La politique de l’actuel chef de l’État est certainement détestable. Elle n’est pas à la hauteur des défis qui acculent ce pays. Mais encore moins celle de ceux qui veulent le faire partir pour raisons personnelles inavouées. Et cela parce que nous pensons connaitre les raisons de leur guéguerre politique. On ne citera pas de nom mais les uns et les autres se reconnaîtront.
Les nouveaux acteurs de la nouvelle révolution, ceux qui ont déjà fait un passage au moins au gouvernement d’IBK, manquent terriblement de crédibilité. D’abord parce que leur passage n’a en rien servi le pays. Les maliens les ont vu à la télé, défendre quelques fois celui qu’ils voudraient trucider ce jour. Le peuple a espéré, en vain, la perspective d’un changement du fait de leur présence.
Spectateurs impuissants, les pauvres (le bas peuple) ont fini par accepter l’incompétence et l’irresponsabilité collective des équipes mal composées. Aujourd’hui, sous les projecteurs, certains voudraient embobiner l’opinion avec des discours absolument sympathiques mais substantiellement dénués de tout engagement patriotique. L’essentiel du discours se résume à la dénonciation de la mauvaise gouvernance et l’expression du souhait de déloger toutes les institutions.
Qu’à cela ne tienne…le peuple est témoin de cette mauvaise gouvernance et demeure seul à même de disgracier ses institutions. Mais que proposent concrètement ces anciens-nouveaux défenseurs des pauvres? Les a-t-on déjà entendu faire des propositions concrètes ? Le “départ d’IBK et la dissolution de toutes les institutions”, ce sont là leurs priorités. Or, nous savons bien que la nature a horreur du vide! Pour combler, que proposent-ils? Des élections anticipées, assurément non puisque les finances de l’État sont très justes et ne pourraient pas suffir pour les présidentielles et les législatives, sans parler des communales qui approchent.
Alors que faisons-nous? Organiser une transition comme en 2012? Et le chef de l’État par intérim gouvernerait par ordonnance !? C’est une idée mais saurait-on se mettre d’accord sur le choix de l’intérimaire ? Où faudrait-il, comme des enfants mineurs, laisser la communauté internationale nommer un Chef d’Etat? Bref, toutes ces questions, sans réponses, sont troublantes. Et cela est d’autant plus vrai que le peuple lui même ne semble pas conscient des conséquences d’un vide institutionnel.
On lui offre un rêve, la possibilité de faire déguerpir un régime indigne de lui. Mais aucun de ceux qui l’emerveillent n’est en mesure de le rassurer avec un projet de société digne d’un peuple meurtri et épris de justice et de prospérité. L’aisance dans le discours, l’art de la rethorique qu’ils maîtrisent à la perfection, ne font pas d’eux des hommes ou des femmes capables de leadership. Or, c’est ce dont ce pays aurait bien besoin, une classe politique capable d’impulser une dynamique de changement.
Donc l’absence cruelle de projet de société pouvant correspondre aux attentes du moment et des perspectives d’avenir font douter de l’intention des croisés. Ils sont, et parce que le vent n’a pas tourné en leur faveur, dans la logique de récupération politique des revendications populaires. Leur incapacité à proposer un projet de société pour après IBK est inquiétante et ne peut que provoquer un enlisement sans précédent.