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Crise sociopolitique ; des pistes pour sortir de l’impasse
Publié le mercredi 24 juin 2020  |  Mali-Horizon
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Une démission du président de la République est trop lourde de conséquences pour que le M5-RFP renonce à cette exigence pour accepter un modus vivendi salvateur pour la République.
Il est important que les leaders du M5-RFP mesurent toutes les conséquences d’une éventuelle démission du président de la République : suspension de la coopération internationale, suite à un probable embargo, fermeture des frontières, fermeture des sociétés et entreprises, licenciements massifs des travailleurs des secteurs privés et parapublics, etc étaient le lot du Mali de mars à mai 2012 après le coup d’Etat des Amadou Aya Sanogo. Et il n’est pas exclu que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, la situation difficile que vit déjà le pays soit aggravée par ces contestations légitimes susceptibles de précipiter le pays dans le chaos. Surtout que ces manifestations civiles ne peuvent obliger le président de la République à démissionner que si l’armée ou une partie de cette institution s’y mêlait… Le M5-RFP peut beau mobiliser dans les rues, il n’obtiendra jamais gain de cause si des hommes en uniforme ne lui prêtent aucune allégeance. Ce qui n’est pas souhaitable ! Il est donc impératif que l’Imam Mahmoud Dicko et ses alliés sociopolitiques du moment se décident à aller à un dialogue constructif et salvateur pour le pays.

En outre, pour de nombreux acteurs politiques, la crise sociopolitique actuelle doit être réglée par des décisions courageuses affectant sérieusement la vie de la Nation. Celles-ci doivent s’inspirer des erreurs que le régime actuel a longtemps commises.

La plus grande erreur de la gouvernance IBK, souligne un leader politique demeuré loyal au chef de l’Etat, est de faire gérer la chose politique par des non-politiques. Et de citer le Premier ministre Boubou Cissé. « Il n’est pas politique et le président lui confie des dossiers hautement politiques. Il refuse les pistes politiques qu’on lui conseille, alors qu’il ne maîtrise pas la donne politique et ses exigences », relève ce haut cadre chef d’une modeste formation politique.

Et de citer, à titre d’exemple, qu’avant même le Dialogue national inclusif de décembre 2019, c’est eux les responsables politiques de la majorité présidentielle qui ont préparé et élaboré tous les documents de l’Accord politique de gouvernance d’avril 2019. Au final, pas même un seul président de parti de la majorité présidentielle (EPM) n’a été nommé au gouvernement. L’on s’est contenté de faire appel à Tiébilé Dramé du PARENA, Housseini Amion Guindo de la CODEM, Oumar Hamadoun Guindo du PSP, Amadou Thiam de l’ADP-Maliba (en ce moment)…

« Alors que nous avions dit au Premier ministre d’aller rapidement vers un référendum constitutionnel, d’introduire une dose de proportionnelle dans les élections législatives avec des listes nationales pour que des chefs de partis, comme ceux qui contestent le pouvoir aujourd’hui, puissent se faire élire député. Il a rejeté toutes nos propositions… », a-t-il déclaré. Avant de réitérer qu’il faut aujourd’hui faire démettre le reste de la Cour constitutionnelle, arriver à faire asseoir autour de la table l’imam Mahmoud Dicko, s’il le faut en le faisant contacter par un chef d’Etat voisin, comme le président Macky Sall… Il acceptera alors, assure-t-il, de surseoir à toute autre manifestation de rue. Cela conduira à recomposer avec un minimum de concertations, la Cour constitutionnelle, et procéder à la formation d’un gouvernement véritablement d’union nationale. Pourquoi pas avec un Premier ministre, une personnalité de consensus doté de plus de pouvoirs.

Il sera ensuite question d’aller au référendum constitutionnel, créer le Sénat, y faire loger certaines personnalités fortes, dont par exemple l’Imam Mahmoud Dicko et d’autres acteurs politico-religieux et même des notabilités coutumières. Ce qui sera suivi, explique-t-il, de la dissolution de l’Assemblée Nationale et l’organisation d’élections législatives à la proportionnelle avec des listes nationales. On aura ainsi des chefs de partis politiques comme Me Mountaga Tall, Dr Oumar Mariko, Dr Choguel Kokalla Maïga, Général Moussa Sinko Coulibaly, Cheick Oumar Sissoko et autres élus députés. Ce qui rehaussera aussi le niveau du débat parlementaire et l’image de notre Assemblée Nationale.

Et c’est celle législature, plus représentative et plus légitime, qui peut amorcer le chantier des réformes politico-institutionnelles d’envergure pour remettre le pays sur le chemin du relèvement total et du renouveau démocratique.

Bruno D SEGBEDJI
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