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Lettre ouverte d’un Malien au président de l’Assemblée nationale du Mali : “Rien ne fonctionnera correctement au Mali tant que l’Assemblée nationale ne jouera franchement son rôle de contrôle de l’action gouvernementale”
Publié le samedi 13 juin 2020  |  Aujourd`hui
Election
© aBamako.com par AS
Election du président de l`Assemblée Nationale du Mali
Bamako, le 11 Mai 2020, l`Assemblée Nationale du Mali s`est réunie en session inaugurale pour élire le Président au CICB. Photo: L`honorable Moussa Timbiné
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Dans un courrier adressé à notre rédaction, Baissai Diallo, attire l’attention de l’Honorable Moussa Timbiné (président de l’Assemblée nationale du Mali) sur les graves problèmes de détournements de deniers publics et de la prédation foncière et l’appelle, en même temps, à agir dans le sens d’un fonctionnement correct de l’institution parlementaire, notamment en jouant franchement son rôle de contrôle de l’action gouvernementale. Texte intégral !
Honorable Timbiné, je vous présente mes hommages et prie pour que votre mandat, avec l’accompagnement de vos collègues, remplisse les promesses faites. Et là-dessus, je vous cite : “En plus de notre mission régalienne consistant à légiférer et contrôler l’action gouvernementale, il nous faudra nécessairement trouver des solutions pertinentes pour répondre aux préoccupations de nos mandats et inscrire les restitutions parlementaires en bonne place dans notre agenda”, (Page 3 de L’Essor n° 19160 du mardi 12 mai 2020, 59e année). Et vous insistez, en disant que “l’Assemblée sera vigilante, exigeante et intraitable pour que la vision du président de la République soit comme il veut, c’est-à-dire, source d’espoir et de satisfaction pour ses concitoyens”. Tout est dit. Et bien dit. Reste à faire. Et bien faire.

Honorable Président de l’Assemblée nationale, voici quelques constats, en vrac, à travers le temps politique. Le Pays (je ne résume pas le Mali à Bamako, mais la capitale étant le thermomètre, alors, ce n’est pas exagéré de dire le “pays”), donc, le Pays vient de faire face à une énième secousse dont nul, même pas ceux qui sont à l’origine, ne mesure la portée.

Venant à l’essentiel de mes propos, j’affirme que rien ne fonctionnera correctement tant que l’Institution à la tête de laquelle vous vous trouvez actuellement ne jouera franchement son rôle de contrôle de l’action gouvernementale. En effet, en remontant un peu dans le temps, le constat que l’on fait est que trop d’incongruités sont encore présentes dans l’esprit du peuple et elles s’incrustent dans l’esprit de ceux qui sont appelés à prendre la relève, cette relève que vous incarnez : les jeunes et, derrière vous, plus jeunes que vous.

Les problèmes de notre pays se résument, selon moi, à deux principaux points : les détournements de deniers publics et la prédation foncière. Je ne cite pas volontiers la corruption, ce fameux poulpe tentaculaire, né avec le monde et qui ne disparaîtra de notre vocabulaire qu’à la condition que l’on tienne compte de ce que je dis ci-dessous. Tous les maux qui minent notre économie et sapent le moral des populations découlent de ces horribles chancres. Et l’équilibre ne sera jamais rétabli tant qu’ils perdureront et que l’on feindra d’y apporter solution. Il ne se passe de jour qu’on ne dénonce des cas liés aux deux points cités. Je veux citer seulement deux des plus officiels et abjects liés aux détournements de fonds.

– Il y a environ 20 douloureuses années, l’affaire des 12 milliards Fcfa de l’ACI : envolés ! Partis en fumée ! Sans trace ! Hélas, cette ACI continue de défrayer la chronique des dilapidations de fonds ! Le peuple a de la mémoire, Mesdames et Messieurs ! Voudrait-on ici parler de délai de prescription, pour un odieux crime qui n’a jamais été jugé et que l’on aurait tendance à étouffer ?

– Les 385 milliards Fcfa : je peux faire erreur sur les chiffres exacts tant c’est incroyable. A propos de cette affaire, le Président de l’époque a superbement dit sur les antennes, et jeté à la face du Peuple et du monde entier, qu’il “n’humiliera aucun chef de famille”. Depuis, plus rien ! Plus rien ? Non, c’est le peuple qui fut humilié, ce peuple qui l’a élu et qu’il a, avec bienveillance, mis sous perfusion et laissé exsangue.

Mais, Honorable Président de l’Assemblée nationale, d’où proviennent ces énormes sommes ? Je suppose qu’elles sont ponctionnées à partir des différents budgets alloués aux différents ministères, donc du gouvernement dont vous avez la charge de contrôler l’action. Je me trompe ?

Les questions qui me viennent tout de suite à l’esprit sont les suivantes :

1-Comment, surtout de nos jours où le citoyen a toute latitude d’accéder aux budgets alloués aux différents ministères à travers les ouvertures de crédits, ouvertures lancées sur le Net, comment donc, en fin d’exercice (semestriel), l’Assemblée nationale n’exige-t-elle pas de chaque ministre la restitution en bonne et due forme de l’utilisation faite des crédits dont il a bénéficié avant de lui autoriser à accéder à un autre ?

2-A quoi servent les multiples services de contrôle des finances publiques quand on sait qu’elles ne parviennent pas à poser un garrot pour juguler les hémorragies financières ?

3-Quel rôle l’Assemblée a-t-elle, jusqu’ici, joué dans cette affaire d’audit desdites structures ?

Sérieusement, je me demande pourquoi, durant tout ce temps, aucune législature n’a réagi et demandé au gouvernement de justifier ces ponctions fatales à l’économie.

4 – Va-t-on continuer à fragiliser la plus haute Institution qu’est le Président de la République, que tout le monde cite à tout bout de champ ? Ou alors, dites-nous, une peur indicible sous-tendrait-elle ce mutisme, cette non-réactivité des Honorables que vous êtes, qui n’hésitez pas à vous prévaloir d’être des élus, des représentants du peuple dont les ressources sont allégrement pillées !

J’ai bien apprécié vos propos, Honorable Président de l’Assemblée nationale, les premiers contenus dans votre discours dont des extraits sont cités plus haut. Je ne doute pas de votre bonne foi. J’attends seulement de vous voir à l’œuvre, vous et vos collègues. En résumé, je vois mal comment la plus haute Institution ne continuerait pas à être fragile si vous n’utilisez pas pleinement le pouvoir dont vous jouissez.

Je termine avec une doléance : pourriez-vous édifiez vos concitoyens, surtout les enfants, les jeunes élèves, sur le port différencié de l’écharpe tricolore par les élus de la nation ? D’une Institution à l’autre, l’orientation semble libre. Pourquoi ? Personnellement, je ne comprends pas, alors pas du tout, pourquoi ce symbole de notre souveraineté est porté différemment par les Institutions. Que Dieu vous garde et vous accompagne !

Baissai Diallo, Kalabancoro

kouloubleni
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