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COVID-19 et l’avenir de l’Afrique : Que faire pour sauver le continent ?
Publié le lundi 18 mai 2020  |  L’Inter de Bamako
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«Une Afrique en charpie est une menace pour la paix du monde; une Afrique en construction est une promesse. Il est temps que le monde comprenne que son intérêt rejoint son devoir: il ne peut pas ne pas venir à la rescousse de l’Afrique.» (Edgar Pisani).
Que le continent africain soit à pied d’œuvre contre le COVID-19, il n’est plus besoin de le démontrer vraiment. Partout en Afrique, l’on se mobilise contre ce mal mondial avec les moyens de bord. Ainsi, les moyens de prévention contre le coronavirus comme le savon, l’eau, le port des masques, la distanciation sociale prennent corps dans les habitudes ça et là à travers le continent africain et donc aussi au Mali.

En Afrique, les tradithérapeutes sont en conclave avec les arbres pour dénicher de nos forêts les médicaments à base de plantes médicinales contre le COVID-19. Comme on le sait, la nature africaine regorge des plantes à vertus médicinales multiples et variées. Ce mal planétaire ravive un vieux débat sur notre continent à savoir si ce qui est produit en Afrique a bien de la valeur.

Nous rappelons simplement que la grande île de Madagascar fait actuellement l’objet de controverses et de diatribes malveillantes de la part de ceux qui veulent se faire appeler en Occident capitaliste les champions et les chantres des recherches scientifiques et techniques. Pour bien de ces fameux spécialistes de la santé, l’artésiane, qui fait aujourd’hui le thème principal de tous les débats pour les hommes de presse, les politiciens capitalistes, comporterait des risques majeurs pour la santé des populations. Cette façon de percevoir l’Afrique et ses richesses ne date pas d’aujourd’hui.

Depuis la traite négrière, les hommes blancs ont dénié et continuent de dénier aux peuples d’Afrique la capacité de donner quelque chose de bon à l’humanité. C’est ainsi que l’écrivain antillais Aimé Césaire a écrit : «Mon non effacé, mon prénom humilié, mon état révolté, mon âge, l’âge de la pierre, ma race tombée.» C’est dire que pour les pouvoirs négriers, ce qui est bon ne peut venir du continent africain.

Que dire de cette vision esclavagiste et raciste nauséabonde de l’Afrique affichée par les sieurs chercheurs de l’Occident capitaliste, si ce n’est qu’elle marche à contre courant de l’histoire humaine universelle. À ce niveau, il convient de rappeler que l’Afrique est le berceau de la civilisation humaine. En cette qualité, elle a pu mettre au point les moyens efficaces pour soigner les Africains de toutes les maladies qui s’attaquaient aux populations.

Les chercheurs d’Occident capitaliste qui font des Africains de gros bébés de l’antiquité n’ont pas le choix de reconnaître que la science n’est ni européenne, ni américaine. Ils doivent par honnêteté intellectuelle reconnaître que la science n’a pas de patrie et que jusqu’au 16e siècle, l’Afrique avait le même niveau de développement scientifique et technique que l’Europe.

Les velléités de chercheurs européens capitalistes contre le médicament traditionnel malgache appelé l’artisiane s’inscrivent dans cette attitude occidentale ségrégationniste jusque dans les évidences scientifiques. Nous accordons plus de crédits aux solutions malgaches et donc africaines qu’aux propos de ceux en Occident capitaliste qui se prennent pour les auteurs et les détenteurs de la science. Il est temps de leur dire qu’il n’y a pas d’école de vérité, encore moins d’école de certitudes scientifiques.

Pour nous la science se fait par rectification continue. Pour nous, au lieu de spéculer sur les essais cliniques des médicaments, il urge de se reporter sur leur efficacité pratique sur le terrain. Aujourd’hui, plus qu’hier, notre continent a des savants, des intellectuels qui ne peuvent plus laisser passer les conceptions rétrogrades sur l’Afrique et ses acquis scientifiques, techniques et culturels.

Le savant sénégalais Cheick Anta Diop avait déjà averti en ces termes : «On vous nie en tant qu’être moral. On vous nie en tant qu’être intellectuel. On ferme les yeux, on ne voit pas les évidences. On compte sur votre complexe, votre aliénation, sur le conditionnement, les reflexes de subordination, et sur tant d’autres facteurs de ce genre. Et si nous ne savons pas nous émanciper d’une telle situation par nos propres moyens, il n’y a pas de salut. On mène contre nous le combat le plus violent, plus violent même que celui qui a conduit à la disparition de certaines espèces.»

Que vaut donc l’appel d’Edgar Pisani à venir à la rescousse du continent africain ? Il avait averti en ces termes: «Une Afrique en charpie est une menace pour la paix du monde; une Afrique en construction est une promesse. Il est temps que le monde comprenne que son intérêt rejoint son devoir: il ne peut pas ne pas venir à la rescousse de l’Afrique.»

Au regard des diatribes ségrégationnistes contre l’artésiane malgache, il reste une seule solution pour les peuples d’Afrique : dire que rien ne peut plus se passer comme avant. Hier, nous avons été victimes de la dénégation de notre humanité et meurtris dans notre chair et dans notre conscience collective, tel que retracé en ces termes par Cheick Anta Diop: «Ainsi, l’impérialisme, tel le chasseur de la préhistoire, tue d’abord culturellement, spirituellement l’être, avant de chercher à l’éliminer physiquement. La négation de l’histoire intellectuelle des peuples africains noirs est le meurtre culturel, mental qui a déjà précédé et préparé le génocide ici et là dans le monde.»

Face au coronavirus, il urge que l’Afrique s’assume, que les peuples travailleurs du continent se réveillent et comprennent qu’ils ne peuvent être mieux soignés que par eux-mêmes et non par des médecins capitalistes à la solde de l’argent et de leurs gouvernants. Madagascar a donné le ton, elle doit être totalement soutenue par nos masses laborieuses en rupture avec leurs dirigeants africains dans leur écrasante majorité.

Le réveil de ces masses est incontournable au regard des diatribes contre notre santé, notre économie et notre sécurité. Cela pour dire que notre malheur est leur bonheur et leur malheur est notre bonheur. Majhemout Diop disait: «De quoi demain sera-t-il fait sinon du réveil douloureux des masses pauvres des villes et de la brousse ? L’histoire des années à venir sera sans conteste l’histoire des luttes de ces masses pour un devenir meilleur…».

Tout compte fait, nos peuples doivent se donner les mains parce qu’unis, l’Occident ne peut plus tromper et spolier nos populations. Contre coronavirus, nous pouvons, il faut s’en convaincre ! Aujourd’hui, nous avons tous les moyens pour reconquérir notre dignité d’homme.

Unis, nous vaincrons le COVID-19 en Afrique !

Fodé KEITA
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