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Réseaux sociaux : Qui veut déstabiliser l’Armée ?
Publié le mardi 9 juin 2020  |  L’Essor
Patrouille
© AFP par PHILIPPE DESMAZES
Patrouille de l`armée malienne et française à Goundam
Patrouille de l`armée malienne et française entre Goundam et Tombouctou
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Sur les réseaux sociaux, l’Armée se bat à coup de communiqués et de tweets pour défendre son honneur et préserver son unité. Son handicap ici est qu’elle n’est pas sur son terrain de prédilection car, contrainte à la réserve, elle ne dispose pas des mêmes armes que ces individus tapis dans l’ombre mais qui sont des influenceurs de masse et mettent à rudes épreuves les nerfs de nos soldats.

En fin de semaine dernière, une lettre d’une légèreté déconcertante a circulé sur Facebook, informant de la création d’une coordination de soutien aux idéaux du leader religieux au sein des forces armées et de sécurité. Le communiqué qui circule sur la toile est un faux grossier.

Comme si cela ne suffisait pas, une autre information émanant toujours d’une source non identifiée, accuse les chefs militaires de détournement de salaires par le biais de faux bulletins de paie.

Si la première attaque vise à semer le doute sur la loyauté de l’Armée, la seconde a clairement pour objectif de jeter le discrédit sur la hiérarchie militaire. Pourtant, le projet de bancarisation des salaires et des primes vise justement à apporter plus de transparence.
Dans les deux cas, le dénominateur commun est de saper la cohésion au sein l’Armée en semant la zizanie entre la troupe et le commandement, accusé de s’enrichir sur le dos des soldats.

La meilleure façon d’y parvenir, c’est de vendre l’idée que la grogne gagne les casernes et que les hommes en uniforme sont prêts à rejoindre les rangs des contestataires. Et si on arrive à mettre à mal la confiance entre les chefs militaires et les soldats, le tour est bien joué.

Dès lors, la jonction entre les civils et les militaires est faite pour constituer une véritable machine de guerre pour déstabiliser les institutions. Parmi les contestataires, il y a certainement des nostalgiques du scénario de 1991. Ceux-ci rêvent d’un remake du soulèvement populaire, suivi de l’intervention militaire pour faire chuter le régime de Moussa Traoré.

En officier averti, le chef d’état-major général des Armées a essayé d’esquiver le coup avant même qu’il ne soit donné. Le fait de dégainer le premier pour indiquer aux militaires la ligne de conduite (note interne du 2 juin) avant, pendant et après la manifestation du 5 juin, le général Abdoulaye Coulibaly a fait preuve de vigilance. Pas étonnant de la part d’un officier général qui a fait ses preuves sur le terrain. Les militaires ont respecté à la lettre les consignes de la hiérarchie.

Si cette note de cadrage a permis de clarifier la position des forces armées et de sécurité, elle n’a cependant pas suffi à leur éviter les assauts répétés de l’ennemi sur la toile. La hiérarchie militaire reste mobilisée face à ces tentatives répétées de mettre à mal la cohésion au sein de la grande muette. La Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) a publié, lundi, une série de tweets pour dénoncer « une tentative de manipulation par des individus aux intentions malsaines ».

Invitant les militaires et les populations à la vigilance, elle martèle que l’Armée reste aux ordres des institutions de la République.

Le ministre de la Défense et des Anciens combattants a pris le relais en milieu de journée, dans un communiqué, pour apporter un vigoureux démenti au « buzz dans les médias ». Cette fois, le général de division Ibrahim Dahirou Dembélé, visiblement agacé, a haussé le ton : « Toute initiative tendant à saboter ces efforts (Loi d’Orientation et de programmation militaire) ne saurait être tolérée par le Département ».

L’officier général, dont on connait le franc-parler, a instruit une enquête interne pour se faire une religion. Cela suffira-t-il pour arrêter le harcèlement sur la toile ? Rien n’est moins sûr.

Ahmadou CISSE
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