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Appel à la démission du président IBK: Elan patriotique ou sursaut intéressé ?
Publié le vendredi 5 juin 2020  |  Infosept
Rassemblement
© aBamako.com par Momo
Rassemblement de l`Imam Mahamoud Dicko
Bamako, le L`imam Mahamoud Dicko a rassemble des dizaine milliers de personnes pour dire non aux massacre contre les civils
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Les tumultes du premier mandat d’IBK semblent se poursuivre encore et toujours. Des mouvements de la société civile, en plus de dénoncer les tares d’une gouvernance qu’ils qualifient de catastrophique, vont encore plus loin. Ils exigent la démission pure et simple du président IBK car ce dernier serait incapable de faire sortir le Mali de l’ornière. Une marche est prévue à cet effet, aujourd’hui même, à l’appel de poids lourds de la scène publique malienne.
Beaucoup de Maliens ne savent pas tellement comment classer la démarche de l’Imam Mahmoud Dicko, du célébrissime Choguel Kokalla Maiga, du cinéaste Cheick Oumar Sissko et du professeur Clément Dembélé. Plaident-ils la cause exclusive du Mali sans aucune arrière-pensée gratuite ? Car, entre dénoncer les tares d’une gouvernance et même avec un ton qui frise l’insulte, et exiger la démission d’un président de la République, il y a plus qu’une nuance. Certes, aucune autorité ne saurait être épargnée par les critiques qu’elles soient bonnes ou mauvaises, mais il faudrait aussi que ces critiques soient suivies de propositions pertinentes et concrètes et qu’elles prennent en compte la situation générale du pays.
Evidemment, tout citoyen malien est en droit d’exercer le sacro-saint principe de la liberté d’expression surtout si c’est pour un devoir patriotique. Et dans toute démocratie, même celle titubante qu’est la nôtre, la critique doit exister. Mais, exiger la démission du président de la République, sans faire aucune mention à ce que la Loi dit à cet effet, rend la démarche du groupement mené par l’Imam Dicko, fantaisiste. Pour une raison toute simple : le problème de la mal gouvernance du Mali ne saurait être résolu que par le seul changement de locataire à Koulouba. Il est bien plus profond, et plus tôt que de changer de tête de président, c’est tout le corps institutionnel qu’il faudrait réformer en insistant sur une nouvelle mentalité qui prime la culture de l’excellence que celui des petits arrangements.
La démarche du groupement de Dicko et compagnie aurait bien plus d’impact et de sens si, en plus des dénonciations et des critiques, des propositions concrètes étaient faites. Cela aurait aidé l’Etat, aussi incompétent que puisse être le gouvernement dirigé par IBK. Par leur attitude qui frôle avec l’anarchisme, de nombreux maliens doutent de leur bonne foi. D’autant plus que le pays est loin d’être stable sur le plan institutionnel. Egalement, même si IBK venait à démissionner, ce qui arriverait par un concours de circonstances extraordinaire, quel serait le plan d’après ? Qui prendrait le pouvoir ? Et pour quelle vision, avec quels gens ? C’est à se demander si les initiateurs de la démarche ne se livreraient pas à une sorte d’agitation théâtrale dans un but dont ils sont les seuls à connaitre. User du populisme et des nombreuses failles de la gouvernance, avec très peu de propositions concrètes dans un pays qui traverse une crise existentielle est hautement risquée, très mal pensée, et antipatriotique, si et seulement si, ses initiateurs ont des visées personnelles.
Aussi, la figuration en leader d’un tel groupement de l’Imam Dicko et de Choguel Kokalla Maiga irrite nombres de Maliens. Le premier aurait compromis son travail de moralisateur religieux en la souillant avec la politique. Le second, après avoir jouit de maintes et maintes privilèges sous les présidents ATT et IBK, surtout à la tête de la très juteuse AMRTP, ne ferait du bruit uniquement que pour être, à nouveau, à l’ombre de Koulouba. Alors que quand il était dans les bonnes grâces, il ne pipait mot sur la mauvaise gouvernance.
Encore une fois, il est fort malheureux de constater que la société civile, en tous cas une grande frange de celle-ci, n’use pas comme il faut de la liberté d’expression dans sa quête, sincère ou simulée, pour le bonheur du Mali.
La société civile serait donc le problème du Mali, autant que l’est sa classe politique ?
Ahmed M. Thiam
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