Semant la terreur dans des villages du Mali, du Niger et du Burkina Faso, des soldats ont tué illégalement ou soumis à des disparitions forcées au moins 199 personnes entre février et avril 2020, selon Amnesty International dans un nouveau rapport publié hier mercredi 10 juin 2020. « Au Mali et au Burkina Faso, où la situation est celle d’un conflit armé non international, les homicides délibérés de civils non armés par les forces de sécurité pourraient être constitutifs de crimes de guerre », explique Amnesty international. Certains des homicides commis s’apparentent à des exécutions extrajudiciaires, et des personnes déplacées internes font partie des victimes, précise l’ONG dans un rapport, intitulé « Ils en ont exécuté certains et emmené d’autres avec eux ». Au Burkina Faso, Amnesty International a recueilli des informations faisant état de violations flagrantes des droits humains commises par les forces de sécurité du Burkina Faso entre mars et avril 2020. Dans au moins deux cas, les forces de sécurité ont soumis des personnes à des disparitions forcées – dont des personnes déplacées internes–, avant de les tuer, souligne l’ONG. Issouf Barry, conseiller local de Sollé, Hamidou Barry, chef du village de Sollé, et Oumarou Barry, membre de la famille princière de Banh, ont été enlevés à leur domicile, à Ouahigouya, le 29 mars 2020. Selon un proche d’une des victimes, ces trois hommes ont été arrêtés chez eux par des gendarmes. Tous trois étaient des personnes déplacées, qui avaient quitté leur lieu d’habitation d’origine pour trouver refuge à Ouahigouya, la capitale régionale, en raison de l’insécurité. Leurs cadavres ont été retrouvés par des villageois le 2 avril en périphérie de la ville, sur la route menant à Oula. Dans un autre cas signalé à Amnesty International, 31 habitants de Djibo, dont 10 personnes déplacées, ont été arrêtés et exécutés le 9 avril 2020 par le Groupement des forces antiterroristes (GFAT). Le 20 avril, le gouvernement a reconnu que des exécutions extrajudiciaires avaient eu lieu. Il a déclaré que la Direction de la justice militaire avait été chargée le 10 avril d’enquêter sur ces allégations.
Au Mali, l’armée a lancé des opérations de grande ampleur dans les communes de Diabaly et de Dogofry, dans la région de Ségou. Ces opérations ont donné lieu à diverses violations des droits humains à la suite d’attaques de groupes armés contre les forces de sécurité. Amnesty International a pu confirmer au moins 23 cas d’exécutions extrajudiciaires ou d’autres homicides illégaux et 27 arrestations arbitraires suivies de disparitions forcées aux mains de l’armée malienne dans les communes de Diabali et de Dogofry, entre le 3 février et le 11 mars 2020. Au Niger, 102 habitants de la région de Tillabéri, dans le sud-ouest du pays, ont été arrêtés et soumis à une disparition forcée par l’armée dans le cadre de l’opération Almahou entre le 27 mars et le 2 avril 2020. « L’insécurité règne au Sahel, où la population est piégée entre les attaques des groupes armés et les opérations militaires en cours. On sait que l’armée procède à chaque fois à des dizaines d’arrestations arbitraires, et que certaines des personnes arrêtées ne réapparaissent jamais, mais on ignore l’ampleur réelle des violations commises par les forces de sécurité », a déclaré Samira Daoud, directrice pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale à Amnesty International. « Les autorités du Mali, du Niger et du Burkina Faso doivent mettre un terme aux homicides illégaux et aux disparitions forcées perpétrés par leurs forces de sécurité. Elles doivent faire libérer immédiatement toutes les personnes qui ont été arrêtées ou enlevées, à moins que celles-ci ne soient traduites devant un tribunal et inculpées d’une infraction dûment reconnue par la loi. Elles doivent enquêter sur ces violations et en poursuivre les responsables présumés en justice. L’impunité ne fait qu’engendrer de nouvelles violences et atteintes aux droits humains », a indiqué Samira Daoud. « Il est important que les acteurs régionaux et les partenaires internationaux se prononcent fermement contre ces violations et appellent les autorités des trois pays à faire en sorte que toutes les mesures nécessaires soient prises avant, pendant et après les opérations militaires pour éviter de mettre la population civile en danger et empêcher que d’autres violations ne soient commises». Selon Amnesty international, Jusqu’à présent, les engagements des gouvernements du Mali, du Burkina Faso et du Niger promettant de remédier à ces violations n’ont pas été suivis d’effets.
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Des militaires maliens accusés d’exactions dans le centre du Mali
L’armée malienne ouvre une enquête
L’armée malienne a annoncé lundi dernier l’ouverture d’une enquête sur les éventuelles exactions commises par des militaires contre des civils dans le centre du pays. « Depuis un certain temps, des informations font état d’exactions non encore élucidées attribuées aux forces armées maliennes( FAMa) sur les théâtres des opérations, notamment dans les localités de Binedama et Yangassagou dans la région de Mopti et Massabougou dans la région de Ségou», a indiqué, dans un communiqué, le ministre de la défense du Mali Dahirou Dembelé .Selon le ministre, des missions d’enquête opérationnelle ont été diligentées dans les différentes localités pour faire toute la lumière sur ces allégations. A l’issue des enquêtes, précise le ministre, les auteurs de crimes, quels qu’ils soient, seront sanctionnés conformément à la législation en vigueur. Le vendredi 5 juin 2020, une trentaine de personnes ont été tuées dans le village de Binedama, dans le cercle de Koro, région de Mopti. La tuerie a été attribuée à l’armée malienne par l’association Tabital Pulaaku.