Des gisements du métal jaune ont été découverts dans trois localités de la Commune rurale de N’Tillit. Depuis, la Cité des Askia est devenue le nouvel Eldorado des orpailleurs du Mali et d’autres pays comme le Niger, le Burkina Faso, le Soudan…
Ce n’est pas une rumeur non fondée ! L’or, ce métal précieux, a été bel et bien découvert dans le Cercle de Gao, précisément dans la Commune rurale de N’Tillit, située à 90 km de la Cité des Askia. C’est au mois d’avril dernier, en plein mois de Ramadan, que la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre dans le Septentrion et au-delà. Une aubaine pour les propriétaires de quincailleries, de véhicules et les vendeurs de bassines en plastique qui ont vu leurs recettes journalières bondir. En effet, à l’annonce de la nouvelle, des dizaines de jeunes issus des différentes communautés de notre pays ont convergé vers N’Tillit, armés de pelles, de pioches, de bidons… Certains ont déboursé des fortunes pour s’équiper de piqueuses, en appareils détecteurs d’or et en compresseurs.
La nouvelle de la découverte du précieux métal a traversé les frontières maliennes, attirant des Nigériens, des Burkinabé, des Algériens, des Mauritaniens et même des Soudanais vers Gao. Aujourd’hui, la Cité des Askia est bondée de pick-up qui assurent le transport des orpailleurs sur le site. Ces véhicules sont conduits pour la plupart, par des individus armés jusqu’aux dents.
Sur le site, certains orpailleurs ont installé des tentes de fortune, alors que d’autres y sont venus avec des containers. Les orpailleurs sont ravitaillés en eau par des camions citernes, dont les propriétaires se frottent également les mains, tout comme les restaurateurs qui se trouvent sur le site. Pour le moment, seuls les hommes travaillent sur le site. Les raisons ? Les groupes armés islamistes qui écument la zone ont interdit la présence des femmes.
Ennemis de l’État- Algatek, un conseiller communal de N’Tillit, précise que l’or a été découvert dans trois localités : Marsi, N’Tillit nord et sud et Tinaïkorene. Ces trois sites d’orpaillage sont distants, respectivement de 20, 30 et 15 km de N’Tahaka, situé sur la RN7 à 90 km de Gao. «Toutes ces zones sont sous le contrôle des ennemis de l’état, donc la mairie de la commune ne peut pas profiter de ce métal précieux. Et nous, les autorités communales de N’Tillit et certains habitants avons quitté la localité suite à l’ultimatum des groupes terroristes. Ils ont dit qu’ils appliqueront la charia à tous ceux qui se rendront sur les trois sites. Nous avons informé les autorités régionales que nous ne retournerons pas là-bas, tant que les forces de sécurité maliennes n’y seront pas», confie le conseiller communal.
Amadou Ongoïba, un déplacé de Mondoro qui vit au camp de jeunesse de Gao, confirme qu’il reçoit, depuis le mois de mars, des jeunes orpailleurs originaires de son village, qui étaient allés tenter leur chance sur les sites d’orpaillage de Niaouléni (Cercle de Kangaba). «Au total, plus de 200 jeunes ressortissants des localités de Mondoro, Douentza et Hombori sont déjà sur le site d’orpaillage de Marsi et Tinaïkore», assure Amadou Ongoïba, ajoutant qu’en une semaine, ces jeunes ont eu entre 10 et 40 grammes d’or. «En une semaine, certains orpailleurs ont eu jusqu’à 2 millions de Fcfa et nombre d’entre eux envoient de l’argent à leurs familles», témoigne notre interlocuteur. L’orpaillage, Souleymane Togo s’y connaît pour avoir passé plus d’une décennie sur le site de Niaouléni, dans la zone frontalière Mali-Guinée. Justement, il a appris la nouvelle, alors qu’il se trouvait à la frontière guinéenne.