La représentation nationale a fini de se doter d’un nouveau bureau, celui qui dirigera l’institution législative pour cette année parlementaire 20120-2021. Comme le prévoit le règlement intérieur, chaque année, à l’ouverture de la session d’octobre, les députés nouvellement installés étaient d’abord tenus de se doter d’une instance dirigeante annuellement renouvelable en dehors du président de l’Assemblée nationale qui lui est élu pour la durée de la législature.
Et comme la tradition et la logique de chaque entame de mandat, les représentants de la nation devaient d’abord procéder au toilettage du règlement intérieur et se sont acquittés de la tâche il y a une semaine. Au cours de cette relecture, majorité et opposition se sont mis d’accord sur l’essentiel des modifications à apporter au règlement intérieur. Ainsi, les nombres de vice-présidents, des secrétaires parlementaires et des commissions de travaux sont restés inchangés malgré la proposition d’élargissement de l’honorable Dédéou TRAORE. Le colistier du chef de file de l’Opposition, député de l’URD donc, avait proposé une augmentation du nombre de commissions. Sur la question, pour des contraintes financières, le président de l’institution ainsi que et Amadou Cissé, rapporteur de la commission ad-hoc constituée pour la circonstance, ont émis des réserves. «Cet élargissement nous pouvons le faire à travers des propositions de la commission des lois en cours de mandat», a tranché le président Moussa Timbiné, avant d’ordonner l’envoi du document à la Cour Constitutionnelle.
La Cour ayant déclaré les nouvelles modifications du Règlement intérieur conformes à la constitution, les députés pouvaient alors procéder au renouvellement du bureau. Dans la matinée du jeudi dernier, l’effervescence était perceptible dans les couloirs du Centre International de Conférences de Bamako au regard du grand retard accusé dans l’ouverture de la séance. C’est alors que les informations ont commencé à filtrer sur un désaccord total sur le poste de premier vice-président où le député Hady Niangadou était pressenti selon les memes confidences. De source concordante, la contestation venait du groupe parlementaire Benso, d’Aliou Badra Diallo, qui ne voulait pas voir un illettré aux fonctions d’un vice-président appelé à présider les séances plénières et à représenter le Mali l’extérieur en cas d’absence du président. D’autres sources expliquaient le blocage par la boulimie de l’Adema et du RPM voire leur tendance à s’accaparer les postes stratégiques. Une autre raison serait liée venait aux dissensions internes du groupe Benso au bord de l’éclatement avant même la mise en place du bureau. En effet, alors qu’on n’avait pas encore tranché le cas des députés Sadi appelés par leur parti à se retirer sans délai du groupe, les élus de la Codem auraient également menacé de se retirer du groupe. Si rien n’a filtré, la raison serait un problème de leadership et de partage de gâteaux. Conséquence : la séance déjà tardivement ouverte a dû être aussitôt suspendue afin de donner le temps aux tractations. Ainsi, en milieu d’après-midi, à la réouverture de la séance, le président a pu annoncer un accord entre les groupes parlementaires qui ont proposé une liste consensuelle sur laquelle la plénière s’est prononcée. Ladite liste fut approuvée à une très large majorité à laquelle n’ont fait défection que les trois députés non-inscrits du parti Yelema.
Au-delà de cette majorité plus qu’absolue autour du nouveau bureau, il se dégage de nombreux constats dont le plus intriguant aura été la reconduction de deux députés réélus à leur ancien poste. Il s’agit notamment, Karim Keita et de Maimouna Dramé, respectivement président de la commission de défense et 1er Secrétaire parlementaire. S’y ajoute la répartition des responsabilités entre RPM et de son principal allié dans le nouveau bureau. Alors que le RPM détient 8 postes notamment 3 vices présidents, la deuxième questure et 4 secrétaires parlementaires, l’Adema avec ses 26 députés s’adjuge deux postes de vice-présidence et autant de Secrétariats parlementaire ainsi que la première questure. Enfin, candidat à sa propre succession, le président sortant, Issiaka Sidibé, a dû se contenter d’un recasement à la Haute Cour de Justice, tandis que le président sortant de cette institution, Abdrahamane Niang, et le secrétaire général du BPN-RPM, Baber Gano, tous candidats au poste de la présidence de l’hémicycle, ne figurent nulle part. Comme quoi, il ont été réduit à de simples députés qui n’auront de responsabilités qu’à voter les lois, en attendant le renouvellement du bureau en octobre 2021.