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Autrement dit : Instabilité chronique !
Publié le vendredi 5 juin 2020  |  Nouvelle Libération
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On ne le dira jamais assez et on n’y prête pas assez souvent attention, le Mali est, décidemment, un véritable pays instable. De l’indépendance à nos jours, de manière récurrente et cyclique, quasiment, toutes les décennies connaissent, au vu et au vu de nous tous, leurs soulèvements, leurs soubresauts et rupture institutionnelle et constitutionnelle violente.
Au vu et au su de tout le monde, disions-nous, car on a l’impression que personne ne s’en préoccupe. Au contraire, il semble même que beaucoup s’en satisfont et font tout pour que cette instabilité chronique ne soit pas souvent rappelée et ramenée à la surface des débats.

À l’affût, c’est comme si chacun attendait son tour et faisait en sorte que cela arrive et arrive le plus tôt. Et l’on ne préoccupe guère des moyens par lesquels cela peut arriver, ils sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. Et la plupart du temps, après quelques tentatives ratées, ils y arrivent et remettent tout en cause.

Ainsi, brièvement, on peut rappeler la chute de Modibo Kéïta, premier président du Mali indépendant, huit ans après l’acquisition de notre souveraineté nationale ; après lui, Moussa Traoré est resté au pouvoir deux décennies avant d’être renversé par un soulèvement populaire soutenu par une junte militaire.

Moussa tombé, on a fait croire à nos compatriotes que c’était la stabilité tant recherchée qui venait de s’installer et, durablement, avec le multipartisme intégral, la démocratie et tous les autres droits qui l’accompagnent.

Alpha Oumar Konaré resta ainsi dix ans au pouvoir. Même s’il n’a pas connu de renversement et qu’il effectua ses deux mandats, son séjour à Koulouba et à la tête de l’Etat a ressemblé à tout sauf à un fleuve tranquille. Il échappa de justesse, au début de son premier mandat, au renversement. Les contestations et autres manifestations (menées souvent par l’actuel président de l’Assemblée nationale, Moussa Timbiné) ont failli, à un moment donné, l’emporter.

Ironie du sort, c’est l’actuel président de la République, l’alors Premier ministre, qui parvint à bout de ces récurrents mouvements d’humeur qui ont failli avoir raison de son régime. Le successeur d’Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré, n’aura pas, lui, la même chance.

À quelques semaines de la fin de son second et dernier mandat, constitutionnellement, non autorisé à en briguer un autre, il a été renversé par une junte militaire qui plongea, par ses actes, le pays dans la crise qu’elle ne cesse de traverser depuis 2012. À présent, si l’on n’y prend garde, le même scénario risque de se dérouler dans notre pays. Au vu et au su de tout le monde !

Encore une fois, Dieu nous en préserve, nous ne sommes pas loin du scénario de l’année 2012, avec les contestations en série que le pays vit en ce moment.



Makan Koné
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