PolitiqueBourama Tidiani Traoré dit Banazolé Bourama, président du collectif des députés « spoliés » : « La CEDEAO n’a pas reçu toutes les informations concernant les cas litigieux ! »
La tenue des législatives de 2020, a été entachée d’irrégularités dans plusieurs circonscriptions, dont le district de Bamako. De ce fait, les victimes de la Cour Constitutionnelle ont mis en place le « Collectif des députés spoliés par la Cour Constitutionnelle ». Dans cette interview, Bourama Tidiani Traoré, président du collectif, réclame leur victoire et regrette que les émissaires de la CEDEAO n’aient pas reçu le collectif.
Pourquoi avez-vous mis en place ce collectif ?
Le collectif a été mis en place dès la proclamation des résultats définitifs par la Cour Constitutionnelle. Il a été présenté au public le 11 juin 2020.Son objectif demeure le rétablissement de la justice concernant le renversement des résultats par la cour constitutionnelle, et la non prise en compte des requêtes fondées sur des faits avérés.
Ce Collectif est constitué des candidats de plusieurs circonscriptions qui, après avoir gagné les élections, ont été spoliés. Ces candidats ont-ils introduit des actions en contentieux électoraux ? Si oui peut-on les connaître ?
D’abord, il est utile de préciser que les contentieux et irrégularités sont de trois ordres.Il y a des candidats et des listes victimes de l’administration.Certains candidats sont victimes de la Cour Constitutionnelle. Il y a des cas où des listes ont fait les frais de l’administration et de la Cour Constitutionnelle. Enfin, nous avons constaté le renversement des résultats de certaines listes sans aucun motif et aucune requête de la partie adverse.
Ces situations concernent, entre autres : les circonscriptions électorales de Sikasso, Bougouni, les communes 1, 5 et 6 du district de Bamako, Kati, Mopti, Douentza, Djenné, Nara, Yélimani, Tombouctou, Gourma-Rharous, Banamba, Bafoulabé, Macina, Diré, Tenenkou, Youwarou et Koro. Nous pourrions enregistrer d’autres circonscriptions dans les jours à venir.
Que pourriez-vous retenir de la proposition faite par la CEDEAO dans le contexte actuel ?
Le collectif salue l’engagement de la CEDEAO. Son action nous prouve encore une fois de plus que nous faisons partie d’une communauté solidaire dans la sous-région.
En revanche, il semble que la CEDEAO n’a pas reçu toutes les informations concernant les cas litigieux. De ce fait, sa proposition de reprise des élections uniquement pour les cas où la cour constitutionnelle a modifié les résultats ne s’applique qu’aux candidats qui ont été spoliés en amont par l’administration (des sous-préfets qui ont usé de faux et usage de faux pour inventer des voix au profit des perdants). Les émissaires de la CEDEAO n’ont pas rencontré notre collectif. Toutefois, il y a plus de 10 jours, nous avons adressé une lettre, avec copie de notre mémorandum à la représentation de la CEDEAO au Mali.
Nous pensons que la CEDEAOdevrait, comme l’a fait Chérif Ousmane Madani Haidara, président du haut conseil islamique du Mali, prendre en compte toutes les plaintes argumentées avec des preuves matérielles à l’appui. Nous estimons que la CEDEAO a juste fait une proposition à notre gouvernement. Il revient aux Maliens de l’analyser parmi d’autres.Pour ce qui nous concerne, nous voulons simplement être mis dans nos droits.
Parmi vous, y a-t-il également des victimes du 1er tour ?
Oui, nous avons dans nos rangs des candidats spoliés lors du 1er tour dans certaines circonscriptions électorales : Tombouctou, Yelimani, Gourma-Rharous.
Est-il vrai que le Gouvernement est en pourparlers avec vous pour allouer un fonds au collectif ?
À la faveur de nos démarches à l’endroit du Haut Conseil Islamique, des contacts ont été établis avec le président de la République. Cette initiative nous a conduits à une audience que le Premier ministre nous a accordée au mois de mai 2020. À cette occasion, nous avons eu l’opportunité de clarifier notre position à l’exécutif consistant à rétablir la justice électorale, nous restituant nos sièges au nom du peuple sans autre contrepartie. Depuis cette date, nous n’avons reçu aucune proposition de la part du Gouvernement. Néanmoins, nous avons été informés par le président du HCIM, que le Président de la République souhaite rencontrer et échanger avec le collectif.
Quoi qu’il en soit, nous n’avons reçu aucune proposition d’argent.Tout ce que nous voulons, c’est récupérer nos sièges de députés, comme le revendiquent les électeurs par respect et engagement pour eux, pour la république et pour la démocratie.
Un dernier mot ?
Nous continuerons le combat de la vérité jusqu’à la victoire finale. Au nom du collectif, je tiens àremercier Chérif Ousmane Madani Haidara. Le président du HCIM s’est investi avec détermination afin que justice soit faite dans cette affaire. Nous sommes également reconnaissants envers le M5-RFP et toutes les bonnes volontés qui apportent leurs soutiens pour le rétablissement de la vérité des urnes dans nos circonscriptions respectives.