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Qu’est-ce qui explique la volte-face de Mahmoud Dicko ?
Publié le vendredi 12 juin 2020  |  Le Démocrate
Rassemblement
© aBamako.com par momo
Rassemblement de la CMAS et certains partis politiques à Bamako
Bamako, le 05 Juin 2020, la Coordination des Mouvements et Associations de Soutien à Mahmoud Dicko (CMAS) et ses alliés ont organisé un grand rassemblement à la place de indépendance.
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Annoncée en pompe par les partisans de l’Imam, la grande manifestation pour demander le départ du Président de la République n’aura pas lieu. En lieu et place, il y aura une mobilisation contre un objectif creux: « mauvaise gouvernance » au même jour et au même endroit.
De l’objectif premier à ce dernier, les lignes ont bougé. Il y a eu rétropédalage quelque part. Certes Dicko ne recule pas, mais le message a évolué! Qu’est-ce qui explique ce changement de langage opéré dans l’intervention télévisée de l’Imam et dans la lettre réponse des organisateurs à la Cour Constitutionnelle ? Il est à noter que tout cela n’est point le fruit du hasard, il y a eu certainement des choses et voici quelques pistes qui pourraient expliquer ce revirement:

DICKO N’ÉTAIT PAS POUR L’IDÉE DE DEMANDER LE DÉPART DU PRÉSIDENT ?

Suivant ses dires, l’Imam n’a jamais affirmé organiser une marche pour demander le départ du Président de République. C’est semble-t-il une revendication de la CMAS conduite par Kaou Djim. Il est invraisemblable de croire à cette version sachant bien que ce n’est pas la première fois que Kaou Djim tient de tels propos sans avoir été inquiété par la suite de son rôle de porte-parole de l’Imam. La conférence de presse de l’annonce de la manifestation s’est tenue le samedi dernier, il aura fallu plusieurs jours pour que l’Imam apporte ses nouveaux éléments, il avait pourtant tous les moyens de rectifier le tir depuis.

Dans une autre hypothèse, il aurait certainement donné son accord de principe pour l’organisation de la manifestation sans en définir tous les contours. Voyant les choses en arriver là, il a préféré prendre les choses en mains! Cette dernière est plus plausible vu que je ne dispose d’aucun élément prouvant que Dicko en personne aurait appelé pour une manifestation afin de demander le départ du Président.



En plus Dicko a toujours été très modéré dans ses prises de positions politiques. Cette hypothèse dévoile également les divergences aussi de la CMAS quant à la posture à tenir vis-à-vis du régime. Par ailleurs, il se pourrait que la demande du départ du Président était juste une stratégie de marketing politique pour rallier les milliers de déçus du régime dans lesquels on trouve les transfuges du régime ou ceux tombés en disgrâce.

DICKO AURAIT IL CÉDER FACE AUX DIFFÉRENTES MÉDIATIONS?

L’Imam étant un homme écouté et qui écoute aussi les autres, il n’est pas à exclure qu’il aurait revu les objectifs à la suite d’intenses tractations et médiations dépêchées et initiées par le Régime ou par les pays voisins. L’argument selon lequel la situation ne se prêterait à une énième déstabilisation institutionnelle semble avoir convaincu Dicko.

DES PRESSIONS INTERNATIONALES ?

Dans une troisième hypothèse, on peut être tenté de croire que l’Imam aurait reculé face à des pressions extérieures. La communauté internationale bien que silencieuse ouvertement suit de près, dans les coulisses, la situation malienne. Les pays occidentaux et de la Cedeao qui déploient des colossaux moyens financiers et humains sur le terrain voient d’un mauvais œil toute tentative qui pourrait avoir des conséquences sur le fragile processus institutionnel du pays. D’autres n’appréciaient guère la récurrence des incursions des religieux dans le débat politique. La France principalement ne saurait rester en marge d’un tel développement de la situation politique sans agir d’une manière ou d’une autre.

UN PIÈGE POLITIQUE EN VUE?

En cas de démission du Président et de son Régime, qui pour prendre les rennes d’une éventuelle « Transition »?

Les politiciens répartis entre la majorité et l’opposition se réuniront certainement pour mettre à l’écart les religieux afin de bénéficier de la bienveillance de la communauté internationale. Dicko qui aurait mené ce combat risque de se retrouver sur la touche en fin de compte. D’autres viendront profiter de son éléphant abattu à sa place. Cette dernière hypothèse peut également expliquer le rétropédalage. En conclusion, si nous ne sommes pas dans les secrets de l’Imam, les différents changements de tons et de postures laissent sérieusement entrevoir que la Camp Dicko a reculé, pas dans sa démarche mais en ce qui concerne les buts donnés à cette mobilisation. On peut également déduire que c’est la combinaison des hypothèses évoquées ci-haut qui ont provoqué ces évolutions.

M. ASSORY
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