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Meeting de la coalition CMAS-FSD-EMK : Mahmoud Dicko défie IBK et le met en demeure
Publié le lundi 8 juin 2020  |  Le Prétoire
Rassemblement
© aBamako.com par momo
Rassemblement de la CMAS et certains partis politiques à Bamako
Bamako, le 05 Juin 2020, la Coordination des Mouvements et Associations de Soutien à Mahmoud Dicko (CMAS) et ses alliés ont organisé un grand rassemblement à la place de indépendance.
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La forte mobilisation des Maliens à l’appel d’une coalition politico-religieuse sous la conduite de l’influent leader religieux l’imam Dicko pour demander le départ d’Ibrahim Boubacar Keïta a fait trembler le régime ce vendredi 5 juin 2020. Dans un langage clair, l’ancien président du Haut conseil islamique invite le président de la République à redresser la barre en tirant les leçons de cette forte mobilisation.
Après le rassemblement du 29 février dernier pour dénoncer la mauvaise gouvernance du régime, Mahmoud Dicko refait surface ce vendredi 5 juin 2020 à la place de l’indépendance. Cette fois-ci, la coalition Cmas-FSD-EMK met la barre très haut. Pour tous, un seul mot d’ordre la démission du président IBK et la dissolution des institutions de la République.

Le seul leader religieux capable de mobiliser plusieurs milliers de personnes pour une cause politique a réussi son pari le vendredi dernier sur la place de l’indépendance. Ils étaient des milliers de personnes venues des 6 communes du district de Bamako, de l’intérieur du Mali et de la diaspora, sous un soleil de plomb pour écouter les messages des responsables de la coalition Cmas-FSD- EMK et surtout de l’influent leader religieux l’imam Mahmoud Dicko.

Dans une synergie d’actions, les hommes politiques comme Oumar Mariko, Me Mountaga Tall, Choguel Kokala Maïga, Mohamed Aly Bathily, Cheick Oumar Sissoko, Moussa Sinko Coulibaly, Koniba Sidibé, Clément Dembélé, les représentants des syndicats comme la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (Cstm) et la Centrale démocratique des travailleurs du Mali (Cdtm) ainsi que les manifestants ont exprimé leur ras-le-bol contre IBK, son gouvernement et la présidente de la Cour constitutionnelle du Mali. Cette dernière est dans le collimateur des Maliens depuis la proclamation des résultats définitifs des législatives. On pouvait lire sur les pancartes : « IBK dégage ; le Mali aux Maliens ; IBK où est Soumaïla Cissé ; IBK, vous avez déçu tout le peuple malien ; Nous disons non à la mauvaise gouvernance du pays, à la corruption, à l’injustice et à l’insécurité ; Un peu de dignité ; Non à la katiba de la SE, Trop c’est trop etc.» Ces messages renforcés avec le son des trompettes traduisent, non seulement le ras-le-bol d’un peuple en quête du bien-être, mais aussi la tension électrique qui régnait autour de cette manifestation politico-religieuse.

Avant l’intervention du parrain de la Cmas, l’imam Mahmoud Dicko, le président de la République IBK a été bien servi sous les ovations d’un public surexcité par les différents intervenants qui se sont succédé au pupitre. Les uns et les autres ont été on peu plus clairs : «Le temps de la dénonciation est passé. IBK est incapable d’apporter une réponse à la crise multidimensionnelle du Mali. Après 7 ans d’incohérence, de tâtonnement, de mauvaise gouvernance, de corruption et d’insécurité, le peuple a décidé de retirer le permis à un chauffeur qui passe son temps à faire des accidents. Le président IBK doit tirer les leçons qui s’imposent et quitter le pouvoir avec son régime pour que nous puissions aller de l’avant». Me Mountaga Tall va plus loin. Selon l’ancien ministre de la Communication d’IBK, le Mali est un village dirigé par un chef qui ne contrôle plus rien. «Il faut l’aider à se décharger du fardeau qu’il porte».

L’intervention de ces leaders politiques n’était que l’avant-goût du procès de l’homme contesté, IBK dont le procureur n’est autre que son ancien ami, l’imam Mahmoud Dicko. Ce dernier n’a pas manqué de faire son mea culpa avant de demander le pardon au peuple malien d’avoir aidé IBK à venir au pouvoir.

La panique règne à Sébénicoro depuis la rupture d’IBK avec l’ancien président du Haut conseil islamique du Mali. De plus en plus l’imam de Badalabougou empêche le locataire de Koulouba de dormir sur ses deux oreilles. Et pourtant, les deux hommes se connaissent personnellement, le premier a aidé à faire élire le second en 2013. Conscient qu’il s’est trompé sur la personne d’IBK, l’imam Dicko n’a pas manqué de faire son mea culpa avant de demander le pardon au peuple malien d’avoir aidé IBK à venir au pouvoir.

Les griefs et la mise en garde contre IBK

La gigantesque manifestation organisée par la coalition politico-religieuse a tenu toutes ses promesses en termes de mobilisation. Malgré cela et le mot d’ordre des organisateurs, l’imam Dicko a gardé sa posture de leader modéré. Sans prononcer le mot «démission», le désormais ancien ami encombrant d’IBK n’a pourtant pas laissé de doute sur le fond de sa pensée. « Bilahi ! Bilahi ! Bilahi ! Je le dis à qui veut l’entendre, cette mobilisation n’est qu’une première. Cela doit servir de leçon pour IBK. Et qu’il gère ça dans la dignité sinon la suite de l’événement fera date dans l’histoire du Mali», a mis en demeure l’imam.

