Attentistes du gouvernement en ce qui concerne la fermeture des lieux de culte, les chefs religieux se sont vus tenus responsables de cette prise de décision par le Chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéïta. Un véritable jeu de Ping-pong entre l’Etat et les religieux qui se renvoient la patate chaude.
Le “ping-pong“ appelé aussi le tennis de table, est un sport de raquette opposant deux ou quatre joueurs (plus précisément des adversaires) autour d’une table qui se renvoient la belle pour marquer des points.
A l’image des pratiquants de ce sport d’origine britannique, le gouvernement du Mali et les chefs religieux notamment ceux de la communauté musulmane se renvoient la responsabilité quand il s’est agit de prendre l’initiative de fermer les lieux de culte, voire à la limite, d’y interdire tout rassemblement dépassant 50 personnes comme préconisé par le Conseil de la Défense pour les regroupements à caractère social, sportif, culturel et politique.
Avant l’apparition des premiers cas positifs au Covid-19 alors que tous nos pays frontaliers étaient déjà contaminés, le Haut Conseil islamique (HCI) avait manifesté sa bonne foi et était resté catégorique de ne donner aucune consigne de fermeture “tant qu’aucun cas ne sera déclaré au Mali”. Mais à ce jour, malgré plus de 700 contaminations pour une quarantaine de décès, le HCI ne s’est toujours pas décidé donnant l’impression de vouloir voir le gouvernement prendre ses responsabilités sur le sujet.
Pour l’influent Imam de Badalabougou, c’est le gouvernement même qui n’est pas droit dans ses bottes en ce qui concerne ses prises de décisions. L’on se rappelle, en pleine crise sanitaire de Coronavirus, les deux tours des élections législatives se sont déroulés les 29 mars et 19 avril avec l’avis favorable du Chef de l’Etat qui disait respecter les conclusions du Dialogue national inclusif. Au même moment, des voix s’élevaient pour continuer de monter pour exiger la fermeture des mosquées. Une attitude de 2 poids, 2 mesures qu’a dénoncée Mahamoud Dicko affirmant qu’il revient aux autorités étatiques de décider de la fermeture des mosquées. “Nous respecterons les décisions gouvernementales”, ajoutait-il.
Si le gouvernement a longtemps murmuré qu’il revient aux autorités religieuses de décider de la fermeture des lieux, le Président de la République a publiquement rejeté cette idée affirmant qu’il n’est pas du ressort de l’Etat de prendre cette décision de fermeture. “Il faudrait que nous arrivions aussi à convaincre le monde religieux. Que le monde religieux sache que nous l’avons beaucoup respecté et que nous avons également refusé d’assurer ce qui n’est pas de notre ressort”, a indiqué IBK lors d’un Conseil de Défense extraordinaire tenu le jeudi 7 mai. En déclarant cela, le Chef de l’Etat, tel un bon pongiste (pratiquant de Ping-pong) a donc renvoyé la balle dans le camp des religieux. “Il ne nous appartient pas à nous de dire qu’il faut fermer les mosquées où les lieux de culte. Je ne l’ai pas dit et je ne le dirai pas”, a-t-il insisté.
Dans ce jeu de Ping-pong entre l’Etat et les religieux, le débat autour de la fermeture des lieux de culte semble être clos sans être officiellement dit. Les autorités à la fois religieuse et étatique se renvoyant la responsabilité, les moquées tout comme les autres lieux de culte demeureront ainsi ouverts aux fidèles. Une attitude qui laisse croire que personne ne être tenu responsable d’une telle décision qui passerait mal aux yeux des fidèles.