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Manifestation populaire : IBK ignore l’ultimatum de Mahmoud Dicko
Publié le lundi 8 juin 2020  |  le Temoin
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© aBamako.com par A.S
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA
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Sous la bannière de l’ancien président du Haut Conseil islamique(HCIM), Mahmoud Dicko, et du chérif de Nioro, Mohamed Ould Cheikhna dit Bouyé Haïdara, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Bamako sur la Place de l’indépendance, vendredi 5 juin 2020, avec un mot d’ordre brandi en ultimatum: la démission du président de la République et de son régime avant 18 heures. Par-delà des adeptes et alliés politiques du duo Bouyé-Dicko, des militants du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), de Sadi, des partisans de Pr Clément Dembélé, de Moussa Sinko Coulibaly et de Modibo Koné, figuraient parmi les manifestants auxquels s’ajoutent des enseignants venus réclamer l’application de l’article 39, les électeurs et candidats frustrés par la tournure spectaculaire des derrières législatives, des jeunes chômeurs, etc. Ils étaient d’ailleurs porteurs de slogans qui attestent amplement de leur diversité et scandés par la foule à perte de vue : « pas de sécurité, pas d’école, trop de corruption, les résultats des élections législatives tronqués, l’application de l’article 39, non à la nomination des députés». Autant dire chaque entité avait son compte particulier à régler avec le régime d’une manière ou d’une autre.
En outre, le rassemblement aura été marqué par une forte présence de leaders politiques de divers bords et aux motivations tout aussi diverses. À défaut d’être capables de mobilisation qui leur offre une tribune d’expression aussi porteuse, ils en ont profité pour véhiculer leurs messages sur l’espace public. Mais tous se sont néanmoins accordés sur un mot d’ordre : la démission du président de la République pour une meilleure gouvernance.

«Nous sommes-là pour ce qu’on avait confié, après de fausses promesses de 200 000 emplois, d’éducation pour tous, de sécurité, d’eau potable et d’électricité. Nous avons observé pendant 7 ans en espérant sur un changement… ça suffit », a lancé Clément Dembélé, avant que Cheick Oumar Sissoko ne lui succède en se démarquant de tout opportunisme et de toute motivation autre que le combat pour le Mali.

Dans une logique de l’après IBK, M. Sissoko a, par ricochet, attaqué la constitution de 1992 en laissant entendre que la dissolution de l’Assemblé Nationale doit suivre après la démission d’IBK. «Nous ne voulons pas de Moussa Béssé à Koulouba », a-t-il martelé avant d’aviser qu’il est hors de question de se laisser berner comme en 1992.

Quant au coordinateur du FSD, Choguel Kokala Maïga, il a rappelé à IBK que l’armée et l’administration étaient à Kidal en 2014, date à laquelle, il venait d’accéder à la magistrature suprême. Et de déplorer la situation des paysans maliens en ces termes : « Pendant que les autres Etats cherchent leur économie, le Mali veut enfoncer ses fleurons, notamment les paysans, en augmentant le prix des intrants et en baissant celui du coton».

Pour sa part, Konimba Sidibé estime qu’IBK est incapable de résoudre les problèmes du Mali. En cause, dit-il, c’est lui le fond du problème. « Nous sommes-là pour lui dire qu’ils nous a trahis et demander sa démission », a enchaîné l’ancien ministre d’IBK.

Pour conclure la messe, l’iman Dicko, après avoir expliqué aux manifestants qu’IBK est éphémère contrairement au Mali qui demeure, est revenu sur sa divergence avec le régime en place. Celle-ci, dit-il, réside dans la corruption endémique que vit le pays «L’argent du pays est dilapidé par lui et sa famille, et quand on dénonce, on est interpellé au camp I, on ne peut gouverner un pays en écrasant ses adversaires», a-t-il martelé. Et de dénoncer l’état de l’armée malienne qui, à ses yeux, n’est pas en l’état pour récupérer ce qui appartient au Mali, notamment l’Azawad «Nous avons une armée clanique et démoralisée», a-t-il déclaré, avant de demander au président IBK de prendre en compte le message, de redresser la barre pour que le navire ne chavire. «IBK a toujours boudé les conseils en faisant pire que ce qu’on dénonce. Bilahi ! Bilahi ! Bilahi !, s’il ne tire pas les leçons de cette journée, la suite sera inscrite dans les annales de l’histoire», a-t-il mis en demeure.

Des manifestants matés

Si le rassemblement s’est globalement déroulé sans incident à la Place de l’indépendance, des manifestants surexcités se sont dirigés vers la résidence du président de la République sise à Sébénicoro. Dans leur tentative de forcer le dispositif sécuritaire mis en place par les forces de l’ordre, ils ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes. S’en ont suivi de vives altercations. S’il n’y a pas de morts d’hommes, on déplore, selon un communiqué du gouvernement dix-neuf (19) blessés dont quinze (15) parmi les forces de l’ordre et onze (11) véhicules des forces de sécurité endommagés par les manifestants, dont un totalement (01) incendié. «Des interpellations ont été effectuées sur les lieux et une enquête est en cours pour situer toutes les responsabilités de ce débordement », ajoute le communiqué.

Il reste à savoir si IBK va céder à la pression et laisser le pouvoir basculer dans la rue ? Rien de moins évident, même s’il a une marge de manœuvre très réduite. Au moment où nous mettons sous presse cet article, IBK n’avait encore fait aucune déclaration. Et le délai qui lui était imparti avait déjà inspiré. Want and see

Amidou KEITA
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