Depuis l’entrée en vigueur des mesures de lutte contre le coronavirus, notamment dans le domaine des transports, avec la fermeture des frontières terrestres et la suspension des vols commerciaux à destination et en partance du Mali, les commerçants font face à des difficultés concernant l’approvisionnement et l’écoulement des produits. Malgré tout, certains arrivent à tirer leur épingle du jeu.
Depuis 15 ans, les commerçants détaillants se regroupent pour aller faire leurs achats dans les pays limitrophes du Mali. Depuis l’arrivée de la Covid19, tout cela est arrêté. “Notre situation est très difficile de nos jours. Parlant de la distanciation d’un mètre, cela n’est pas chose facile chez nous car entre le commerçant et son client c’est la proximité. Ils doivent se rapprocher pour pouvoir discuter le prix de la marchandise, mais s’ils sont loin l’un de l’autre, ce n’est pas du tout intéressant. La distanciation est ancrée dans la tête de beaucoup de consommateurs jusqu’à ce qu’il n’y ait même plus d’affluence dans nos marchés. C’est le ralenti total”, décrit Cheick Oumar Sacko, président du Syndicat national des commerçants détaillants du Mali (Synacodem).
L’interdiction de voyages des commerçants a également occasionné, au début, des flambées sur certaines marchandises. Aux dires du président, les commerçants détaillants ne peuvent plus voyager pour aller faire leurs achats main en main pour revenir, mais par contre, certains commerçants import-export font leurs commandes en ligne et d’autres envoient leur argent par les banques, au détriment des commerçants détaillants qui n’ont pas cette capacité.
“Cette période de pandémie a coïncidé avec celle de la période de délestages électriques qui constitue chaque année un souci majeurs des commerçants maliens.
Actuellement, nous ne gagnons que 50% de nos revenus habituels et cela est dû aux mesures préventives prises par le gouvernement”, a indiqué Cheick Oumar Sacko, avant de remercier le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali pour leur avoir donné des kits de lavage des mains à déposer à l’entrée de tous les marchés de Bamako et des masques, “mais ce n’est pas suffisant car il n’y en a pas à l’entrée des boutiques et magasins. Certains commerçants les déposent devant leurs boutiques, mais ce n’est pas tout le monde qui a ce réflexe de les utiliser avant d’entrée dans les lieux de commerce”.
Cheick Oumar Sacko, président du Syndicat national des commerçants détaillants du Mali (Synacodem) souhaite que les autorités laissent les commerçants mener leur activité comme avant, c’est à dire qu’on laisse les commerçants aller là où ils veulent et que le gouvernement supprime la distanciation pour que les populations puissent faire leurs achats dans les marchés comme elles le faisaient auparavant. Il souhaite également l’ouverture des frontières pour qu’ils puissent vivre de leurs commerces.
Pour terminer, Cheick Oumar Sacko, qui est aussi le président de la Chambre de commerce régionale du district de Bamako, a tenu à remercier le gouvernement pour la non fermeture des marchés car cette mesure allait être catastrophique, ajoute-t-il.
Selon Yaya Mariko, vendeur de kits de téléphone (batteries, écouteurs, chargeurs, pochettes, etc) au grand marché de Bamako, le coronavirus n’a rien changé chez lui. Il continue de gagner la même recette qu’il gagnait avant. A l’entendre, il ne voyage plus depuis l’entrée en vigueur des mesures de lutte contre le coronavirus, mais il y a des représentants ici qui envoient son argent et il reçoit sa commande. “On a une application qui nous facilite beaucoup la tâche maintenant. Cette application consiste à nous proposer des marchandises en Chine et à Dubaï, son prix au lieu de la provenance et en Fcfa. Il suffit seulement de cliquer sur ce que vous voulez et vous partez verser l’argent pour recevoir ensuite votre commande à temps. L’une de mes commandes est arrivée à la veille du ramadan et une autre est venue hier, jeudi.
Quand on fait la commande à travers cette application, on trouve la marchandise au même prix que celui qui voyage. Je n’ai vraiment pas de problème en ce qui concerne la commande ou l’écoulement de mes marchandises”, a souligné Yaya Mariko, vendeur de kits de téléphone au grand marché de Bamako.
Quant à Issa Haïdara, vendeur d’articles de ménage et de décoration à Boulkasoumbougou, il reconnaît qu’il se plaignait au début de la maladie parce qu’il n’y avait pas de marché, mais la situation s’améliore progressivement. “On n’arrivait pas à s’approvisionner parce qu’il y avait le confinement dans les pays où on s’approvisionne. C’est mon grand frère qui voyage et moi je vends à la boutique. Le confinement en Chine y a trouvé mon grand frère en train d’y faire des achats et il y est resté bloqué pendant deux mois. Maintenant, les choses commencent à aller, les gens ne respectent plus la distanciation et le port du masque et nous aussi on ne l’exige à nos clients”, a-t-il signalé.
Il faut noter que les commerçants n’ont reçu aucune aide pour atténuer les effets de la Covid-19, ni de la part de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali ni de la part de leur ministère de tutelle.