Le discours tant attendu, une occasion de tenter de redorer le blason présidentiel, fût une grande déception pour la majorité des maliens. L’approche, celle qui a consisté à tenter de renouer avec le dialogue et de tendre la main aux croisés, était bonne. C’était un discours rassembleur et un “mea culpa”. Nous avons vu un Chef d’Etat calme et disposé à faire des efforts pour améliorer sa gestion chaotique du pays. Mais nous sommes restés sur notre faim!
En effet, le président aurait pû profiter de l’audience réservée pour annoncer des réformes institutionnelles salutaires et très attendues. Au grand désespoir du malien, l’orateur a passé sous silence :
-la nécessité de réduire, de manière drastique, le nombre des ministères inutiles afin de réduire le train de vie de l’État. À ce titre, devraient disparaître le ministère du culte, le ministère des maliens de l’extérieur, et le ministère de l’intégration africaine. Il convient de noter que les ministères de la solidarité, de la cohésion sociale et celui du dialogue n’existent que pour faciliter le partage du gâteau avec les forces en présence. Leur fusion est plus que souhaitable. Quant au ministère des réformes institutionnelles, son existence ne peut s’expliquer que par les mêmes raisons évoquées précédemment. Enfin, la juxtaposition d’un ministère de l’aménagement territorial et de celui des domaines est aberrante et ne peut qu’engendrer un désordre administratif et une surcharge pondérale pour l’État.
– l’urgence de préserver la nature laïc de notre république en réformant les statuts du Haut conseil islamique.
-l’impérieuse nécessité de prendre à bras le corps le redéploiement de l’armée Malienne sur toute l’étendue du territoire. Le respect de l’accord d’Alger ne doit pas être un motif de partition. La particularité de la zone de l’Azawad ne confère pas à ladite zone une indépendance totale.
-l’impérieuse nécessité d’accentuer d’avantage la consolidation de nos FAMAs par des dotations en matériels et hommes.
-l’impérieuse nécessité de prendre les mesures concrètes de lutte contre la corruption et le détournement. Ces fléaux, dévastateurs, n’ont pas été pris sérieusement en compte dans les politiques publiques. Les affaires de détournement devant le pôle économique se terminent de façon théâtrale. La prolifération, inutile, des services dédiés à la lutte contre la corruption et le détournement n’a fait qu’alourdir les dépenses de l’État. Les résultats, au vu des montants détournés, sont décevants.
-la nécessité vitale de réformer l’économie, à travers une amélioration de la politique agricole (en panne actuellement), une industrialisation progressive du pays et le soutien significatif des initiatives jeunes.
-la nécessité vitale de réformer le système scolaire pour assurer l’avenir de la relève. Il est temps d’en finir avec les crises scolaires à répétition. La restructuration des services techniques de l’État, dédiés à l’école, est urgente. Il faut plus de personnes sur le terrain que dans les bureaux.
La recherche scientifique doit être soutenue par des appels à projets innovants et impactants. L’industrialisation du pays en dépend. Les jeunes maliens doivent désormais s’illustrer dans les découvertes scientifiques. L’enseignement supérieur mérite d’être réorganisé. Il est temps de congédier l’ancienne bureaucratie afin que la jeunesse reprenne le flambeau. Il s’agira d’une jeunesse triée sur le volet, des élites.
-l’urgence de sécuriser le foncier. La création d’un vrai cadastre et l’organisation d’un contrôle effectif, par plus d’agents sur le terrain et moins de bureaucrates, permettront de réduire le désordre actuel. L’absence de référence à ces problématiques récurrentes et existentielles prive le discours présidentiel de son intérêt. Peut-être que c’est le signe d’un déphasage avec les réalités pressantes du pays et donc de l’incapacité du Chef de l’Etat. Auquel cas, il lui faut tirer les conséquences qui s’imposent et partir par la grande porte.