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Bilal Ag Achérif : « La CMA est un acteur de la paix ! »
Publié le jeudi 4 juin 2020  |  Nouvelle Libération
Réunion
© AFP par Farouk Batiche
Réunion d’urgence des pays membres de la médiation
Bamako, le 19 janvier 2016 l`Algérie a tenu Réunion d’urgence des pays membres de la médiation sur la crise malienne.
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La ville de Kidal fait encore parler d’elle depuis quelques jours maintenant. Déplacement des sites d’orpaillage, blocage et renvoi à Gao d’un bataillon de l’armée reconstituée, last but not least, grâce accordée à certains prisonniers de la ville. Toutes décisions qui ont été diversement commentées à Bamako et dans le reste du pays. Pourquoi la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) agit-elle ainsi ?

Qu’est-ce qui motive de tels comportements de la part de ses dirigeants ? Quel impact de telles décisions ont-elles sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation ? Quel rôle la CMA, elle-même, joue dans le cadre de l’application de cet accord et qu’attend-elle du gouvernement ? Des sujets sur lesquels nous avons échangé avec le président de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad), Bilal Ag Acherif. Compte-rendu !

La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a décidé de renvoyer à Gao le bataillon de l’armée reconstituée qui avait pris la route pour Kidal ; quelques jours, auparavant, une décision du même regroupement basé dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas recommandait aux orpailleurs une délocalisation sur un autre site, plus approprié. Récemment, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase dans le reste du pays, c’est la grâce accordée à un certain nombre de prisonniers à Kidal au moyen d’une lettre signée des mains de Bilal Ag Acherif, le président de la CMA. Un homme qui, pourtant, voit différemment les choses et déclare œuvrer pour la paix. C’est, en tout cas, ce qu’il nous a confié lors de l’échange que nous avons eu avec lui.

«Nous (la CMA) avons sécurisé les opérations de vote lors des législatives en vue de permettre au pays de se doter d’une nouvelle Assemblée nationale», révèle notre interlocuteur pour qui le pays a besoin de cette institution pour la réalisation de toutes les réformes futures et la mise en œuvre effective de l’Accord pour la paix et la réconciliation.

Aussi, poursuivra-t-il, «nous n’avons jamais violé cet accord. Tout ce que nous posons comme acte est conforme à ce document et nous travaillons en étroite collaboration avec le représentant de l’Etat qui est associé à tout ce que nous faisons». Seulement, déplore le président de la CMA, les gens parlent de choses qu’ils ne maîtrisent pas beaucoup, ils ignorent ce que disent les documents et ne sont pas informés de certaines mesures, dispositions et recommandations. «Ils ignorent totalement certaines réalités», regrette-il.

À la question de savoir ce qu’il en est de l’entrée de la CMA dans le futur gouvernement, notre interlocuteur estime que l’essentiel n’est pas la participation à un gouvernement mais plutôt la volonté de l’exécutif à respecter ses engagements avec ou sans des ministres CMA.

L’entrée de la CMA dans l’équipe gouvernementale ne faciliterait-elle pas la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation ? Non, estime Bila Ag Acherif, qui nous rappelle que le garant de cet accord, c’est la communauté internationale, et d’ajouter que le président de la République doit s’employer tous les jours à son application effective en respectant, simplement, ses engagements et ceux de son gouvernement.

Notre interlocuteur pense que cinq ans après, depuis la signature dudit accord, il est temps d’évaluer sa mise en œuvre et corriger les imperfections. La nouvelle Assemblée nationale, pense-t-il, doit jouer un rôle dans ce cadre afin de permettre les réformes institutionnelles et sécuritaires prévues et leur application effective.

Pour ce qui concerne les mesures de grâce accordées à certains prisonniers à Kidal, le président de la CMA rappelle que, comme le prévoit l’accord, ils administrent déjà une justice transitionnelle dans la ville, sécurisent les populations et qu’ils ont donc, aussi, le droit de les protéger. Ces mesures entraient, précise-t-il, dans ce cadre ; à savoir, principalement, œuvrer dans le cadre de la riposte contre le Covid-19. Aucune volonté, pour eux, de provoquer ou de se substituer au président de la République ou au gouvernement.

Makan Koné

Source : Nouvelle Libération
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