Avec un ton plus grave et surtout menaçant, le leader religieux égraine la conséquence de la gouvernance du régime d’IBK depuis son premier mandat en 2013. Le parrain de la Cmas reste convaincu d’une chose. C’est que tout ce qui arrive au Mali résulte de la mauvaise gouvernance. La corruption est, dit-il, érigée en système de gouvernance. « Il n’y a pas de sécurité, d’école. Il y a trop de corruption et la goutte d’eau a été les résultats tronqués des élections législatives. Aujourd’hui, trop c’est trop. La mauvaise gouvernance, la délinquance financière, l’insécurité totale jusqu’à Bamako. Il faut redresser la barre pour que le navire ne chavire pas», a-t-il invité.

Avant de terminer son intervention, l’ancien président du Haut conseil islamique a invité ses concitoyens à la mobilisation générale et à une prise de conscience pour sauver la patrie. Selon lui, la soumission et la résignation ne sauraient être en aucun cas une solution à la mauvaise gouvernance. «Nous sommes un peuple de la résistance, un peuple debout. Il est grand temps de mettre fin à la tergiversation et au tâtonnement. Il faut nécessairement que le peuple malien prenne son destin en main».

Malgré la panique, le régime s’en sort bien

Un autre enseignement des événements de la journée du 5 juin 2020 est la gestion politique et sécuritaire de cette sortie de la coalition Cmas-FSD-EMK par le gouvernement.

Apres l’échec des négociations pour annuler le rassemblement et les menaces d’une contremarche des pro-régimes, le pouvoir a opté pour une posture défensive. Un important dispositif sécuritaire a été déployé pour encadrer les manifestants et sécuriser les institutions, singulièrement la résidence du président de la République à Sébénicoro.

D’un camp à l’autre, chacun est resté sur sa faim. Dans cette guerre ouverte entre IBK et son ancien ami, chaque camp voulait pousser l’autre à la faute pour empocher les points de cette première confrontation.

Ainsi, la coalition politico-religieuse sous la conduite de l’imam Dicko n’avait d’autre objectif que de mettre en mal la sérénité apparente du régime et pousser ce dernier dans son dernier retranchement. Même si l’objectif n’a pas été atteint, force est de reconnaitre qu’avec cette démonstration de force l’imam Dicko a pris une avance sur son adversaire du jour. L’avantage psychologique et sa capacité de grande mobilisation fait de lui un acteur incontournable.

Du côté du pouvoir, il s’agissait de profiter d’une petite faute pouvant transformer la manifestation en violence pour utiliser la manière forte et si possible mettre la main sur certains leaders de la contestation. Malheureusement, pour ses concepteurs, la stratégie est restée dans les tiroirs malgré la volonté de certains manifestants de mettre le cap sur la résidence du président de la République sise à Sébénicoro. Cette tentative a été dispersée par les forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogènes. Dans un communiqué du gouvernement, le ministre de la Communication dresse le bilan de cet affrontement aux portes de Sébénicoro. Il se présente comme suit : 19 blessés dont quinze (15) parmi les forces de l’ordre ; 11véhicules des forces de sécurité endommagés par les manifestants, dont un totalement 1 incendié. Il faut ajouter plusieurs interpellations.

Ce qu’il faut tire comme enseignement de cette première partie, c’est que le locataire de Koulouba a pu tirer son épingle du jeu. Malgré la pression, le président bénéficie du soutien des autres institutions de la République, celui de la majorité politique et la Communauté internationale.

ND

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Place de l’indépendance

Les manifestants prient sans l’imam Dicko :

La prière collective annoncée par Mahmoud Dicko a été exécutée par les manifestants qui s’étaient massivement dressés à la Place de l’indépendance.

Les manifestants se sont finalement désillusionnés au sujet de la prière collective que le parrain de la Cmas, Mahmoud Dicko avait promise. Ce sur la Place de l’indépendance pour donner le ton au rassemblement massif qu’il organise avec les leaders du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) et de l’Espoir Mali Kura (EMK). Ce sont respectivement Choguel Kokala Maïga et Cheick Oumar Sissoko et autres briscards de la scène politique malienne.

Si la prière devrait être tenue avant 14 heures, Mahmoud Dicko n’était pas arrivés avant 15 heures. Conséquence : Certains manifestants prenaient déjà le chemin du retour avec leurs nattes sur la tête bien avant l’arrivée du leader religieux. Cet aspect est non négligeable pour une telle initiative. « Nous partons à la maison parce que l’imam Mahmoud Dicko a pris du retard. Nous sommes ici depuis 13 heures », a lancé un manifestant.

Un peu loin de ce dernier, un autre a témoigné que certaines personnes ont prié sur la Place de l’Indépendance. A l’entendre, Mahmoud Dicko n’a pas prié là-bas. Tant ces gens étaient déterminés pour la cause que la rage au cœur se constatait facilement. Chose qui a fait que les deux sens du goudron étaient mouvementés par les manifestants qui venaient et ceux qui partaient.

Bazoumana KANE
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