« Nous continuons de porter nos efforts sur la Task Force Takuba », rappelait ce jeudi la ministre des Armées Florence Parly. Un premier déploiement de cette unité européenne destinée à opérer aux côtés de l’armée malienne « aura lieu avant la fin de cet été et comprendra une centaine de militaires issus des forces spéciales ». Pour certains pays partenaires, la Suède et la République tchèque en tête, les processus parlementaires nécessaires pour entériner leur participation entrent donc dans leur dernière ligne droite.
« Les Estoniens et les Suédois sont avec nous, les Tchèques nous ont donné un accord de principe », déclarait la ministre des Armées Florence Parly en Commission défense de l’Assemblée nationale. Ce qui est vrai pour l’Estonie ne l’est pas encore tout à fait côté suédois, où l’aval des commissions de la Défense et des Affaires étrangères du parlement (Riksdag), réunies en comité conjoint, n’a été obtenu que ce mercredi 4 juin. Dans un communiqué, ce comité « propose que le Riksdag approuve la proposition du gouvernement selon laquelle la Suède, jusqu’au 31 décembre 2021, participera avec un contingent armé à l’opération menée par la France au Mali ».
Reste, enfin, à décrocher le feu vert définitif en séance plénière avant de crier officiellement victoire. Cette dernière étape, planifiée pour vendredi prochain, ne sera pas exempte d’obstacles au vu des 12 motions et réserves déposées tant par des partis de la coalition que de l’opposition. Les deux commissions ont unanimement invité leurs collègues à les rejeter mais certaines pourraient faire mouche en raison de la dégradation rapide de la situation sanitaire en Suède. Si elle ne remet fondamentalement pas en cause la participation suédoise, l’épidémie de coronavirus oblige le gouvernement et les forces armés à « évaluer de près ses évolutions et à se préparer à adapter le planning en fonction de la situation externe si cela est nécessaire ». Un délai supplémentaire dans l’envoi des troupes suédoises n’est donc pas à exclure et pourrait encore s’aggraver en raison du processus législatif suédois, toute modification de l’agenda initial requérant un nouveau passage par la case Parlement.
Rappelons que le contingent suédois se limitera à un maximum de 150 personnels « dans des circonstances normales ». En fonction du contexte opérationnel, il pourra être renforcé temporairement d’un maximum de 100 militaires supplémentaires. Cette contribution prendra la forme d’une « force de réaction rapide héliportée » très probablement constituée d’éléments provenant du Särskilda Operationsgruppen (groupe des opérations spéciales) et d’hélicoptères UH-60M (Hkp 16) et/ou NH90 TTH (Hkp 14E). Le budget annuel est estimé à 35M€.
Le discours semble plus uniforme à Prague, où les commissions concernées se sont prononcées dès le mois de mars en faveur du déploiement de 60 militaires. Plusieurs fois reportés, les débats en séances plénières n’auront pas lieu avant la reprise des sessions de la Chambre et du Sénat les 16 et 10 juin. Au Sénat, la proposition sera présentée et défendue par le ministre de la Défense en personne, Lubomír Metnar.
« Plusieurs pays manifestent leur intérêt et envisage de nous rejoindre », ajoutait par ailleurs la ministre des Armées, qui présageait le mois dernier de la reprise des discussions avec l’Italie. En témoigne un nouvel entretien téléphonique réalisé ce vendredi par Florence Parly avec son homologue italien Lorenzo Guerini, les deux pays poursuivant des « objectifs clairs et partagés ». « Du Sahel à la Méditerranée, de la Libye au golfe arabo-persique, nous faisons face aux mêmes enjeux de sécurité. Nous les relevons ensemble », commentait la ministre des Armées sur Twitter.
Le flou persiste concernant les autres détachements nationaux annoncés jusqu’alors, à l’instar du Portugal ou du Danemark. Partenaire de longue date dans la région sahélo-saharienne, le Danemark serait sur le point de désengager ses deux hélicoptères EH101 Merlin déployés en appui de Barkhane depuis décembre 2019.