Comme il fallait s’y attendre, à peine le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, Abdelmalek Droudkel, a-t-il été abattu par l’armée française au Nord-Mali et son successeur désigné qu’un attentat terroriste a secoué ce pays, faisant plusieurs morts dans les rangs de l’armée malienne. La nouvelle de la liquidation physique de ce terroriste a été annoncée en grande pompe par les médias français et présentée par certains journalistes naïfs en France – mais aussi en Algérie –comme la fin d’Al-Qaïda dans le Sahel, alors que l’expérience de la décennie noire en Algérie a démontré qu’à chaque fois qu’un groupe terroriste est étêté, il renaît de ses cendres et redouble de férocité pour à la fois venger la mort du chef et prouver qu’il est toujours aussi nuisible.
Des médias français plus mesurés ont eu raison de mettre en garde contre un triomphalisme béat, en estimant que si une bataille a été gagnée, la guerre ne l’est cependant pas. Les groupes islamistes armés, rompus à la guerre asymétrique, sont organisés de sorte que la mort du chef soit immédiatement palliée par l’allégeance au remplaçant, le khalifa, désigné d’avance pour éviter que le «djihad» soit interrompu ou qu’une guerre de leadership éclate au sein de l’organisation. L’armée française, qui a voulu montrer l’élimination de Droudkel comme une opération censée mettre fin au terrorisme dans la région, n’ignore pourtant pas cette réalité.
«Les pays qui font face au terrorisme islamiste doivent tirer les leçons des années 1990 en Algérie où les services de sécurité algériens ont acquis une expérience inégalée dans la lutte antiterroriste», estiment des sources qui expliquent que «les cas de l’AIS, du GIA, du GSPC et de toute la nébuleuse islamiste qui a choisi la voie de la violence armée pour imposer leur vision rétrograde et obscurantiste de l’islam et un Etat théocratique à l’afghane, doivent être étudiés davantage pour comprendre le fonctionnement de ces factions qui, tout en étant elles-mêmes divisées au point de se livrer une guerre sans merci, n’en adoptent pas moins les mêmes codes de conduite empruntés à la guérilla».
La France et ceux qui ont applaudi des deux mains la neutralisation d’Abdelmalek Droudkel ont dû mettre de l’eau dans leur vin après cette nouvelle attaque terroriste – vigoureusement condamnée par l’Algérie – au centre du Mali où le groupe de Droudkel a dû se replier pour y signer des attentats spectaculaires contre des militaires et des civils maliens, confirmant ainsi l’échec total de l’opération Barkhane et la justesse de la position de l’armée algérienne qui a refusé de participer au G5 Sahel, mis sur pied pour sauvegarder ses intérêts dans la région.