Le week-end dernier, des organisations et mouvements politiques de l'opposition malienne, des organisations de la Société civile ont annoncé, lors d'une conférence de presse, la tenue d'une réunion géant ce vendredi 5 juin, à Bamako, place de l «Indépendance. L'objectif est d'exiger «la démission du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta» dont la gestion du pays est qualifiée «de gouvernance chaotique et prédatrice». Si l'appel à manifester émane du Mouvement Espoir Mali Kura (EMK), du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) et de la Coordination des associations et sympathisants de l'imam Mahmoud Dicko (CMAS). Cet important chef politico-religieux assure le leadership de la contestation.
Dans une vidéo diffusée avant-hier lundi, l'ancien président du Haut Conseil Islamique (HCI) lancé, de vive voix, un appel à la mobilisation, le vendredi 05 juin, à la place de l'Indépendance de Bamako. Il promet même d'officier la prière du vendredi au monument de l'indépendance et ne craint pas d'être arrêté par les autorités. Mais comme la réponse du berger à la bergère, la présidente de la Cour constitutionnelle s'est précipitée à diffuser un communiqué menaçant les organisateurs du meeting géant. Et, engagez le gouvernement à respecter scrupuleusement la loi.
Elle «constate avec regret que des partis politiques et mouvements, au mépris des dispositions constitutionnelles, légales et de l'orthodoxie républicaine diffusent sur les réseaux sociaux et dans les médias des propositions insurrectionnels, subversifs, séditieux appelant à la démission du président de la République . Des agissements attentatoires à la cohésion sociale »et s'inscrire contre« toutes les velléités de remise en cause de la forme Républicaine et la laïcité de l'État ».
Aussi, le «Chef des Sages» a rappelé la preuve faite à toute personne habitant le territoire du Mali de respecter en toute circonstance la Constitution. «Le Mali est une République indépendante, souveraine, indivisible, démocratique, laïque et sociale», soulignant les 9 sages dans leur communiqué. La Cour est-elle vraiment dans son rôle? Si oui, il n'y avait pas d'autres voix mieux habilitées qu'elle?
De toute façon, ces organisations et mouvements qui appellent à manifester, sont bien déterminés. Ils dénoncent: «une gestion catastrophique de la crise multidimensionnelle du pays, des atteintes à la souveraineté et à l'intégrité territoriale du pays, l'abandon de l'armée, la mise en cause des valeurs et des principes de la République, le péril sur les droits et les libertés individuelles et collectives, l'abandon des secteurs clés de l'activité socio-économique et l'impasse sur la voie électorale ».
Ainsi, en appelant-ils à «un sursaut national» pour la séparation effective des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. Et exigeant: « la transparence dans la gestion des affaires publiques, la condamnation et la répression des actes de corruption; l'indépendance, la crédibilité, la célérité de la justice et la lutte contre l'impunité sous toutes ses formes ». Il y a quelques semaines, la CMAS devait, toute seule, manifester quasiment pour les mêmes motifs. Mais les organisateurs avaient annulé la manifestation par l'injonction expresse du Chérif de Nioro, le mentor de l'Imam Dicko. Ou, cette fois-ci, l'érudit, à travers un nouveau réquisitoire contre le régime, aurait donné carte blanche pour manifester.
La liberté de manifestation est un droit constitutionnellement garanti au Mali. D'après la Loi Fondamentale: «Les marches ou réunions de protestation ou de soutien, par rapport à une décision ou à un acte de l'autorité publique, ne sont pas soumises à une autorisation préalable. Cependant, les organisateurs sont des termes d'informer les autorités concernées. Les organisateurs assistent l'autorité publique dans le maintien de l'ordre. Ils sont responsables de tous les actes et comportements de leurs militants dommageables à la sécurité des personnes et des biens, à condition que les faits reprochés soient juridiquement établis ».
Le pouvoir va-t-il respecter ces dispositions constitutionnelles pour permettre les manifestations du 05 juin prochain? Dans l'hypothèse contraire, il exposerait inéluctablement le pays dans une pente dangereuse surtout s'il arrivait que les forces de l'ordre, au lieu d'encadrer, répriment. Ce qui pourrait dégénérer en affrontements meurtriers entre les deux camps. Dont les conséquences pour la stabilité du Mali seraient incommensurables. Tant les crises post-électorales et les revendications corporatives qui perdurent, pourraient mieux s'amplifier et faire basculer le pays dans le chaos et l'incertitude. Qu'Allah sauve le Mali!