La 6ème législature de l’Assemblée nationale du Mali de la 3ème République est entrée en action. Après l’élection du locataire du Perchoir, Moussa Timbiné, le 11 mai dernier, la relecture du Règlement intérieur et la constitution des groupes parlementaires, le bureau et les commissions de travail du parlement ont été élus à la faveur de la séance plénière du 28 mai 2020 au Centre International de Conférences de Bamako.
Parmi les 6 groupes parlementaires constitués, 5 ont opté pour la majorité présidentielle, c’est-à-dire un soutien total et sans faille aux actions du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, et de son gouvernement. Ces 5 groupes parlementaires totalisent 125 députés. Il s’agit de : groupe parlementaire du RPM (51), groupe parlementaire de l’ADEMA-PASJ (25), groupe parlementaire MPM-UDD (19), groupe Benson-ADP Maliba-CODEM et autres (20), groupe parlementaire Mouvement renaissance démocratique-MRD (Asma-CFP, CDS Mogotiguiya, PARENA, UM-RDA, PS, PDES : 10 élus).
Si l’alignement des députés du parti Sadi dans la majorité présidentielle pose un problème de discipline au sein des partis politiques, la posture dans laquelle s’est mis le président d’honneur de l’ADP-Maliba, Honorable Aliou Boubacar Diallo, n’est guère surprenante. Les premiers signes du retour de l’homme d’affaires dans la cour présidentielle sont apparus dès le lendemain de la proclamation des résultats du 1er tour de l’élection du président de la République de juillet – août 2018.
L’Union pour la République et la Démocratie (URD), à travers son groupe parlementaire «Vigilance Républicaine démocratique» (VRD) a inscrit ses actions dans l’opposition. Elle dispose de 19 élus, selon le président du groupe, Honorable Amadou Cissé. Les trois députés du parti Yèlèma Le Changement, répertoriés dans la catégorie des non-inscrits, ont clarifié leur ‘’projet de politique parlementaire au nom du peuple et pour le peuple’’, largement diffusé sur les réseaux sociaux. Honorable Moussa Mara et ses compagnons ont opté pour une « opposition indépendante mais intransigeante sur la défense des intérêts du Mali et des Maliens». Le Groupe VRD et les « Indépendants pour le Changement » de Yèlèma comptabilisent seulement 22 députés.
Une Assemblée nationale monocolore. Cette législature est à l’image des précédentes : un parlement inféodé à l’exécutif ! En face d’une majorité si écrasante, l’URD et le parti Yèlèma prêcheront dans le désert. Encore que, laissent perplexes, les hésitations de certains députés de l’URD, formation souffrant énormément de l’absence de son président, Honorable Soumaïla Cissé.
Dans ces conditions, il n’est pas à exclure que l’opposition la plus forte au Président IBK et à son gouvernement vienne de la rue avec des forces qui profiteront de la faible légitimité du régime pour drainer la foule. Les manifestations post-arrêt définitif de la Cour constitutionnelle, celles contre le couvre-feu, les émeutes à Kayes suite à l’assassinat d’un jeune homme par un policier ainsi que les mécontentements contre les coupures d’électricité traduisent un malaise sociopolitique qui interpelle le président Ibrahim Boubacar Kéïta.
Ces vagues de contestations et de défiances à l’égard de l’autorité publique sont plus inquiétantes à l’aune des réformes majeures que le gouvernement doit adopter. Surtout que parmi les contestataires des résultats des législatives, figuraient de nombreux alliés du pouvoir !
Le bateau de la gouvernance d’IBK a pris beaucoup d’eau. Pis, il continue d’en prendre encore. Cela n’augure rien de bon ni pour le régime d’IBK ni pour le Mali ! Malgré les aboiements des chiens de garde !