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À Ménaka, réfugiés et habitants partagent le dénuement
Publié le dimanche 7 juin 2020  |  Ouest-France
Kemi
© Autre presse par DR
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Au nord de la frontière entre Mali et Niger, la ville abrite des milliers de réfugiés et des habitants que leur abandon par l’État malien exaspère.

Les arbres sans feuille du camp de déplacés de Ménaka, ville du sud-est de la partie nord du Mali, peinent à couvrir d’ombre les tentes faites de paille. Dans l’une d’entre elles vit Amina, une Nigérienne d’une trentaine d’années, mère de six enfants. Elle a quitté son pays le 10 janvier, au lendemain de l’attaque meurtrière du poste militaire de Chinégodar. L’assaut, revendiqué par l’État islamique au grand Sahara (EIGS), avait fait 89 morts. Elle a pris la route cinq jours plus tard, avec 2 000 autres de ses compatriotes. Certains ont préféré poser leur peu de vivres dans la localité d’Andéramboukane, à la frontière nigérienne. Mais, dit-elle, il n’y avait pas assez de sécurité là-bas.
Au sortir de la cahute, un homme relève sa manche, laissant dépasser un pansement. On m’a tiré dessus alors que j’allais chercher des criquets pour le dîner , raconte-t-il. Ici, comme ailleurs dans la région, réfugiés et habitants ne se sentent pas en sécurité. Les Ménakois sont autant des réfugiés que les réfugiés s’insurge une habitante de 46 ans. L’État est absent, personne ne régule notre sécurité et le peu de services dont on dispose vient des organisations non-gouvernementales.
Coincée au cœur de la région des trois frontières, où 600 soldats français supplémentaires ont été déployés depuis le mois de janvier, portant les effectifs engagés au Sahel à 5 100 hommes, Ménaka concentre de nombreux maux propres au Mali depuis le début du conflit en 2012. Première ville prise par la rébellion touarègue d’alors, elle a fait l’objet de nombreuses luttes d’influence, et l’État peine à y réimposer son autorité. Selon une source onusienne, les assassinats ciblés, braquages à main armée et violences sexuelles y sont légion. Ce qui a poussé six ONG à y suspendre leurs activités, de décembre à fin février.
Des Casques en patrouille. Menacés par les djihadistes, ils doivent collaborer avec les groupes armés pro-gouvernementaux.
Des Casques en patrouille. Menacés par les djihadistes, ils doivent collaborer avec les groupes armés pro-gouvernementaux. | PAUL LORGERIE
Dans un nuage de poussière, un pick-up rempli d’hommes en armes apparaît. Les membres des groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015, influents dans la ville, sont les seuls à patrouiller en journée avec les Casques bleus de la Mission des Nations unies au Mali, la Minusma. La misère, quand se terminera-t-elle, la misère ? interroge un soudeur de 30 ans. Fatigué, il informe que des bandits rôdent autour de la ville : des hommes de l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Et dans une région où 84 des 205 écoles sont fermées, ils prennent la jeunesse en leur promettant de l’argent. Car la jeunesse n’a pas de travail ici , conclut-il.
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