PolitiqueDr J Peter Pham L’envoyé spécial des Etats-Unis pour la région du Sahel La 40e réunion du Comité de Suivi du présent Accord (CSA) à Bamako au Mali
Excellence, Monsieur Boualem Chébihi, Ambassadeur de la République Algérienne Démocratique et Populaire à la République du Mali, Président du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation, je vous remercie de m’avoir accueilli à cette quarantième réunion du CSA.
Alors que je connais déjà beaucoup d’entre vous, certains même depuis plusieurs année, je voudrais saisir cette occasion pour me présenter en ma qualité d’envoyé spécial des États-Unis de l’Amérique pour la région du Sahel.
En novembre de l’année dernière, le Secrétaire d’Etat Michael Pompeo a approuvé notre cadre (« framework ») d’engagement diplomatique afin de répondre de manière appropriée à la crise sahélienne, y compris l’instabilité croissante. Ce cadre s’articule autour de quatre actions prioritaires : une plus grande coordination au sein du gouvernement américain ainsi qu’avec nos partenaires africains, européens et autres partenaires pour assurer un engagement international plus efficace ; renforcer la légitimité des États dans la région, y compris les États côtiers d’Afrique de l’Ouest ; et, bien sûr, la mise en œuvre de l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali, le sujet que nous examinons aujourd’hui.
Avant de continuer, je voudrais saluer la valeur, l’engagement et le sacrifice des forces armées françaises et de tous ses partenaires ainsi que ses récents succès sur le champ de bataille contre les terroristes.
Les États-Unis estiment que les dispositions de l’Accord d’Alger, si elles étaient mises en œuvre, joueraient un rôle important dans la stabilisation non seulement du nord du Mali, mais de la région du Sahel dans son ensemble. Ses dispositions répondent à de nombreux griefs sous-jacents que doivent subir les populations marginalisées au Mali. En fin de compte, les principaux bénéficiaires de l’Accord doivent être les populations maliennes, en particulier les communautés du nord, qui méritent plus de sécurité et de prospérité. J’espère que tout le monde ici partage cet objectif et y travaillera de concert. Cela demande certainement du travail. Et sans aucune doute un esprit de compromis. Cela demande aussi de mettre de côté certains intérêts personnels pour faire prévaloir le bien commun. Bien qu’une grande partie de l’attention et des ressources internationales se soient déplacées vers le terrorisme et les conflits intercommunautaires dans le centre du Mali et au-delà, nous devons aussi rester focalisés sur la mise en œuvre de l’Accord. Laisser ce conflit non résolu prolonge la pauvreté, l’insécurité et la misère auxquelles sont confrontés trop de Maliens.
Et en parlant d’insécurité, je ne peux manquer de remarquer que plus de deux mois se sont écoulés depuis que le chef de l’opposition politique au Mali, M. Soumaïla Cissé, a été enlevé par des terroristes alors qu’il se livrait au plus élémentaire des exercices démocratiques, sa participation à la campagne électorale..
Le Mali est un grand pays avec un histoire extraordinaire. À l’époque médiévale européenne, les royaumes et les peuples du Mali étaient la merveille de leur temps. Il n’y a aucune raison que les héritiers de Mansa Musa et Sonni Ali ne puissent pas également briller comme un phare pour la région et le monde.
Cinq ans après la signature de l’Accord le 20 juin 2015, nous approchons d’un anniversaire décourageant. Bien qu’il y ait eu une certaine mise en œuvre, ces efforts n’ont pas encore apporté un dividende significatif à ceux qui recherchent la stabilité. Je suis convaincu que les parties – les groupes armés et le gouvernement – respecteront leurs obligations au titre de l’Accord. Toutes les parties doivent toutefois manifester leur volonté de le faire. L’instabilité à long terme n’est dans l’intérêt de personne.
Le Conseil de sécurité des Nations Unies a énoncé à deux reprises des attentes sous forme d’objectifs (« benchmarks ») clairs dans les résolutions autorisant le renouvellement du mandat de la MINUSMA. Nous sommes en train d’établir à nouveau ces objectifs. Ils devront être réalistes et réalisables, mais seulement à condition que les parties souhaitent faire d’ authentiques progrés. La bonne nouvelle est que la communauté internationale est prête à aider les parties à trouver une voie à suivre. Nous avons l’intention de renforcer les efforts de ceux qui cherchent à trouver une solution et mais aussi à clairement marginaliser ceux qui font obstacle à la paix. Il y a un proverbe malien que j’ai appris il y a longtemps et qui résume bien la situation: un seul doigt ne peut prendre un caillou. J’ai vraiment hâte que nous travaillions tous ensemble.