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Mouvement du 05 juin : IBK dans la défiance ou la résignation ?
Publié le lundi 15 juin 2020  |  L’aube
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© aBamako.com par A.S
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA
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C’est au moment où ses derniers soutiens fondent comme neige au soleil que IBK fonce comme s’il gérait une situation normale après la manif du 05 juin devenue un mouvement qui grossit chaque jour à mesure que s’accroît la solitude à Sébénicoro.
C’est la même aise qu’il a pris à faire le tour du monde quand le pays brûlait et à vivre comme le sultan de Bruneï, dilapidant les ressources du pays dans le futile et l’accessoire comme la tentation peut même difficilement exister dans le cadre d’une gouvernance normale d’un pays normal.
Encore une désastreuse illustration de deux pays en un qui ne rencontrent jamais ou très peu : celui où vit IBK déconnecté de tout ce qui contredit le lyrisme de l’exaltation d’un Mali chimérique et le pays réel aux prises avec la galère et duquel surgissent le bruit et la fureur du refus de continuer à subir l’incurie et l’incompétence.

Les dernières décisions de IBK ressemblent à une défiance vis-à-vis des contestataires du régime, de nature à doucher l’enthousiasme de ceux qui pensent que la sortie de crise peut se faire d’une manière civilisée. Passait encore si le président avait un Premier ministre nouveau susceptible de dénouer la crise. Celui qui est en place n’avait nullement besoin de cette reconduction-provocation. Que vient ajouter cette démission-reconfirmation à la capacité du PM à infléchir le cours des évènements ? La confiance de IBK, loin de le renforcer, l’affaiblit plutôt aux yeux d’une vague contestataire qui fait du président, du Premier ministre, de la Cour constitutionnelle, de l’Assemblée nationale etc., des variables de sortie de crise. L’effet serait encore plus calamiteux si le but était de susciter des appétits au sein du Mouvement du 05 juin pour les maroquins ministériels. Ce serait la preuve d’une cécité politique incroyable et le marqueur d’une gestion de l’Etat qui a fait de l’avoir (que procurent les fonctions) l’alpha et l’oméga de la vie publique.

Plutôt qu’une nomination de premier ministre et la formation de gouvernement, la tâche politique urgente est de rassembler son camp et chercher à nouer un dialogue responsable. Le RPM est groggy après la dernière gifle qui a consisté à contrarier la candidature de Bocary Tréta (chef du parti) au profit de Moussa Timbiné et de désavouer Diarrassouba (président du groupe parlementaire) au profit du même Timbiné qui, décidément, est chargé d’une mission herculéenne au profit de la famille présidentielle.

L’ADEMA qui compte dans sa direction les meilleurs renifleurs des bons et mauvais coups, a vite fait de se mettre aux abonnés absents ne sachant dans quel sens le vent peut tourner après la mobilisation monstre du 05 juin.

Ce silence de cathédrale a donné des ailes à une bande d’opportunistes qui ont aussi flairé la bonne affaire de la semaine pour faire la poche à la famille présidentielle et à tous ceux qui redoutent les conséquences de la colère populaire, en allant leur miroiter l’idée d’une contre-marche avant le rétropédalage lamentable que l’on sait. Comme Chouala Moutaha Bayaya nous prend pour des saltimbanques, il explique la débandade par une demande de IBK qui ne souhaiterait pas que leur manif soit un vecteur de propagation du coronavirus. Dommage, on n’aura pas la marche à 3 millions de Maliens dans les rues. Quand on confie sa défense à des simples d’esprit, ça donne des affirmations comme ce chiffre de marcheurs au profit d’un président qui n’a été réélu que par 1.600.000 électeurs au prix de mille raccrocs. IBK connaît désormais ses vrais adversaires qui l’ont privé de 1,4 million de voix en 2018. Plus sérieusement l’attitude de IBK ne peut s’interpréter que comme une défiance face au mouvement parce conscient d’une force supérieure en sa faveur, à moins que ce ne soit le signe d’une résignation face à une bourrasque qu’il ne chercherait même pas à endiguer. Time will tell!

Bakary Diarra

In Refondation du Mali
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