Sur invitation de l’association paysanne ‘‘Wétio’’ les cotonculteurs du Mali se sont retrouvés lemardi 12 mai à Koutiala. A l’ordre du jour de cette rencontre qui a regroupé plus de 1000 agriculteurs, discuter ensemble et prendre une décision commune sur le prix du coton revu à la baisse pour la saison 2020-2021.
‘‘Les terres ne sont plus fertiles comme dans le passé, celui qui va s’entêter à cultiver du coton à ce prix, finira avec des dettes. Nous ne pouvons pas !’‘ Cri de cœur sous cette tribune de l’agriculteur Mamadou Sanogo venu de Sikasso pour l’occasion. A sa suite, plusieurs autres intervenants emboitent avec les mêmes cris de détresse : ‘‘Avec 200FCFA le Kg nous ne voyons pas comment nous allons nous en sortir surtout avec l’augmentation du prix de l’engrain’’, ajoute un autre intervenant.
Oui, tant disque le prix du coton a baissé de 275 à 200 Fcfa, celui de l’engrais a par contre grimpé de 11.500 à 18.405 Fcfa le sac. La crise économique en cours pour cause du coronavirus a cassé sur le marché mondial le prix du coton. Et au Mali, les autorités à travers la CMDT n’ont trouvé autre alternative que de se rabattre sur les professionnels du secteur.
A la recherche de 18 milliards FCFA
‘‘Depuis 2004 nous cotisons pour palier de pareille situation. Qu’on nous dise où est parti ce fonds, plus de 18 milliards Fcfa ?’’, se déchaine un autre intervenant. L’orateur parle du fonds de soutien mis en place par les cotonculteurs pour s’appuyer financièrement face à de pareilles catastrophes. Il se trouve que cette caisse dont la gestion est assurée par l’Union Nationale cotonculteurs du Mali est vide et aucune explication concrète aussi. Tout ce que l’on sait c’est que le président de l’union en la personne de Bakary Togola est actuellement sous mandat dépôt pour autres faits de détournements financiers parallèles au fameux fonds de soutien dont on n’en parle pas encore.
Baba Berthé se trompe d’interlocuteurs
Le samedi 9 mai dernier, Baba Berthé, le PDG de la CMDT, était à Yorosso (Région de Koutiala) où il a eu à échanger avec des cotonculteurs qui lui auraient donné en retour l’assurance de cultiver sur la base de 215 Fcfa Kg. La rencontre du 12 mai à Koutiala a demandé des explications aux représentants de Yorosso sur la question.
Selon Gaoussou Daou de Yorosso, les personnes avec qui Baba Berthé s’est entretenu n’ont aucun mandat pour prendre la parole aux noms des agriculteurs : ‘‘Ce sont des anciens membres de l’Union, et les personnes que je soupçonnais d’avoir pris part à la rencontre m’ont toutes appelé au téléphone pour me demander si j’étais à la rencontre. Je n’y étais pas.’’
La proposition de 215 Fcfa le Kg du coton fait par Baba Berthé n’est pas une surprise. L’engrais n’étant pas subventionné cette année, l’Etat a mis à la disposition des agriculteurs une enveloppe de 10 milliards Fcfa. C’est dans cette cagnotte que seront pris les 15 Fcfa. Les professionnels du coton qui ne sont pas encore officiellement informés de cette offre, demandent plus.
L’intervention personnelle du président IBK demandée
‘‘Dire que la vérité est toujours dite au président IBK, l’on doute fort. Si c’est vrai que nous les paysans l’avons soutenu au premier plan pour qu’il accède au pouvoir et qu’il reconnait en retour notre place dans le développement du pays, alors nous demandons au président IBK d’intervenir dans cette situation’’. Appel lancé par plusieurs intervenants sous cette tribune à Koutiala.
En clair, entre lesagriculteurs et l’actuel bureau de l’union nationale des cotonculteurs, il y a une crise profonde de confiance qui, dit-on, ne saurait être résolue sans l’intervention des plus hautes autorités.
Les agriculteurs en partie ne se reconnaissent plus dans les décisions de l’union des cotonculteurs et sont réunis désormais au sein de l’association ‘‘Wétio’’ (‘‘Donnons-nous la main’’). Outre les malversations financières, ils accusent le bureau de l’union d’avoir pris sans concertation au préalable l’engagement au nom des paysans d’accepter les 200 Fcfa comme prix du Kg du coton : ‘‘Ce sont des hommes qu’il faut changer seulement’’, a dit Siaka Coulibaly, coordinateur des activités de l’association Wétio. Selon lui tous les maux dont souffrent aujourd’hui les cotonculteurs est un problème de gestion entretenue depuis des années par l’actuel bureau de l’Union des cotonculteurs.
L’association ‘‘Wétio’’ accuse aussi les tenants du bureau de l’union de mettre à la disposition des agriculteurs des semences de mauvaise qualité. A cela s’ajoutent les violations des textes dans le renouvellement du bureau de l’union qui était en cours, mais arrêté sur ordre du ministère de la santé et des affaires sociales. Sur tous ces points, les cotonculteurs demandent l’implication du président pour sauver le secteur du coton qui, dit-on, demeurent le socle de l’Agriculture malienne.
On ne peut pas arrêter le coton
Si d’autres agriculteurs ont fait sur place la promesse de ne pas pouvoir cultiver le coton dans ces conditions, le coordinateur des activités de l’association Wétio, Siaka Coulibaly est convaincu d’une autre réalité : ‘‘On ne peut pas arrêter le coton. Il est la base de tout, c’est à travers le coton que l’agriculteur fait le maïs. C’est aussi à travers le coton que l’élevage est fait à travers l’aliment bétail, que l’huile de consommation est faite…’’a-t-il dit précisant que la seule alternative est d’en parler directement au président IBK.
Une correspondance à IBK
C’est sur une note d’espoir que la rencontre du 12 mai à Koutiala a pris fin. L’association Wétio va adresser une correspondance au président IBK : ‘‘Nous avons pris RDV avec les cotonculteurs pour le 22 mai, un délai de 10 jours, pour leur faire le compte rendu de cette démarche’’, a fait savoir le président de l’association Sékou Coulibaly.