 décès (8.330 cas).
Certes, il est peut-être trop tôt d’applaudir les performances africaines face à la maladie. Mais il est indéniable que, en gros, le continent fait mieux que se défendre. Les oiseaux de mauvais augure qui avaient prédit une catastrophe sanitaire pour le continent en sont pour leurs frais. Et il faut espérer que le coup de semonce de la pandémie sonne durablement le tocsin sur le continent.
Malgré le déconfinement amorcé presque partout fin avril-début mai, la pandémie reste encore et toujours une grave source de préoccupation pour les autorités politiques et sanitaires mondiales. D’où le débat récurrent sur l'imminence d'une deuxième vague de l'épidémie de coronavirus. Si la population parait plus sensibilisée aux risques, et que l'impact du réchauffement des températures reste inconnu, les chercheurs restent prudents quant à l’éventualité d’un rebond.
Toute la communauté scientifique mondiale garde un œil grand ouvert sur l'Allemagne et la Corée du Sud qui ont été amenées à rétablir des restrictions après de nouveaux cas de contamination. Mais en gros, même si les spécialistes restent prudents, ils n’envisagent pas cette redoutée seconde vague. Pour une des rares fois, ils sont en phase avec les politiques qui gardent le pied sur la pédale de frein, rappelant régulièrement aux populations que l’effectivité du déconfinement sera fonction des indicateurs de base sur lesquels ils travaillent depuis le début de la crise.
Quant à ces dernières qui n’ont aucune envie de retourner entre quatre murs, elles mettent un point d’honneur à respecter les mesures barrières dont la fameuse distanciation sociale. Selon Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l’Hôpital Tenon à Paris, tous les outils sont en place pour éviter la deuxième vague. S’exprimant sur Europe 1, cet infectiologue déclarait notamment : « On est toujours très prudents, mais là, on est dans une situation très différente, avec une population qui a été sensibilisée. Les gens vont globalement appliquer ces mesures, et cela aura un impact sur la diffusion du virus. À condition, toutefois, que ce civisme sanitaire soit respecté dans le temps.
Pour d’autres infectiologues, la saisonnalité du virus reste encore à prouver. En outre, ils soutiennent qu'avec des températures plus élevées et des lieux de vie plus ouverts sur l’extérieur, le Covid-19 devrait avoir plus de mal à se propager.
Selon Jean Sibilia, doyen de la faculté de médecine de Strasbourg, la deuxième vague ne devrait en tout cas pas être pour tout de suite. « Il y a des scénarios optimistes, d'autres qui le sont moins, avec un scénario dominant qui est celui d'une deuxième vague qui apparaîtrait à l'automne, avec l'espoir qu'elle puisse bénéficier des progrès de la science ». Un tel argumentaire se fonde sur l’espoir qu’un répit de plusieurs mois devrait permettre aux scientifiques de mettre en place des traitements et peut-être même un vaccin.
Dans l’attente d’un hypothétique vaccin, le port du masque est fortement recommandé voire exigé des populations. Dans beaucoup de pays européens, pas question d’emprunter les transports en commun sans cet accessoire qui, en seulement deux mois, s’est invité dans notre quotidien. Quid de la distanciation sociale ? Dans les premiers jours du déconfinement, beaucoup de pays ont signalé un relâchement du à une forme d’euphorie et de soulagement de pouvoir enfin sortir au grand air. Mais très rapidement, le bon sens et la répression aidant, la raison a repris le dessus.
Avec ou sans seconde vague, le monde entier y compris les régions où existent de grosses fractures numériques, s’est converti au télétravail.
La crise a permis de vulgariser le concept, d’améliorer les outils et la pratique et de consentir un gros effort d’investissement. Il n’est pas exclu que dans certains secteurs d’activités, le télétravail devienne la règle avec des aménagements à effectuer pour maximiser les rendements.
Parions que le plus dur est passé et quoiqu’il advienne, la communauté internationale saura tirer les leçons de la présente crise sanitaire pour ne plus jamais se laisser surprendre par un autre virus.